Article paru dans le Magyar Nemzet le 7 février 2022.
Chercheur slovaque vivant et travaillant à Washington, il a par le passé sommé l’Union européenne, aussi bien que les Etats-Unis, d’infliger des sanctions à la Hongrie ; dans un entretien vidéo qui vient de faire surface, il reconnaît que les attaques de Bruxelles contre la Hongrie traduit une politique de « deux poids, deux mesures ». Au cours des dernières années, Dalibor Roháč a régulièrement critiqué le gouvernement hongrois dans la presse internationale, et noué des liens avec l’opposition hongroise.
Depuis de longues années, Dalibor Roháč, dans les médias internationaux mainstream, s’en prenait à la Hongrie et au gouvernement Orbán – le voici à présent, commentant, au gré d’un long entretien vidéo, la politique des « deux poids, deux mesures » appliquée par Bruxelles. Sur cet enregistrement que Magyar Nemzet a déjà présenté, ce chercheur d’origine slovaque – travaillant actuellement pour un institut américain – explique que quand le gouvernement d’un Etat-membre fait ce que Bruxelles lui dit de faire, il ne sera soumis à aucune enquête, même si la corruption fait rage dans ce pays, et même si on y vole les fonds européens. En revanche, lorsqu’un Etat-membre s’oppose à la volonté de Bruxelles, il peut s’attendre à être attaqué en permanence.
À travers les thèmes de la corruption et des contacts russes, ce chercheur met en lumière la discrimination et les attaques infondées dont la Hongrie est victime, tout en nous expliquant qu’à Bruxelles, on serait fort soulagé de voir Orbán perdre le pouvoir et la gauche hongroise revenir au gouvernement.
De bonnes relations avec la galaxie Soros
Après avoir grandi à Bratislava dans le quartier de Petržalka, Dalibor Roháč vit et travaille aujourd’hui à Washington ; il est l’un des cadres de l’American Enterprise Institute (AEI), chargé de l’étude des tendances politiques et économiques en Europe.
Roháč consacre son attention principalement à l’Europe centrale et orientale, à l’UE et à la zone euro, aux relations USA–UE, ainsi qu’à la transition post-communiste.
Cet analyste slovaque collabore aussi avec le Wilfried Martens Center for European Studies (basé à Bruxelles) et l’Université Anglo-Américaine de Prague. Avant d’entrer au service de l’AEI, Roháč avait travaillé pour le Cato Institute Center for Global Liberty and Prosperity, parmi les soutiens financiers duquel, en 2012, on remarquait entre autres la Fondation pour une Société Ouverte de George Soros. Par ailleurs, Roháč est aussi passé par le Centre Max Beloff de l’Université d’Oxford, le Legatum Institute et le Center for New Europe de Bruxelles, prodiguant aussi, à l’occasion, ses conseils au Comité Helsinki.
Roháč est l’auteur de plusieurs ouvrages publiés ; en 2019, son deuxième livre paraît sous le titre In Defense of Globalism (« Défense du mondialisme »). Il confie régulièrement des éditoriaux au Financial Times, à Foreign Affairs, au Los Angeles Times, au New York Times, au Wall Street Journal et au Washington Post. Son doctorat en économie lui a été octroyé par le King’s College de Londres. A l’occasion des législatives slovaques de 2020, il s’est porté candidat sous les couleurs de la coalition « progressiste » de gauche libérale PS/SPOLU, souvent surnommée « parti Soros », mais sans réussir son entrée au parlement.
Contre la Hongrie, il recommande des mesures de rigueur financières
Roháč n’a de cesse de condamner la Hongrie et le gouvernement hongrois dans les organes susmentionnés de la presse mainstream.
En 2012, il a signé dans le Weekly Standard un premier article à charge contre la Hongrie, sous le titre « La route de la Hongrie vers la servitude ».
Il y sommait la Hongrie de s’entendre avec le FMI et y critiquait vertement la réforme électorale, ainsi que la loi sur les médias. Dans un article d’août 2017 publié par le Financial Times, il s’en prenait à la Hongrie et à la Pologne, proposant que l’UE, au lieu d’un contrôle a posteriori, se charge elle-même de l’affectation des fonds. A titre de modèle, il citait le projet dit plan Juncker, qui prévoyait que la Banque européenne d’investissement négocie directement avec les entreprises privées et les organismes administratifs répondant à ses appels d’offres, et qu’elle puisse faire valoir à leur encontre les prétentions généralement liées aux crédits bancaires.
Il appelle de ses vœux une ingérence américaine dans les affaires hongroises
C’est en 2017 que son nom est devenu assez connu en Hongrie, lorsqu’il a cosigné avec Máté Hajba – l’un des collègues de Zoltán Kész – un article sur le blog du Washington Post, dans lequel ils esquissaient un scénario en cinq points en vue d’une ingérence américaine dans les affaires hongroises. Parmi les cinq points, on trouvait la suspension des manœuvres militaires américano-hongroises, le refus d’accorder des visas aux membres du gouvernement hongrois, ou encore l’exclusion du Fidesz hors du Parti populaire et le gel par l’Union des transferts de fonds destinés à la Hongrie.
En 2019, le Comité Helsinki l’invite à participer à une table ronde qu’il organise, intitulée « Evolutions Hongroises ».
Y prenant la parole, Roháč accuse la Hongrie de corruption et de servilité à l’égard des intérêts russes, en profitant pour ajouter que le gouvernement américain ne devrait pas hésiter à sévir contre la Hongrie, y compris en adoptant des sanctions individuelles ciblées.
En mai 2019, dans la lettre qu’ils adressent au président Donald Trump, les membres d’un groupe de sénateurs républicains, s’appuyant sur les remarques de Roháč, évoquent le recul des libertés publiques, de l’état de droit et de la qualité de l’acte de gouvernement en Hongrie pour demander au président de porter ces sujets à l’ordre du jour de sa rencontre avec Viktor Orbán.
A l’époque de la première vague de l’épidémie de coronavirus, Roháč a été l’un des experts internationaux qui ont diffusé internationalement la fausse nouvelle caractérisée selon laquelle, en prolongeant l’état d’urgence, le gouvernement hongrois aurait suspendu la démocratie parlementaire en Hongrie. Dans une note publiée le 8 juin 2020 sur le site de l’American Enterprise Institute, en marge du discours prononcé à Sátoraljaújhely par Viktor Orbán à l’occasion du centenaire du traité de Trianon, il a vivement critiqué le gouvernement hongrois pour sa politique de soutien aux minorités hongroises des pays voisins, et notamment pour sa politique d’octroi de la citoyenneté hongroise à ceux des Hongrois que les vicissitudes de l’histoire ont laissés à l’extérieur des frontières de la Hongrie. Dans une autre note datée de décembre 2020, en marge des négociations portant sur le plan de relance de l’Union, il a appelé « kleptocrates postcommunistes » les gouvernements hongrois et polonais, critiquant le reste des Etats-membres pour avoir cédé devant les exigences de la Hongrie et de la Pologne.
Dans un article publié en février 2021 par Foreign Policy, Roháč s’en prend aux membres du PPE et à l’Allemagne, leur reprochant de légitimer le gouvernement hongrois en coopérant avec le Fidesz, et critique Daimler pour sa décision de procéder à un investissement de l’ordre de la centaine de millions d’euros dans son usine de Hongrie.
En novembre 2021, il procède devant le Comité Helsinki à un exposé portant sur la situation de la démocratie et de l’état de droit en Hongrie et en Pologne, dans lequel il décrit comme autoritaires les gouvernements de ces deux pays, et explique par le menu comment les Etats-Unis pourraient, dans ces deux pays, « promouvoir la démocratie ».
Dans ce projet, il mentionne le soutien à accorder aux journalistes, la supervision du processus électoral, ou encore le combat contre la kleptocratie, mais écrit aussi qu’il faudrait, à ces fins, regrouper sous une même bannière des acteurs différant les uns des autres, à la fois culturellement et idéologiquement. Dans cette perspective, il a expliqué qu’il voyait une opportunité à saisir dans les élections législatives prévues en Hongrie pour 2022 et en Pologne pour 2023. L’année dernière, il a d’ailleurs partagé sur Twitter une publication de Zoltán Kész, homme politique du mouvement de Péter Márki-Zay, renvoyant à un podcast dans lequel il dialoguait avec ledit Zoltán Kész.
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Traduit du hongrois par le Visegrád Post