Pologne – Lorsque la Russie a lancé son invasion de l’Ukraine le 24 février, il est devenu évident que l’Europe allait connaître une crise des réfugiés d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. La Pologne, plus grand pays voisin de l’Ukraine et abritant déjà plus d’un million d’Ukrainiens s’y étant installés dans les années qui ont suivi la première agression de la Russie contre l’Ukraine en 2014, allait de toute évidence devoir supporter l’essentiel de la vague de réfugiés.
Et c’est un rôle qu’elle a magnifiquement joué, puisqu’une armée de bénévoles polonais a réussi, avec l’aide de chefs d’entreprise, de communautés religieuses et de représentants de l’État et des collectivités locales, à loger, nourrir et habiller les millions de femmes et d’enfants ukrainiens qui ont franchi la frontière et se sont réfugiés sur le territoire polonais.
Devant l’ampleur de l’aide, l’ambassadeur des États-Unis en Pologne, Mark Brzezinski, a déclaré que la Pologne était une « superpuissance humanitaire » en raison du soutien massif apporté par sa population aux réfugiés d’Ukraine et a suggéré que les bénévoles reçoivent collectivement le prix Nobel de la paix.
Une demi-année s’est écoulée depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle et les défis auxquels sont confrontés les réfugiés ukrainiens et les Polonais qui les aident ont commencé à changer.
Au départ, il s’agissait de fournir aux réfugiés une assistance élémentaire, comme leur trouver un toit, de la nourriture, des articles d’hygiène et des vêtements propres. Désormais, le processus d’intégration des Ukrainiens dans la société polonaise et la fourniture de l’aide nécessaire pour faire face à ce qui s’est passé revêtent une importance croissante.
La plus grande compagnie d’assurance polonaise, PZU, s’est jointe à cet effort en lançant un projet visant à intégrer les enfants polonais et ukrainiens dans des camps d’été communs. Il s’agit d’un effort qui, au fil du temps, devra être répété à plus grande échelle par les institutions publiques, les ONG et les initiatives privées.
Aider les jeunes vulnérables
Au 2 juillet 2022, plus de 1,2 million de réfugiés ukrainiens avaient reçu un numéro d’identité national (PESEL), leur donnant accès à la protection sociale et au marché du travail polonais.
Selon les chiffres officiels du PESEL, 46,5 % des réfugiés sont des enfants, ce qui signifie qu’une grande partie des efforts polonais pour aider les Ukrainiens en leur donnant une chance de s’intégrer dans la société polonaise devra être dirigée vers de très jeunes individus.
Il est difficile pour les personnes de tout âge de faire face aux horreurs de la guerre, mais les enfants sont particulièrement vulnérables, car ils ne sont souvent pas en mesure d’assimiler ce qu’ils ont vécu.
Les enfants ukrainiens arrivés en Pologne risquent de s’isoler socialement si on ne les aide pas à trouver de nouveaux amis, à nouer de nouveaux contacts et à apprendre à communiquer avec des jeunes Polonais de leur âge. L’isolement social ne ferait qu’ajouter à leur stress psychologique déjà écrasant, risquant de créer un traumatisme psychologique durable chez beaucoup de ces jeunes réfugiés.
Des bénévoles, des entreprises polonaises, le gouvernement national et les autorités locales sont tous impliqués dans l’exploration de moyens qui aideront les enfants ukrainiens à s’intégrer dans la société polonaise.
Construire un avenir commun
Afin d’aider les enfants ukrainiens à nouer leurs premiers liens interpersonnels avec d’autres jeunes Polonais, la PZU a organisé un total de 10 camps d’été visant à intégrer les enfants polonais et les jeunes Ukrainiens.
Au total, plus de 300 enfants polonais et ukrainiens ont passé une semaine de leur été dans la région des lacs de Mazurie, au nord-est de la Pologne.
Les camps d’été proposent des activités de plein air telles que la planche à voile, la voile, le kayak et le tir à l’arc, mais l’accent est également mis sur comment mener un mode de vie sain.
C’est pourquoi Wojciech Modest Amaro, le chef cuisinier le plus célèbre de Pologne et restaurateur étoilé au Michelin, a rendu visite aux enfants dans le magnifique village de Wilimy le 11 août pour leur apprendre à préparer des plats polonais et ukrainiens, à la fois classiques et sains.
Les enfants ont appris à maîtriser les techniques nécessaires pour pouvoir préparer rapidement une soupe froide ukrainienne au bortsch, des boulettes de betteraves au chou, de la dinde croustillante et des gaufres au fromage.
« C’était un plaisir de combiner les saveurs de la cuisine polonaise et ukrainienne avec nos jeunes cuisiniers qui étaient si désireux d’apprendre. Nous avons montré aux enfants qu’il n’y a pas beaucoup de distance entre nous, » a commenté le chef.
Le vice-premier ministre polonais et ministre des biens de l’État, Jacek Sasin, a déclaré qu’il était fier que des entreprises dans lesquelles le Trésor public détient des parts aident de jeunes Ukrainiens dans le besoin.
Il a ajouté que « grâce aux camps d’été de PZU, les enfants d’Ukraine et de Pologne peuvent passer des vacances d’été ensemble et s’intégrer. Cela permet aux enfants ukrainiens de se changer les idées, ne serait-ce que pour un instant, quant à l’enfer de la guerre qui se déroule de l’autre côté de notre frontière orientale. »
Le député allemand Dennis Radtke, représentant la CDU et le PPE, s’est dit impressionné par la façon dont les pays d’Europe centrale et orientale ont accueilli à bras ouverts les réfugiés ukrainiens, déclarant notamment que « la Pologne, et plus généralement les pays d’Europe centrale et orientale, ont été les principaux pays du point de vue de l’aide humanitaire à destination des réfugiés ukrainiens. »
Il a ajouté que les camps d’été « Dobre Kolonie » sont un exemple de l’hospitalité de la Pologne et a déclaré que l’UE doit également faire plus pour aider.
« Il faut mettre davantage de fonds à la disposition de cette cause. La passion que nous voyons chez les personnes qui aident les enfants ukrainiens devrait être considérée comme un exemple pour tous dans l’UE, » a déclaré le député allemand.
Que l’UE affecte ou non des fonds supplémentaires aux réfugiés ukrainiens, les écoles polonaises devront se préparer à accueillir des centaines de milliers de nouveaux élèves ukrainiens dès cette rentrée. Pour de nombreux enfants ukrainiens, ce 1er septembre aura été leur premier jour dans une école polonaise. Espérons qu’il sera un peu plus facile pour eux de se faire de nouveaux amis après avoir déjà passé du temps avec des enfants polonais pendant l’été.