Hongrie – Le dimanche 12 septembre, la chaîne de télévision ATV organisait un débat entre les cinq candidats participant à la primaire de l’opposition, dont le premier et le deuxième tours se tiendront fin septembre et début octobre. Pendant près de deux heures, les candidats ont multiplié les déclarations à l’encontre de la majorité gouvernementale Fidesz-KDNP et annoncé les grandes lignes de ce qu’ils présentent comme étant leur agenda politique.
Le site Telex, média qui se qualifie d’indépendant et n’est jamais tendre avec le gouvernement de Viktor Orbán, a publié un résumé des moments les plus importants de ce débat. Aucun commentaire ne sera ici ajouté à ces propos, tenus librement sur une chaîne critique du gouvernement. Pour les juger, nous laissons le soin aux lecteurs de tenir compte des principes invoqués contre le gouvernement hongrois depuis plus de dix ans : séparation des pouvoirs, indépendance de la justice, droit à un procès équitable, présomption d’innocence, État de droit, pluralisme politique, liberté de la presse et des médias, etc.
Péter Jakab (Jobbik)
« Au cours de la première semaine, il faudra abroger toutes les lois qui ont permis la construction d’un État-parti […], limoger les dirigeants de l’État-parti, sauf un, le procureur général Péter Polt, lui, il faudra le mettre en prison »
« Selon moi, Péter Polt n’est pas un procureur général, mais un criminel de droit commun, qui a aidé au pillage de cette nation. »
« Aujourd’hui, les voleurs légalisent le vol. Le vol n’est pas du vol à leurs yeux, mais de la concurrence équitable ou alors de l’obtention de marchés publics sur mesure. »
Péter Márki-Zay (MMM – Mouvement de la Hongrie de tous)
« Il est important d’améliorer notre engagement euro-atlantique, la Hongrie doit au plus vite rejoindre le Parquet européen, il faut livrer à la justice les terroristes et les criminels sous mandats d’arrêts internationaux accueillis grâce au Fidesz en Hongrie. »
« Je pense qu’il faut récupérer l’argent des voleurs, à l’issue de procédures judiciaires. »
Gergely Karácsony (Párbeszéd – Dialogue ; MSZP – Parti socialiste hongrois ; LMP – La politique peut être différente)
« Je donnerai l’ordre au fisc de fermer sans délai les comptes bancaires de tous ceux s’étant enrichis grâce à l’argent public au cours des dernières années, qu’il s’agisse des membres de la famille de Viktor Orbán, de ses amis ou de ses partenaires en affaires. »
« Le plus important pour ce régime n’est pas le droit. Nous le disons souvent : la Hongrie n’est pas un État de droit. Pour ce régime, le plus important, c’est l’argent public, son détournement permanent. Si on veut démanteler ce régime, solder sa clientèle, il faut fermer les vannes d’argent. »
András Fekete-Győr (Momentum)
« Nous ouvrirons les portes du Parlement aux journalistes indépendants et à la presse internationale, parce que nous en avons assez de la propagande mensongère et incitant à la haine qui est relayée partout en Hongrie. »
« J’ai mentionné le nom de Lőrinc Mészáros [proche de Viktor Orbán, homme le plus riche du pays, ndlr], je l’ai qualifié de criminel, il m’a fait un procès, et le tribunal m’a donné raison en disant que j’avais le droit de le qualifier de criminel. »
Klára Dobrev (Coalition démocratique)
« Il faut dire ouvertement que la Loi fondamentale actuelle est anti-constitutionnelle, car elle sert l’intérêt d’un seul parti, le Fidesz. Si on ne dit pas cela, alors on ne pourra pas gouverner. »
« Il est probable que ces lois votées à la majorité des deux tiers l’ont été légalement (campus de Fudan en Hongrie, ligne ferroviaire Budapest-Belgrade, réacteur nucléaire de Paks II), mais leur contenu procède d’une trahison de la nation. Donc ma voix ne tremblera pas à Pékin ou à Moscou quand il s’agira de résilier ces contrats. »