Article paru sur le site de l’OJIM le 22 décembre 2022.
En Hongrie, le fiasco Péter Márki-Zay, candidat malheureux et maladroit aux élections législatives d’avril 2022, n’en finit plus. Cet été, Márki-Zay a reconnu que son mouvement avait reçu des fonds d’une ONG américaine, une enquête judiciaire a été ouverte dans la foulée, alors que le Parlement hongrois vient de rendre public un rapport des services de renseignement sur ce soutien financier. Une affaire bien peu relayée dans les médias de grand chemin…
Des sommes colossales
Il est au total question de plus de 7 millions d’euros. Dans le coup : une ONG américaine, Action for Democracy, liée à la National Endowment for Democracy, aux liens avérés avec la CIA. Et une belle brochette de grands défenseurs de la démocratie : l’ancien Premier ministre Bajnai, un ancien ministre des renseignements sous le socialiste Gyurcsány, un informaticien israélien, le conseiller aux affaires internationales de l’actuel maire éco-socialiste de Budapest (qui travaille pour Action for Democracy), ou encore une entreprise de conseil fondée par Madeleine Albright.
Mais la vieille garde socialo-libérale nie en bloc, et Márki-Zay prend tout. Ce dernier admet le soutien financier, mais il explique qu’il a été accordé à son mouvement (le MMM — Mouvement Hongrie pour Tous) et non à un parti pour une campagne électorale, ce qui ne contreviendrait pas à la loi. Une argumentation pour le moins bancale. Comment se peut-il par ailleurs que les partenaires de coalition n’aient pas eu vent de sommes qui représentent plus de la moitié du budget de campagne ? Quiconque connaît le fonctionnement d’une campagne électorale sait que c’est impossible.
Vous avez dit ingérence ?
Que l’opposition hongroise soit soutenue depuis les États-Unis est un secret de polichinelle. Mais l’ampleur des montants (environ le tiers du plafond légal fixé pour les candidats au second tour de la présidentielle française) est étonnante. Pas de quoi émouvoir les belles âmes pour autant. On évoque l’affaire, mais en faisant le minimum syndical. Il y a pourtant assez de matière pour soutenir l’hypothèse d’une ingérence étrangère dans le processus électoral hongrois. Imaginons un seul instant que des montants pareils aient transité vers des proches de Viktor Orbán depuis des pays moins recommandables que les États-Unis. Qui plus est en période campagne électorale !
Quand les sommes arrivent de Washington et au nom du combat pour la démocratie, c’est comme s’il ne se passait rien. On se demande presque si le respect de la loi ne devient pas secondaire. Tout est bon pour faire tomber l’affreux Orbán, y compris des reportages suintant l’amateurisme. En réalité, les vrais dirigeants de l’opposition savaient très tôt dans la campagne qu’Orbán ne tomberait pas aux élections d’avril. Tout mettre sur la nullité du figurant Márki-Zay leur est une aubaine. Mais alors pourquoi faire transiter des sommes pareilles en sachant pertinemment qu’Orbán était imbattable en avril ? Plus qu’une ingérence, cette affaire n’a‑t-elle pas été un moyen pour les hommes de l’ombre de la gauche hongroise de faire un coup de fric ? Nous n’en savons rien, mais cette hypothèse est bien moins bancale que l’argumentaire des intéressés.
Silence de la presse de grand chemin
Quoi qu’il en soit, très peu d’articles dans la presse bien-pensante occidentale, pourtant d’ordinaire si prompte à se passionner pour la Hongrie. Tout au plus un article sous forme de revue de presse de Joël Le Pavous dans le Courrier international. Silence radio dans le camp du Bien.