Article paru dans le Magyar Nemzet le 4 janvier 2022.
La population hongroise ne ressent pas vraiment les conséquences de la crise des prix de l’énergie déclenchée au cours du second semestre de l’année dernière, car en Hongrie, le prix des factures n’a pas bougé depuis 2012 – bien que, de manière indirecte – à travers les prix de l’alimentation et des services – l’effet des augmentations survenues sur les marchés internationaux de l’énergie soit très clairement perceptible. À la fin de l’année dernière, le gouvernement a trouvé à sa disposition deux instruments supplémentaires : geler à 480 forints le prix du litre de carburant, et donner aux micro-entreprises la possibilité de rejoindre le système tarifaire général des services d’approvisionnement en gaz et en électricité.
Autour de ce calme relatif qui règne en Hongrie, cependant, un ouragan d’augmentations ravage la région. Ce sont les consommateurs polonais qui – à en croire les données rassemblées par G7 – paient le prix le plus salé, achetant un courant électrique dont le prix a augmenté de 24% en moyenne, tandis que celui du gaz a bondi de 54% en janvier. En Slovaquie, la situation est légèrement meilleure, dans la mesure où, les marchés de l’énergie n’y ayant pas été complètement libéralisés, les tarifs proposés à la population sont, là-bas aussi, règlementés. Malgré cela, au lieu des 16€ que coutait aux Slovaques un mégawattheure de gaz l’année dernière, cette année, ils vont payer 22€ – ce qui représente une augmentation de 24%. Quant à la facture d’électricité de fin janvier, pour un foyer slovaque moyen, elle sera de 15% plus chère que celle de décembre.
Depuis septembre déjà, les foyers tchèques paient en moyenne des prix majorés de 7% au fournisseur PRE (le troisième du pays, desservant 800 000 clients). Son exemple a été suivi par les entreprises d’importance plus modeste, puis par le premier fournisseur du pays, ČEZ, qui, à partir de janvier, a augmenté d’un tiers ses tarifs –
en dépit de ses promesses de l’automne dernier, quand il garantissait aux foyers que les tarifs alors pratiqués ne seraient pas modifiés.
Ce même fournisseur réclame à présent pour son gaz un prix majoré des deux tiers. Il y a quelques semaines, Karel Havlíček, ministre de l’Industrie et du Commerce, a annoncé des augmentations de tarif allant jusqu’à 50% pour l’électricité, et jusqu’à 70% pour le gaz.
En Autriche, où le marché de l’énergie a également été libéralisé, les particuliers s’attendent à une augmentation de 18% du prix de l’électricité, mais les consommateurs viennois ont obtenu de leur fournisseur la promesse de ne procéder cette année à aucune nouvelle augmentation.
En Hongrie, Magyar Nemzet a été le premier média rendant compte de la loi adoptée par le Parlement roumain en vue de geler pour cinq mois le montant des factures. En vertu de cette règle qui restera en vigueur jusqu’à la fin mai, la TVA applicable au prix de l’électricité et du gaz est réduite à 5%, tandis que les consommateurs vont bénéficier de compensations. Mais en parallèle, sur le marché de l’énergie libéralisé, le prix du chauffage urbain a doublé, tandis que divers fournisseurs secondaires du marché du gaz faisaient faillite, mettant ainsi en péril l’approvisionnement de ceux des clients qui ont opté pour le chauffage central privatif. Et, à moins que le gouvernement roumain ne prolonge ce gel des tarifs, à partir de mars, il faudra, chez notre voisin oriental, s’attendre à de nouvelles augmentations et à des suspensions d’approvisionnement pour cause d’impayés accumulés.
Or, sur les marchés internationaux, il semble que les pressions haussières soient destinées à se poursuivre un certain temps – sachant que la saison de chauffage ne prendra fin que dans deux ou trois mois. Comme nous l’avons récemment suggéré, cette année, c’est le pétrole qui risque de connaître une augmentation drastique : des 60$ qu’il coûtait en fin d’année dernière, le baril de Brent (qui fait autorité en Europe) est déjà passé à 80$, et pourrait atteindre la zone des 90-100$, dans le cas où le déficit d’offre devait se maintenir, voire s’aggraver. L’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a certes décidé, aujourd’hui même, d’augmenter en février la production de 400 000 barils/jour, en réaction à l’augmentation constante de la demande. Cette nouvelle n’a cependant pas infléchi le prix du Brent sur les marchés à terme.
Et il n’est pas très rassurant non plus de constater qu’aujourd’hui, en début d’après-midi, le prix du gaz en Europe a bondi de presque 20%
par rapport aux valeurs de clôture de lundi soir, tandis que cela fait déjà 15 jours que, dans le gazoduc Yamal–Europe, le gaz s’écoule en direction inverse, d’ouest en est, et que, dans la plus grande partie de l’Europe, les météorologues annoncent le retour d’un temps plus hivernal. Sur le TTF hollandais (la plus grande bourse au gaz d’Europe), au terme le plus proche (février), le prix du mégawattheure de gaz s’est stabilisé à 94,5€ en début d’après-midi, mais, plus tard dans la journée, ce prix est monté jusqu’aux alentours de 98€.
En soi, l’inversion de la direction du flux dans le gazoduc n’est pas un problème, dans la mesure où c’est la conséquence des commandes passées. Mais dans la situation actuelle, il n’est pas rassurant de savoir que, dans ce tuyau long de 2000km qui relie la Russie à l’Allemagne en passant par la Biélorussie et la Pologne, depuis le 21 décembre, le gaz voyage d’Allemagne en Pologne.
Orsolya Somogyi
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Traduit du hongrois par le Visegrád Post