Pologne – Après l’Italie et l’Autriche, qui ont introduit l’obligation du passeport sanitaire pour pouvoir travailler, et la Hongrie, qui autorise les employeurs à exiger la vaccination de leurs salariés, voilà que le ministre polonais de la Santé, Adam Niedzielski, a annoncé ce lundi 1er novembre ce qui pourrait en être la variante polonaise.
M. Niedzielski a en effet annoncé un projet de loi donnant aux entreprises la possibilité de savoir si leurs employés sont vaccinés contre le Covid et qui sera soumis à la Diète lors de sa prochaine session :
« Nous avons […] une solution sous la forme d’un projet de loi visant à donner aux employeurs la possibilité de vérifier qu’un employé est vacciné. C’est une très bonne solution »,
a-t-il ainsi déclaré sur Polsat News.
Une approche faisant débat au sein de la coalition gouvernementale
Cette approche ne fait cependant pas l’unanimité au sein du camp gouvernemental. Ainsi, le député Anna Maria Siarkowska déclarait dans un entretien publié samedi 30 octobre par Do Rzeczy que
« Des solutions introduisant la ségrégation sanitaire, différenciant et discriminant les citoyens sur la base de leur statut vaccinal, ne peuvent pas être introduites dans le système juridique polonais conformément à la Constitution.
[…] Nous, les Polonais, savons bien par quoi se termine chaque ségrégation de personnes. Nous ne pouvons accepter de telles solutions. […]
L’introduction de solutions qui génèrent des conflits internes et incitent à l’agitation sociale, ce qui ne manquera pas de faire descendre les gens dans la rue, conduira à la déstabilisation de la situation interne en Pologne et aura un impact destructeur sur le soutien social et le sentiment de légitimité du pouvoir.
Pour être considéré comme légitime, le pouvoir doit non seulement être acquis mais aussi être exercé conformément […] à l’ordre juridique polonais. [Or,] l’introduction de la ségrégation sanitaire brise ces règles […]
Les droits et libertés civils ne sont pas des privilèges que les autorités peuvent distribuer à ceux qui remplissent leurs conditions. Les droits civils et les libertés appartiennent à tout le monde, indépendamment de leurs opinions ou de leur statut vaccinal ».
Pour le ministre de la Santé cependant, ce plaidoyer en faveur des libertés individuelles relève d’un « tel niveau d’irrationalité, d’arriération ou de superstition que l’on pourrait dire que cela ne convient pas à quelqu’un d’instruit ».
C’est à se demander si le but d’Adam Niedzielski n’est pas de faire tomber le gouvernement qui ne dispose que d’une courte majorité à la Diète.