Allemagne/Hongrie – Les élections législatives allemandes auront lieu dans moins de trois semaines, le 26 septembre, et devraient entraîner – au vu des derniers sondages catastrophiques pour la CDU, désormais dirigée par un Armin Laschet de plus en plus considérée comme étant insignifiant – de sérieuses modifications du paysage politique. Dans le cadre de cette recomposition, il n’est pas exclu que le FDP, le parti libéral, dont la popularité est exceptionnellement forte (autour de 13%), soit à nouveau amené à jouer un rôle gouvernemental.
Les libéraux pourraient peser sur la politique étrangère du nouveau gouvernement allemand
Or, tandis que les libéraux obtiennent traditionnellement les ministères clés de l’Économie et des Affaires étrangères, l’une des députées en vue de ce parti, présidente de l’intergroupe parlementaire chargé des relations avec la Tchéquie, la Slovaquie et la Hongrie, Renata Alt – par ailleurs originaire de Slovaquie –, multiplie depuis plus d’un an les déclarations à l’encontre de la Hongrie, ce qui donne des indices sur la politique du prochain gouvernement allemand vis-à-vis de Budapest en particulier et du V4 en général.
Défendre les « valeurs fondamentales de l’Union européenne »
Renata Alt, citée par le magazine Spiegel, critiquait dès le mois de mars 2020 le fait que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (CDU), soit trop peu critique vis-à-vis de Viktor Orbán, « parce qu’elle a également été élue avec les voix du Fidesz » et que le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas (SPD), se contente de déclarations : « Que font exactement son ministère et la grande coalition [CDU-SPD, ndlr.] pour » défendre les « valeurs fondamentales de l’Union européenne »? Renata Alt avait alors affirmé que l’Union européenne devait
« condamner résolument les nouveaux décrets et projets de loi hongrois comme étant illégaux ».
« La procédure de l’article 7 doit être suivie de sanctions »
Le site d’information hongrois Index de ce 5 septembre cite un entretien de Renata Alt avec la Südwestpresse du 10 avril 2020 : « Au sein du groupe parlementaire, nous nous sommes concentrés jusqu’à présent sur la politique de Viktor Orbán, nous avons toujours critiqué les développements en Hongrie. Surtout lors des entretiens avec les représentants hongrois, l’ambassadeur hongrois accrédité à Berlin, le sujet était à l’ordre du jour […]
Le prochain gouvernement allemand doit adopter une approche beaucoup plus cohérente pour lancer le mécanisme de l’État de droit et veiller à ce que la procédure de l’article 7 soit suivie de sanctions. À l’avenir, il doit toujours être clair que les principes de l’UE ne peuvent faire l’objet de débat ».
L’UE doit exclure la Hongrie… et la Pologne
Ces craintes d’un durcissement supplémentaire des positions allemandes et européennes vis-à-vis de la Hongrie sont d’autant plus justifiées que d’autres voix vont dans le même sens sur la scène internationale. Ainsi, l’économiste turco-américain Daron Acemoğlu a déclaré ce 2 septembre : « À la suite de l’adoption par la Hongrie d’une législation interdisant les ‘contenus LGBTQ’ dans les écoles en juin dernier, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a conclu que ce pays ‘n’a plus sa place dans l’UE’. Il a raison.
L’Union européenne devrait entamer le processus d’expulsion de la Hongrie, puis envisager d’en faire de même avec la Pologne ».