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Morawiecki : « La politique allemande n’a pas changé l’attitude de la Russie, elle a gonflé son portefeuille »

Temps de lecture : 3 minutes

Pologne/Ukraine – Juste avant son départ pour Davos et tandis que le président Andrzej Duda se rendait à Kiev où il devait tenir un discours devant la Rada, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a accordé un entretien au quotidien italien La Reppublica, publié ce dimanche 22 mai, dans lequel il a largement évoqué la guerre russo-ukrainienne.

« Poutine ne s’arrêtera pas »

Tout d’abord interrogé au sujet du plan de paix en quatre points présenté la semaine dernière à l’ONU par le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, le chef du gouvernement polonais a été d’emblée très clair : « La paix est notre objectif commun, mais elle ne peut pas être la paix à tout prix. [… L’Ukraine] verse [son] sang pour notre liberté et notre sécurité. Nous [lui] devons […] notre loyauté. […] Certains politiciens occidentaux pensent encore que la Russie finira par s’arrêter, que Poutine s’adoucira. […]

Ne vous faites pas d’illusions. Poutine ne s’arrêtera pas, tout comme Hitler ne s’est pas arrêté en Autriche, en Tchécoslovaquie et en Pologne ».

Et M. Morawiecki de poursuivre : « Poutine, en fait, attaque la Pologne et toute l’Europe depuis de nombreux mois. Chantage au gaz, cyberattaques, provocations à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie – toutes ces actions sont inspirées ou menées par Moscou. […] Pourtant, même aujourd’hui, certaines élites européennes essaient de prétendre que rien ne se passe. […]

Sans la position héroïque de l’Ukraine, le Kremlin envisagerait maintenant d’envahir Varsovie, Tallinn, Vilnius et Helsinki ».

« Notre expérience nous a appris à mieux comprendre les intentions russes »

Le Premier ministre polonais a aussi abordé la non-unanimité européenne quant à un embargo énergétique contre la Russie : « Notre expérience avec la Russie nous a appris à mieux comprendre les intentions et les méthodes russes. Je crois que c’est la raison pour laquelle nos plans de diversification énergétique, qui ont été lancés il y a plusieurs années, se sont avérés tournés vers l’avenir. Il est dommage que si peu de pays européens aient suivi l’exemple de la Pologne. […]

Après 2014, l’Europe n’a pas été à la hauteur de l’occasion en introduisant des sanctions trop faibles. Au cours des sept dernières années, la Russie a renforcé son influence en Europe,

tandis que nous avons construit notre indépendance énergétique. Nous nous passons déjà du gaz russe, mais tous les pays ne sont pas prêts. Et il ne s’agit pas seulement de la Hongrie. Il y a quelque temps, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, a admis que les Autrichiens dépendaient du gaz russe, bien qu’ils aimeraient se retrouver dans une situation différente. [Or,]

la politique allemande de ‘Wandel durch Handel’, de ‘transformation par le commerce’ s’est avérée être un échec. Non seulement elle n’a pas changé l’attitude de la Russie, mais elle a gonflé son portefeuille ».

« L’Ukraine est le véritable cœur de l’Europe »

Pour ce qui est de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, M. Morawiecki pense que « nous avons besoin de décisions historiques plutôt que d’une méticulosité bureaucratique » : « L’Union devrait être ouverte aux pays qui veulent créer une communauté forte unie par des valeurs communes. Aujourd’hui, l’Ukraine est le véritable cœur de l’Europe et défend courageusement les valeurs qui nous sont les plus précieuses. […] 

La froideur avec laquelle certains dirigeants se réfèrent à l’Ukraine […] me semble déplacée. […] La réticence du chancelier Scholz serait louable s’il n’y avait pas le fait que des civils en Ukraine sont massacrés de manière bestiale.

[…] L’Ukraine fait partie de l’Europe, elle nous sépare de la Russie et nous devons la soutenir dans cette lutte héroïque. Sinon, un matin, nous verrons des chars russes devant les fenêtres de Varsovie, puis peut-être de Berlin. […]

Sous nos yeux, l’Histoire se déroule. La guerre en Ukraine est un tournant dans l’Europe moderne, et peut-être même dans le monde entier. C’est un nouveau chapitre dans l’histoire de la lutte pour la liberté.

La Pologne sait ce que signifient l’invasion par un grand voisin et des années d’esclavage. Tout cela signifie que les citoyens et l’État polonais aident fortement l’Ukraine à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale ».