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Enjeux de la chute du communisme en Europe : réflexion visionnaire de Dominique Venner au début des années 1990

Temps de lecture : 3 minutes

La Nouvelle Librairie a commencé la publication des Carnets Rebelles de Dominique Venner. Dans le premier volume paru fin 2021, un florilège d’observations et d’anecdotes autobiographiques dévoilent les passions et la lucidité de cet historien original. La rédaction propose à ses lecteurs un extrait, daté sans doute du début des années 1990, dans lequel Dominique Venner souligne le véritable enjeu de la chute du communisme à l’Est. « Le mouvement qui nait et qui n’a pas encore de nom répudie aussi bien le libéralisme que le socialisme. Il est un retour aux sources des peuples. » Une réflexion qui éclaire trente ans après certaines tendances du Fidesz en Hongrie et du PiS en Pologne.

L’ultime volonté de Dominique Venner avait été la fondation de l’Institut Iliade. Précisément, les intervenants au colloque annuel plancheront samedi 2 avril sur le thème : « Restaurer le politique – identité, souveraineté, sacré ». Nos lecteurs pourront y écouter Ferenc Almássy, mais aussi David Engels et retrouver les publications des différents contributeurs au Visegrád Post.

« Le grand mouvement qui explose en Europe de l’Est (empire soviétique compris) dans les années 1990 (début visible en 1989) n’est pas, comme feignent de la croire les socialistes occidentaux, une aspiration à une sorte de social-démocratie comme substitut au communisme. C’est un mouvement de fond, une révolution national-conservatrice en quelque sorte, qui n’est pas analogie avec ce qui se passe dans le tiers-monde (ou l’ex-tiers-monde). Le « gorbatchévisme », loin d’ouvrir la marche, tente de de contrôler et d’infléchir ce mouvement pour maintenir le pouvoir de l’oligarchie communiste sous une apparence libéralisée (donc social-démocrate). Mais le soulèvement populaire qui se développe signifie autre chose, qui n’est pas non plus une « victoire du libéralisme » comme d’autres le souhaitent. C’est un mouvement qui associe le refus du mensonge socialiste, la revendication fondamentale de l’identité nationale, le réveil des cultures, le sentiment religieux : un sentiment religieux qui n’est pas repli sur la sphère individuelle comme à l’Ouest, mais l’expression d’une identité communautaire, ethnique, nationale : tout ce contre quoi s’étaient dressées les Lumières et les idéologies sœurs qui en étaient les héritières : le rationalisme bourgeois français ou anglo-saxon et le socialisme marxiste. Les aspirations puissantes à la liberté ne sont pas des aspirations « libérales », lesquelles sont fondamentalement individualistes, économistes et négatrices d’identité.

Le mouvement qui nait et qui n’a pas encore de nom répudie aussi bien le libéralisme que le socialisme. Il est un retour aux sources des peuples.

Le gorbatchévisme trouve des alliés dans l’intelligentsia occidentale. Il est caractéristique (caricatural même) que les dirigeants français et occidentaux aient publiquement souhaité une intervention soviétique armée en Roumanie lors de l’effondrement de Ceausescu (programmé par le KGB) dans les derniers jours de 1989, puis aient approuvé cette intervention, au début de 1990, en Azerbaïdjan. L’intelligentsia occidentales bricole les concepts d’une nouvelle social-démocratie, appellation que revendiquent désormais à l’Est, en Pologne, en Hongrie ou en RDA tous les partis communistes qui feignent de se saborder pour mieux se maintenir. Mais les peuples de l’Europe de l’Est ne sont pas dupes, eux.

Les seules voix qui viennent de l’Occident, celles de l’intelligentsia ne font donc que conforter cette tyrannie du mensonge qui asservit les peuples depuis 1945. Ce n’est pas de l’Ouest que viendra l’aide au grand soulèvement libertaire et national, mais de ce soulèvement lui-même et c’est lui qui aidera peut-être l’Ouest à se libérer de ses propres mensonges et de ses propres servitudes.

Les seules voix qui devraient être « autorisées » aujourd’hui à l’Ouest ne sont pas celles qui dans le passé attendaient (et œuvraient) au succès du communisme (à visage humain ou inhumain, ce sont là des artifices) mais celles qui ont toujours combattu avec acharnement le communisme.

La seule institution qui apparaisse vraiment moribonde en ce début des années 1990, ce n’est pas le KGB, mais la CEE, chef-d’œuvre de la technocratie social-démocrate et capitaliste. »

Dominique Venner, Carnets rebelles, 2021 (posthume), Editions de La Nouvelle Librairie