Pologne – Après la suppression de la chambre disciplinaire de la Cour suprême que le président polonais Andrzej Duda a ratifiée ce lundi 13 juin suite au vote du parlement, le bras de fer continue de plus belle entre Varsovie et Bruxelles au sujet du déblocage des fonds du plan de relance NextGenerationEU.
« La Commission européenne exerce un chantage sur la Pologne »
En effet, comme sa présidente, Ursula von der Leyen, l’a énoncé, la Commission européenne a de nombreuses autres exigences vis-à-vis de la Pologne, des « jalons » que Varsovie doit satisfaire pour avoir – peut-être – droit audit Fonds de relance promis. D’ores et déjà le parti Solidarna Polska (membre de la coalition de la Droite unie avec le PiS) et son président, le ministre polonais de la Justice, Zbigniew Ziobro, ont fait savoir qu’ils n’étaient pas d’accord avec certaines de ces exigences bruxelloises.
La direction de Solidarna Polska a ainsi adopté une résolution en ce sens, ce samedi 12 juin :
« La Commission européenne outrepasse les pouvoirs que lui confère le traité en tentant d’imposer à la Pologne des solutions juridiques et économiques défavorables
contenues dans les ‘jalons’. Le contenu final des demandes de l’Union européenne qui y figurent n’a pas fait l’objet de consultations gouvernementales ou politiques avec Solidarna Polska. La construction même de ces ‘jalons’, ainsi que leur sujet, suscitent de sérieux doutes politiques. Un exemple de dispositions controversées est l’imposition de taxes d’émission sur les voitures.
« La Commission viole les principes de l’État de droit »
La solution qui y est proposée conduira à l’élimination des voitures à moteur diesel et à essence des espaces publics. L’Union européenne veut ainsi obliger les Polonais à acheter des voitures électriques coûteuses.
Solidarna Polska ne soutiendra pas l’introduction d’exigences européennes visant les intérêts économiques des familles polonaises. […] La Commission européenne exerce un chantage sur la Pologne en lui imposant des conditions strictes pour le paiement des sommes dues au titre du plan de relance nationale. Ce faisant, elle viole les principes de l’État de droit et s’immisce illégalement dans les affaires intérieures d’un État souverain.
Le chantage – comme l’a signalé Solidarna Polska – ne se limite plus aux questions relatives au système judiciaire ou à l’idéologie LGBT, mais augmente le coût de la vie quotidienne des familles polonaises et les activités des entreprises polonaises ».
Solidarna Polska avait vu venir la menace bruxelloise
Et de rappeler que Solidarna Polska avait – dès le début – en vain sonné l’alerte contre les nouveaux pouvoirs dont les instances européennes entendaient se doter pour restreindre la souveraineté des États membres, tandis que l’opposition polonaise les appelaient de ses vœux et que le Premier ministre Mateusz Morawiecki avait renoncé à y opposer le veto de la Pologne :
« Dès juillet, puis en décembre 2020, Solidarna Polska a souligné la menace pour notre souveraineté que représentent les tentatives d’imposer à la Pologne de nouveaux mécanismes européens qui permettraient de bloquer les fonds destinés à la Pologne.
Ces solutions, contraires aux intérêts de notre pays, ont été soutenues et farouchement poussées par l’opposition nationale dirigée par Donald Tusk.
Malheureusement, contrairement aux arguments et aux avertissements de Solidarna Polska, le Premier ministre n’a pas opposé son veto aux exigences de l’Union européenne.
[…] Depuis 2020, Solidarna Polska a toujours mis en garde contre l’abandon d’une partie de la souveraineté de la Pologne en échange d’un prêt de l’UE appelé plan de relance national. C’est pourquoi nous avons voté contre ce prêt au Sejm. Bien que la Pologne doive rembourser l’intégralité du prêt, la Commission européenne ne l’a toujours pas fait et nous fait du chantage avec de nouvelles conditions préjudiciables à notre pays. »
La Commission veut soumettre les États-nations à ses diktats
« Sans une forte opposition de la Pologne, l’Union européenne deviendra une organisation dans laquelle les représentants démocratiquement élus des États-nations seront à jamais soumis aux diktats des bureaucrates de Bruxelles. Nous ne sommes pas d’accord avec cela !
C’est pourquoi les députés de Solidarna Polska, lorsqu’ils prendront des décisions au Parlement polonais, seront guidés uniquement par les intérêts de la Pologne et du peuple polonais, et non par les exigences de Bruxelles ».