Groupe de Visegrád – Les craintes d’une escalade militaire dans le conflit opposant depuis plusieurs années la Russie et l’Ukraine se sont confirmées à l’aube de ce jeudi 24 février, quand l’armée russe s’est lancé à l’assaut de l’Ukraine. Face à cette situation – inédite en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale – les dirigeants des pays du groupe de Visegrád ont unanimement condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Morawiecki : « Ne pas permettre à Poutine de franchir un autre rubicon »
Du côté de Varsovie, tout d’abord – la Pologne étant traditionnellement le fer de lance de la solidarité européenne envers l’Ukraine –, le Premier ministre Mateusz Morawiecki a déclaré :
« Poutine a envahi un pays indépendant et nous devons l’arrêter
[…] Nous devons être très unis lorsqu’il s’agit d’introduire des sanctions graves. […]
Nous ne pouvons pas permettre à Poutine de franchir un autre rubicon. Nous devons agir très vite, sinon nous tomberons.
[…] Nous, en tant qu’Europe, achetons beaucoup de gaz et de pétrole à la Russie. Vladimir Poutine […] utilise cet argent pour financer l’agression et l’invasion ». Le président polonais Andrzej Duda s’est par ailleurs entretenu avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, tandis que l’armée russe commençait à bombarder Kiev.
Lipavský : « Une aggression barbare »
À Prague, le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, a également condamné sans détour « l’agression russe » : « Je condamne fermement l’invasion russe en Ukraine.
La décision du Kremlin de lancer une attaque totalement non provoquée est inacceptable et en contradiction avec le droit international. Avec les Alliés, nous répondrons à cet acte d’agression barbare »
que le Premier ministre Petr Fiala a, pour sa part, qualifié d’ « acte d’agression injustifié ».
Zeman : « Les fous doivent être isolés »
Le président tchèque Miloš Zeman – traditionnellement moins dur sur la Russie – s’est également associé à cette condamnation :
« Il y a quelques jours, j’ai dit que les Russes n’étaient pas fous et qu’ils n’attaqueraient pas l’Ukraine. J’admets que j’avais tort.
[…] Je crois que la situation va se calmer, non par un lâche compromis, mais par une forte réaction contre l’agresseur. […] Les fous doivent être isolés. […] Il est temps de parvenir à des sanctions beaucoup plus sévères que celles initialement prévues, j’entends par là avant tout une sanction dans le domaine du SWIFT » [le système international de paiements interbancaires, ndlr.].
Heger : « La priorité absolue est de rétablir la paix »
Même son de cloche à Bratislava, où le Premier ministre slovaque Eduard Heger a exprimé son indignation :
« Nous nous sentons tous indignés et désespérés par cette invasion. Nous exprimons notre ferme soutien au peuple ukrainien.
[…] Je tiens à réitérer que notre priorité absolue est de rétablir la paix. Mais la diplomatie a échoué à cause des dirigeants russes. […]
Aujourd’hui, l’impérialisme russe a montré son vrai visage. C’est un visage qui n’appartient pas à un monde civilisé et pacifique ».
Orbán : « Nous condamnons cette action militaire de la Russie »
De même à Budapest, où le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui entretient aussi habituellement de bonnes relations avec le Kremlin, a vigoureusement condamné l’attaque russe contre l’Ukraine : « La Russie a attaqué l’Ukraine par la force militaire ce matin, ce qui a entraîné une réunion du Cabinet de sécurité nationale. Avec nos alliés de l’Union européenne et de l’OTAN, nous condamnons cette opération militaire de la Russie ».
Dans la nuit du 24 au 25 février se tenait une réunion extraordinaire du Conseil européen, à l’occasion de laquelle les participants ont unanimement condamné « l’agression militaire et injustifiée de la Russie » et décidé de sanctions destinées à frapper Moscou.
Ce matin, Viktor Orbán a néanmoins précisé, dans un résumé de sa rencontre avec les autres dirigeants du V4, en marge de la réunion extraordinaire du Conseil européen, publiée sur sa page Facebook, qu’il ne permettrait pas que la Hongrie se fasse embarquer dans cette guerre, et que les sanctions n’affecteraient pas le secteur énergétique. Un message publié avant une rencontre, dans l’après-midi, à Bruxelles, avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.