Pologne/Biélorussie – La crise migratoire à laquelle nous assistons depuis plusieurs semaines aux frontières occidentales de la Biélorussie – le régime de Minsk ayant entrepris de rabattre des migrants (principalement irakiens et afghans) expressément importés vers les frontières lituanienne, lettone et polonaise en réponse aux sanctions européennes – pourrait bien entrer dans une seconde phase.
État d’urgence dans la zone frontalière
En effet, après avoir – comme la Lituanie voisine – pris la décision d’ériger une clôture de protection de la frontière sur le modèle hongrois, le gouvernement polonais vient de demander ce 31 août au président Andrzej Duda de proclamer l’état d’urgence dans la zone frontalière du nord au sud des 418 km de la frontière polono-biélorusse.
183 communes concernées dans les voïvodies de Podlachie et de Lublin
Le Premier ministre Mateusz Morawiecki s’en est expliqué sur son compte Facebook : « La situation à la frontière avec la Biélorussie est une crise. Le régime de Loukachenko a décidé de pousser des Irakiens vers la Pologne, la Lituanie et la Lettonie. Compte tenu de la situation tendue à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie,
le conseil des ministres a décidé de demander au président Andrzej Duda d’imposer l’état d’urgence pour une période de 30 jours dans une bande frontalière d’une partie de la voïvodie de Podlachie et de la voïvodie de Lublin.
Cette zone comprendra 115 communes de la voïvodie de Podlachie et 68 communes de la voïvodie de Lublin.
Les restrictions n’interféreront pas le moins du monde avec la vie professionnelle des résidents locaux, ni avec la possibilité d’exercer librement une activité agricole dans cette zone. La Lituanie et la Lettonie ont déjà introduit des restrictions similaires il y a quelque temps.
Cette décision est dictée par le souci de la sécurité de l’État, de nos citoyens et de notre responsabilité de sécuriser les frontières du pays et de toute l’Union européenne, qui nous soutient dans cette démarche.
Le régime biélorusse est dangereux, et tout franchissement incontrôlé de la frontière pourrait entraîner un incident aux conséquences imprévisibles. Nous devons arrêter ces actions hybrides agressives, qui sont menées selon un scénario écrit à Minsk et avec les protecteurs de M. Loukachenko ».
Le ministre de l’Intérieur, Mariusz Kaminski, a précisé les modalités d’application de cette mesure :
« Les manifestations et autres actions ne seront pas autorisées ».
La zone sera interdite aux non-résidents
Pour les personnes vivant ou travaillant dans la zone frontalière, rien ne devrait changer au quotidien. Cependant, les non-résidents ne seront plus autorisés à s’y rendre, ce qui permettra aussi d’empêcher la répétition de l’action de sabotage de la part d’activistes gauchistes qui a eu lieu le dimanche 29 août.
Selon la radio polonaise, le gouvernement de Mateusz Morawiecki justifie également cette démarche par les prochaines manœuvres militaires russo-biélorusses. De son côté, le président Duda a fait savoir qu’il examinerait cette demande avec le soin nécessaire et qu’il ferait part très prochainement de sa décision.