Hongrie – Alors qu’en octobre dernier – comme nous en faisions alors état –, les autorités hongroises avaient finalement rejoint l’initiative mondialiste en faveur d’un taux minimum d’imposition pour les sociétés de 15 % prôné par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elles ne sont désormais plus très enthousiastes à ce sujet.
« Nous ne sommes pas du tout enthousiastes à cette idée dans les circonstances actuelles »
En effet, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a déclaré ce mercredi 15 juin sur son compte Facebook au sujet d’une conversation téléphonique qu’il venait d’avoir avec son homologue américain Antony Blinken : « Nous ne parlions pas du match, bien sûr, mais j’ai répondu à la question ‘Comment allez-vous ?’ par ‘Nous venons de battre l’Angleterre 4-0’. Son appel portait davantage sur l’impôt minimum mondial. Je lui ai dit que nous n’étions pas du tout enthousiastes à l’idée, surtout pas sous sa forme actuelle, et certainement pas dans les circonstances actuelles.
L’économie européenne est confrontée à des défis très sérieux à cause de la guerre, et dans cette situation, des charges fiscales supplémentaires sur les entreprises productives pourraient être désastreuses.
Qui sait quand cette mesure sera introduite dans le reste du monde ?
D’autant plus qu’ils seront introduits en Europe au début de l’année prochaine, tandis que dans le reste du monde, qui sait quand, si jamais…
Cette décision serait donc un nouveau coup porté à la compétitivité européenne, qu’il vaudrait mieux éviter.
En tout cas, nous allons quand même parler cette semaine… »
En octobre dernier, la Hongrie avait rejoint l’accord mondial sur l’impôt minimum – regroupant près de 140 pays – après avoir négocié une période de transition de dix années. Or, entre-temps – ce que peu de monde avait prévu à l’automne dernier – la guerre en Ukraine et la réaction des Occidentaux sont venues chambouler pas mal de choses dans l’économie mondiale. D’autant plus qu’il n’est pas sûr que les États-Unis mettent eux-mêmes cet accord en application, ce qui constituerait donc un handicap pour l’Europe par rapport à l’Amérique.
Le veto hongrois bloque la décision au niveau européen
Ce revirement hongrois sur cette question a été confirmé, ce vendredi 17 juin, par le ministre chargé du cabinet du Premier ministre hongrois, Gergely Gulyás, qui a déclaré à la presse que la Hongrie s’opposera à l’approbation par l’Union européenne de l’impôt minimum mondial sur les sociétés lors de la prochaine réunion des ministres des Finances de l’UE à Bruxelles :
« Le gouvernement ne soutient pas l’introduction de la taxe minimale mondiale et comme cela nécessite l’unanimité, une telle décision ne peut pas être prise ».
La position de Budapest est un nouveau coup dur pour les instances européennes qui venaient à peine de convaincre la Pologne de renoncer à bloquer cette décision européenne en représailles contre le non versement des fonds du plan de relance. On notera que les versements à la Hongrie sont également bloqués par Bruxelles.