Hongrie – Comme le site Mandiner en fait état, environ 730 enseignants de 78 écoles viennent de lancer un mouvement de grève illimitée, ce vendredi 2 décembre en Hongrie. Par ailleurs, des manifestations d’enseignants et d’étudiants ont encore eu lieu ces derniers jours, dans la continuité d’un mouvement de protestation débuté à la rentrée de septembre exigeant une revalorisation des salaires des enseignants.
Un droit de grève malmené
Ce mouvement entend notamment protester contre le licenciement de huit professeurs, ce 1er décembre, à Budapest (six au lycée Karinthy Frigyes, un au lycée Eötvös József et un au lycée Vörösmarty Mihály) pour avoir violé
« délibérément et gravement leurs obligations essentielles en tant que fonctionnaires »,
le ministère considérant les arrêts de travail illégaux comme restreignant « l’accomplissement de la scolarité obligatoire et l’exercice [du] droit à l’éducation consacré par la Loi fondamentale. » En clair, ils ont simplement fait grève, expliquent les enseignants. Ce faisant, 24 autres enseignants pourraient être prochainement concernés par une mesure similaire.
Le but de ce mouvement des enseignants est le « rétablissement du droit de grève » et un enseignant, cité par RFI, résumait la situation comme suit : « La Hongrie est un pays kafkaïen. […] On n’a pas d’autre moyen que de faire grève pour demander le rétablissement du droit de grève ! »
En effet, dès 2010, le gouvernement de Viktor Orbán avait instauré une clause de service minimum dans les services publics : « Cette loi […] impose aux parties de se mettre d’accord sur un service minimum. Et tant que les tribunaux n’ont pas tranché définitivement sur la question, la grève est illégale », un processus qui, dans la pratique, peut durer des semaines et revient à entraver considérablement le droit de grève.
Des salaires beaucoup trop bas
En Hongrie comme dans les autres pays post-communistes, le corps enseignant est particulièrement mal rémunéré. En Hongrie, un enseignant commence sa carrière à 312 000 forint bruts (760 €), et un enseignant en fin de carrière touche au mieux 596 820 forints bruts (1455 €). La moyenne du salaire des enseignants du public est de 440 000 forints bruts (1075 €).
Des salaires bas même par rapport aux standards nationaux : en Hongrie, en 2022, le salaire moyen est de 546 000 forints bruts (1333 €) et le salaire médian de 376 300 forints bruts (920 €). L’inflation qui avoisine les 20 % en Hongrie cet automne aggrave évidemment la situation.
Engagements du gouvernement
Début novembre, le gouvernement a annoncé sa volonté de revaloriser les salaires des enseignants.
« Le gouvernement voit bien qu’il y a besoin d’une hausse significative des salaires dans l’enseignement public »,
a déclaré le secrétaire d’État à l’éducation publique Zoltán Maruzsa le 8 novembre. Aussi, le gouvernement a expliqué vouloir progressivement augmenter les salaires du corps enseignants de sorte que la moyenne des salaires passe de 440 000 forints bruts mensuels à 777 000 forints bruts mensuels (1900 €). Une première augmentation de 10 % a été annoncée pour cette année.
Le gouvernement a également expliqué que la crise énergétique avait un impact sur le budget. La facture de chauffage des écoles a coûté 26 milliards de forints (63,5 millions €) l’an passé, elle pourrait atteindre 250 milliards de forints (610 millions €) cette année. Une différence qui explique que le gouvernement compte sur les fonds européens promis mais bloqués par les institutions européennes dans le cadre d’un chantage politique.