V4/Ukraine – Les maires des capitales du groupe de Visegrád – le « Pacte des villes libres » –, Matúš Vallo (Bratislava), Gergely Karácsony (Budapest), Zdeněk Hřib (Prague) et Rafał Trzaskowski (Varsovie) se sont à leur tour rendus à Kiev, ce mercredi 11 janvier, répondant ainsi à une invitation de leur homologue Vitali Klitschko dans la capitale ukrainienne.
Outre Vitali Klitschko, avec qui les discussions ont notamment porté sur l’approfondissement de la coopération dans le domaine de l’aide humanitaire, le soutien aux réfugiés, la planification de la reconstruction pour l’après-guerre et le renforcement de la sécurité, les quatre hommes politiques d’Europe centrale ont également rencontré le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères, Yevgen Perebyinis, avant de se rendre dans la ville de Boutcha, en banlieue de Kiev, devenue tristement célèbre pour le massacre de civils attribué à l’armée russe.
À cette occasion, le maire de Budapest, Gergely Karácsony, a publié un message de soutien à l’Ukraine sur son compte Facebook : « Défendre l’Ukraine […] n’est pas une question de réflexion pour moi, mais une question de conviction et de devoir.
Nous, les Hongrois, savons exactement ce que cela signifie lorsqu’une armée d’occupation tente d’écraser le désir de liberté d’une nation sous la menace d’une arme.
C’est pourquoi j’ai fait comprendre à nos amis ukrainiens que Hongrie ne signifie pas gouvernement hongrois. Aucun peuple ne peut être blâmé pour les décisions prises en son nom par ses dirigeants.
J’ai apporté à la capitale ukrainienne un message de millions de Hongrois, dont beaucoup à Budapest : tenez bon.
Parce que ce combat n’est pas seulement un combat entre l’Ukraine et la Russie. C’est un combat entre le bien et le mal. Et seuls les bons peuvent gagner. C’est la condition de la paix, c’est l’intérêt de l’Ukraine, des Hongrois qui vivent en Ukraine, de la Hongrie, de l’Europe et du monde entier. »
Son homologue praguois, Zdeněk Hřib, a pour sa part souligné que
« le rôle des villes est crucial pour aider l’Ukraine, qui fait face à un génocide de la part de la Russie.
À cause des attaques contre les infrastructures vitales là-bas, les gens se réfugient chez nous, et nous leur avons fourni une base jusqu’à ce que l’invasion de leur pays soit terminée. »
Une initiative pour mettre en relation les villes d’Ukraine et d’Europe centrale
Le maire de Bratislava, Matúš Vallo, a présenté une plateforme destinée à mettre en relation des villes ukrainiennes ayant besoin d’aide et des ville d’Europe centrale désireuse d’en apporter : « Depuis le début de l’agression contre l’Ukraine, les forces russes ont causé d’énormes dégâts dans les villes ukrainiennes. Les infrastructures ont été détruites, il y a eu des coupures de courant et de chauffage, et les habitants ont été évacués, dont beaucoup ont trouvé de l’aide et un abri à Bratislava.
Les demandes d’aide des villes ukrainiennes vont de la réparation des infrastructures essentielles à l’aide financière, en passant par les ambulances, les bus et les camps de vacances pour les enfants.
Pour améliorer à la fois la qualité et le volume de cette aide diversifiée au niveau des villes, nous avons conçu une plateforme de « mise en relation ». Les villes ukrainiennes entreront leurs besoins et leurs demandes dans le système par ordre de priorité. Les villes donatrices pourront vérifier en permanence si elles sont en mesure de répondre à certaines des demandes, ou enregistrer dans le système comment elles peuvent aider d’une autre manière.
Nous espérons que la nouvelle plateforme incitera d’autres villes à rejoindre cette initiative. […] Je suis heureux que nos capitales du V4 – Prague, Varsovie, Budapest et Bratislava – montrent l’exemple aux autres. »
Enfin, le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski, a signé, avec Vitali Klitschko, un accord portant sur le don de dix anciennes rames du métro de Varsovie : « C’est un soutien important pour nos amis de Kiev. À Varsovie, nous avons déjà supprimé progressivement ces trains. À Kiev, où ce modèle fonctionne encore, ils seront d’une aide précieuse, ne serait-ce que comme source de pièces [de rechange] pour les réparations. »
Le « Pacte des villes libres » est une initiative du maire de Budapest, l’écologiste de gauche Gergely Karácsony, qui conquit Budapest des mains du Fidesz en 2019. Créée fin 2019, cette alliance de grandes villes était originellement un projet de V4 alternatif, réunissant les maires progressistes et européistes des capitales en opposition à leurs gouvernements respectifs, alors tous plutôt altereuropéens et conservateurs. Le Pacte a été signé initialement à Budapest dans les locaux de la CEU (Central European University, l’univerité privée de George Soros, jamais expulsée de Budapest contrairement aux fake news de la presse occidentale), lieu symbolique témoignant de la vision commune des maires impliqués en faveur de la « société ouverte » et du Progrès. Depuis, des dizaines de villes ont rejoint le Pacte, qui se dédie à « lutter pour les valeurs progressistes et contre le populisme nationaliste ». Kiev, Los Angeles, Taipei, Paris ou encore Barcelone sont des membres du Pacte.