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Discours de Viktor Orbán sur l’état de la nation

Temps de lecture : 24 minutes

Hongrie – Chaque année à la mi-février, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán tient un discours sur « l’état de la nation » dans lequel il aborde les principaux sujets de l’année passée et de celle débutant. Nous avons reçu la traduction de ce discours par le bureau de communication international du gouvernement hongrois, et la publions ici dans son intégralité :

Viktor Orbán durant son discours sur l’état de la nation le 18 février 2023, à Budapest. Photo : Facebook / Orbán Viktor

 

Bonjour à tous !

Messieurs les Présidents Áder et Schmitt1, Mesdames leurs épouses, Monsieur le Président du Parlement, chers dirigeants des Hongrois de l’étranger, Mesdames et Messieurs,

Comme vous le savez, un tremblement de terre dévastateur a frappé il y a près de deux semaines la Turquie et la Syrie. L’on compte déjà plus de 44 000 morts, et ce n’est hélas pas fini. La catastrophe arrive inopinément, elle ne prévient pas à l’avance, elle ne frappe pas à la porte, elle nous la défonce tout d’un coup. C’est dans l’adversité que l’on voit sur qui l’on peut compter. Sur nous, les Hongrois, l’on peut compter. 167 de nos compatriotes, professionnels et bénévoles, ont pris part aux opérations de sauvetage. Ils ont sauvé 35 personnes de dessous les décombres, au péril de leur vie. Quelques-uns d’entre eux sont présents ici parmi nous. Permettez-moi, dans cette enceinte, de saluer nos héros qui nous honorent de leur présence. Mesdames, Messieurs, merci pour votre esprit de sacrifice et votre engagement ! Tout un pays est fier de vous ! Soyez gentils, levez-vous pour que l’on vous voie !

[Longs applaudissements]

Mesdames et Messieurs,

Il s’est passé tant de choses au cours de l’année écoulée – élections, guerre, crise énergétique, inflation – que je devrais parler de longues heures. Je vous en prie, ne partez pas, il se fait tard, et puisque déjà vous êtes venus, eh bien vous êtes là. C’est demain dimanche, vous aurez le temps de digérer un discours même s’il atteint les longueurs de ceux d’Atatürk ou de Fidel Castro. Je tâcherai malgré tout d’être bref, car une longue allocution politique risque d’ôter jusqu’à l’envie de vivre, et si nous nous sommes réunis ici, ce n’est pas pour l’ôter, mais au contraire pour la réactiver. Et en disant cela, je suis entré en plein dans le cœur de mon propos. La question la plus importante aujourd’hui concernant l’avenir est de savoir si les gigantesques changements qui marquent la vie de l’Europe et nous confrontent à de nouveaux défis intellectuels, politiques, économiques et militaires ôteront ou réactiveront l’envie de vivre des Hongrois. Ces changements mettent toute notre vie sous pression et nous pointent sur la poitrine de nouveaux défis à relever. Le succès de l’année 2023 dépendra du point de savoir si ces défis nous électriseront, ou s’ils nous déprimeront.

Voilà un moment que je fréquente la politique internationale, et le vieil aphorisme hongrois me vient souvent à l’esprit : « ma mère, ce n’est pas ce cheval que je voulais ». Et il est certain que nous autres Hongrois n’avons jamais voulu vivre dans un monde qui s’emballe de cette manière. Mais comme dirait ma mère : « mon enfant, nous n’avons pas le choix du programme ». Et elle a raison.

Et pourtant, tout allait si bien, tout avait été si bien pensé. Nous nous sommes sortis du tas de gravats laissés en 2010 par les gouvernements socialistes déchus, nous nous sommes sortis des décombres du socialisme sauvage à l’orientale, nous avons surmonté le chômage, la récession économique, les emprunts en devises, nous avons laissé dernière nous les jalousies moroses, la prosternation béate devant l’Occident, les factures énergétiques astronomiques, les dessous de table dans le système de santé, les jeux douteux des petits malins avec les aides sociales, la résignation du « ça va aussi bien comme ça ». Nous avions juste commencé à croire qu’il y avait une place au soleil pour tous les Hongrois, et que cette place sera ici, dans notre pays. Il s’est avéré que l’on vit mieux du travail que des aides sociales, que l’enfant n’est pas une charge, mais un bonheur, plus précisément : une charge procurant le bonheur. Nous avions commencé à croire qu’il y aura ici du lait et du miel pour tout le monde. Nous nous sommes rendu compte que si nous voulons assurer notre bonheur, nous ne devons pas nous enlever le pain de la bouche les uns des autres, parce que nous sommes capables de cuire un pain bien plus grand qu’auparavant. Un million de personnes ont trouvé du travail, ce qui ne s’était jamais vu en Hongrie. La dimension de l’économie hongroise a triplé, et le salaire minimum est devenu supérieur au salaire moyen de l’époque socialiste. Nous avons produit une constitution nationale et chrétienne qui nous fait honneur. Avec un courage faisant fi – non pas de la mort – mais de Bruxelles, nous avons restructuré l’État hongrois, écarté les fauteurs d’obstacles et bâti dans la foulée une nouvelle économie hongroise, dans laquelle chacun a sa chance de se retrouver. Ces dix années ont été laborieuses, nous avons abondamment transpiré, avec des éraflures aux coudes et aux genoux, avec pas mal d’ampoules aussi, mais nous avons trouvé que cela en valait la peine. Nous avons appris à trouver notre bonheur dans la nouvelle Hongrie, nous avons vu que les efforts valaient leur peine et l’on commençait à voir que le nom de Hongrie redeviendra beau et digne de son illustre renommée. C’est ainsi que nous avons obtenu aux élections législatives, après le premier deux-tiers2 historique de 2010, une nouvelle fois, puis une troisième fois les deux-tiers. Et nous l’avons obtenu maintenant encore, bien que toute la gauche se soit unie contre nous, que Bruxelles ait essayé de tarir le tiroir-caisse et que l’Oncle George3 nous ait fait rouler depuis l’Amérique l’équivalent de près de 10 millions de dollars pour que ses camarades aient de quoi ouvrir le feu – sur nous. Ils sont restés Gros Jean comme devant, « ils ont loupé cela aussi. Pas qu’un peu, beaucoup »4. Et si je vois bien, ils en seront encore pour leurs frais.

Vous vous rappelez le film « Il était une fois dans l’Ouest » ? Dans le dialogue du début, Charles Bronson, l’homme à l’harmonica, demande aux trois bandits qui l’attendent : « Et Frank ? » « C’est Frank qui nous a envoyés », lui répondent-ils. « Vous m’avez apporté un cheval ? » « Non. » Sur quoi l’homme à l’harmonica : « De toute façon il y en aura deux d’inutiles ». C’est ce qui s’est passé en 2022 en Hongrie5. Et si je vois bien, le Frank hongrois, notre Feri6, s’emploie justement maintenant à attraper les chevaux restés sans maîtres. Moralité : si tu regardes tes adversaires, ne les juges pas à leur nombre, mais à leurs capacités. Il semble que le Bon Dieu soit avec nous.

Les victoires électorales ne sont pas offertes sur un plateau, et certainement pas celles à deux-tiers. Il y a du travail derrière, ce travail procure du résultat, qui est reconnu par les électeurs. Sinon, il n’y a pas de victoire et certainement pas de deux-tiers. Bien sûr, il y a toujours des rabat-joie, pour lesquels nous avons tout simplement eu de la chance. Bon, d’accord, une fois. Mais quatre fois ? Si tu as toujours de la chance, cela veut peut-être dire que tu sais faire quelque chose, par exemple que tu aimes ton pays et que tu es prêt à te battre pour lui. S’il le faut, à domicile, et s’il le faut, dans le vaste monde. La gauche devrait comprendre que les millions de dollars et les partisans influents ne suffisent pas pour la victoire. Pour la victoire, mes amis, c’est du cœur qu’il faut, la chance ne suffit pas.

Quand nous avons cru, au printemps 2020 – voilà déjà trois ans –, que nous étions enfin sortis d’affaire, le COVID nous est tombé dessus. C’était douloureux, avec des pertes irremplaçables. Mais nous pouvions espérer à bon droit que nous nous en sortirons et que nous pourrons reprendre là où nous avions arrêté. J’ai cru que nous arriverions sans trop tarder là où nous avions toujours voulu aller : occuper dans le monde la place à laquelle nos capacités, notre travail et notre histoire, oui, notre histoire, nous donnent droit. Nous serions présents aux côtés des meilleurs, quelque part dans le premier cercle. Nous aurions de nouveau beaucoup d’enfants, des millions de cœurs attendant l’heureux événement, un joli pays, sûr et bien ordonné, un Bassin des Carpates vert qui aura survécu au changement climatique. Et tout en sachant que le lion et l’agneau ne cohabiteront certainement pas, nous avions espéré que la gauche finirait tout de même par comprendre que c’est ici notre patrie commune, et qu’il n’y en a pas d’autre.

Et c’est alors qu’est arrivée, ou plutôt a éclaté la guerre. Voilà un an déjà qu’elle dure, et il semble bien qu’elle est partie pour durer, peut-être plusieurs années. Tout a changé. Dans la politique comme dans l’économie. Le monde a résolument pris la direction du Far-West. Il n’a pas retrouvé sa bonne voie depuis la fin du COVID, car nous sommes entrés dans les années de guerre. En fait, depuis mars 2020, voilà bientôt trois ans que nous vivons sous une pression constante. Et ces trois années peuvent très bien devenir quatre, ou même cinq. 2022 a été l’année la plus difficile depuis les 32 ans du changement de régime. L’année la plus difficile.

Lorsque l’Occident est entré en guerre avec les sanctions, nous avons dû tout repenser. Les mois qui ont suivi nos élections d’avril y sont passés. Nous avons dû repenser notre politique économique, notre politique militaire et de défense, notre politique étrangère tout entière. Nous avons dû reconsidérer à la lumière aveuglante de la guerre tous les grands objectifs que nous nous étions fixés en 2010 après le premier deux-tiers7. Nous arrivons maintenant plus ou moins au terme de cette analyse. Je pense que nous ne devons pas renoncer à nos objectifs, ni les laisser tomber, nous devons simplement en modifier les instruments.

Nous maintenons notre politique étrangère, par laquelle nous continuerons à vouloir nous procurer des amis et pas des ennemis. Nous voulons que tout le monde – l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud – soit intéressé au succès de la Hongrie. Pas de blocs, mais des liens. Nous maintenons aussi notre politique en faveur de tous les Hongrois appartenant à la nation, quel que soit le pays dans lequel ils vivent : les Hongrois d’au-delà des frontières pourront continuer à compter sur nous, car nous sommes du même sang. Nous maintenons notre politique familiale. Nous maintenons le principe de l’économie basée sur le travail. Nous maintenons notre accord conclu avec les retraités, et notamment le treizième mois de retraite. Nous maintenons aussi le contrôle du prix de l’énergie. Nous poursuivons la mise en relation des universités avec l’économie. Nous sommes capables de conserver en des mains nationales les secteurs stratégiques – banques, énergie, médias – que nous y avons placés, et nous remettrons même en des mains hongroises le domaine des télécommunications et de l’info-communication. Et nous ne nous arrêterons pas là, le vent nous souffle déjà de nouvelles initiatives. Pardon, nous maintenons aussi notre promesse faite à la province : nous lancerons des investissements d’une ampleur jamais vue, nous assurerons des financements d’un niveau que la province hongroise n’a jamais connus, même au temps de la Monarchie Austro-Hongroise. Aux côtés de l’agriculture de production, nous bâtirons l’agriculture de transformation, nous ressusciterons l’industrie alimentaire hongroise détruite par la privatisation, nous aurons des champions nationaux dans l’industrie alimentaire aussi, qui tiendront leur rang sur les marchés mondiaux. Il n’est tout de même pas normal que les Hongrois soient obligés d’acheter des aliments dont on nous inonde depuis l’étranger. Et nous maintenons aussi le redressement de la partie Nord-Est de notre pays. Il est temps de réunifier, y compris économiquement et au plan du niveau de vie, la Hunnie et la Pannonie. C’est dans ce but que nous construisons des ponts sur le Danube : celui de Paks sera bientôt terminé, et celui de Mohács sera bientôt mis en chantier. Nous associerons le triangle Debrecen-Nyíregyháza-Miskolc à la zone industrielle Győr-Szombathely-Veszprém. Il faut pour cela de l’énergie, beaucoup d’énergie, tant d’énergie qu’il n’en a jamais fallu en Hongrie. C’est pourquoi nous allons construire des centrales énergétiques et des systèmes de conduites, même si Bruxelles n’est pas disposé à y jouer un rôle. Et puis il y aura autre chose. Nous n’abandonnons pas non plus notre projet le plus téméraire, à savoir que la situation matérielle des familles avec enfants soit meilleure que celle des familles sans enfants. Cela veut dire que – guerre ou pas – nous prendrons chaque année de nouvelles mesures d’aide aux familles. Comme cette année, les femmes avec enfant ne paieront pas d’impôt sur le revenu jusqu’à l’âge de trente ans. Voilà. Mais je sais que pour nous, les Hongrois, cela ne suffit pas. Nous connaissons la blague héritée du socialisme : nous savons ce qui va se passer, mais la question est de savoir ce qui se passera d’ici-là…

Si 2022 a été la plus difficile, 2023 sera l’année la plus dangereuse depuis le changement de régime. Aux côtés de la migration qui acquiert petit à petit un caractère permanent, deux dangers nouveaux nous guettent. L’un est la guerre et l’autre, l’inflation. Si nous voulons retrouver la trajectoire ascendante dont le COVID nous a écartés, nous devons conjurer ces deux dangers, nous devons les vaincre, nous devons en sortir. Bien, mais comment ? C’est de cela que je vais vous parler aujourd’hui.

Comment vaincre le danger de la guerre ? S’il n’en tenait qu’à nous, nous y mettrions fin, mais nous n’en avons pas les moyens, ce n’est pas notre catégorie de poids. C’est pourquoi si nous voulons protéger la Hongrie, si nous voulons vivre en paix, il ne nous reste qu’une alternative : rester en-dehors de la guerre russo-ukrainienne. Ce n’était pas facile jusqu’à présent, cela ne le sera pas non plus par la suite, parce que nous appartenons au monde occidental, nous sommes membres de l’OTAN et de l’Union européenne, et dans ces enceintes tout le monde à part nous est du parti de la guerre – ou au moins fait comme si. La Hongrie peut-elle se permettre, dans ces circonstances, de rester dans le parti de la paix d’une manière frontalement opposée à celle de ses alliés ? Nous le pouvons bien sûr, puisque la Hongrie est un Etat indépendant, libre et souverain, et nous ne reconnaissons personne au-dessus de nous à part le Bon Dieu. Mais est-il correct, est-il moralement acceptable de rester en-dehors de la guerre ? Je suis convaincu que oui, et que c’est même la seule attitude correcte. La Russie a attaqué l’Ukraine, nous avons donc l’obligation d’accueillir les réfugiés ukrainiens, et nous avons bien fait de les soutenir au travers de l’aide humanitaire la plus large de toute l’histoire de notre pays. C’est ce qu’ordonne le principe d’humanité le plus élémentaire, et nous y satisfaisons. Mais nous voyons aussi que dans la guerre d’Ukraine ce ne sont pas les armées du Bien et du Mal, mais les troupes de deux pays slaves qui se livrent une guerre circonscrite dans le temps et – pour le moment encore – dans l’espace. C’est leur guerre, pas la nôtre. La Hongrie reconnaît le droit de l’Ukraine à l’auto-défense, elle reconnaît son droit à combattre l’agression extérieure, mais il ne serait acceptable d’aucun point de vue, moral ou autre, de placer les intérêts de l’Ukraine devant ceux de la Hongrie. La gauche hongroise est également du parti de la guerre : elle livrerait des armes, elle assumerait les charges financières de la guerre et romprait les relations avec la Russie. Nous ne le faisons pas. Nous ne livrons pas d’armes. Nous faisons également attention à ce que nous dépensons, parce que Bruxelles finira encore par donner à l’Ukraine l’argent qui nous est dû. L’aide humanitaire à l’Ukraine ne signifie pas non plus pour nous la cessation de nos relations avec la Russie, parce que cela serait contraire à nos intérêts nationaux que nous avons le droit de définir comme nous le souhaitons. C’est pourquoi nous ne donnons pas notre accord à la mise en place de sanctions sur le gaz, l’électricité ou l’énergie nucléaire, qui mettraient à genoux la Hongrie. Notre consultation nationale a montré que la nation est unie sur ce point. C’est la raison pour laquelle nous maintenons nos relations économiques avec la Russie, et que nous recommandons même à l’ensemble du monde occidental d’en faire autant, parce que sans relations, il n’y aura ni cessez-le-feu, ni négociations de paix. C’est la raison pour laquelle nous ne donnons pas notre accord à ce que des ecclésiastiques, des dirigeants d’Eglise soient placés sur les listes des personnes sanctionnées, il y a eu déjà assez de mal de fait avec des artistes et des sportifs. Et il est tout aussi important que notre vision ne rétrécisse pas, nous devons bannir tout provincialisme. Regardons au-delà de Bruxelles : en-dehors de l’Europe, tous les pays sont conscients du caractère limité de la guerre d’Ukraine et de la priorité à donner à leurs intérêts nationaux. Ne nous isolons pas de la partie du monde qui a gardé la tête sur les épaules. L’approche hongroise n’est une exception qu’en Europe, dans le monde elle est générale. Le gouvernement hongrois ne considère pas comme réaliste la proposition selon laquelle la Russie menacerait la sécurité de la Hongrie ou celle de l’Europe. Cela serait vrai tout au plus pour les armes nucléaires, mais la guerre en Ukraine ne fait pas diminuer, bien au contraire augmenter le risque de leur emploi. Au niveau de la guerre conventionnelle, la guerre en Ukraine a au contraire montré que la Russie n’aurait aucune chance contre l’OTAN. Nous comprenons que les Ukrainiens essaient de faire croire à l’Europe que les Russes ne s’arrêteront pas avant l’Océan Atlantique, mais les Hongrois ne croient pas à cette menace. Le monde entier a pu voir que les forces armées de la Russie ne sont pas en mesure – et ne le seront pas pour encore un bon moment – d’attaquer l’OTAN. Je rappelle que la Hongrie avait recommandé voilà déjà dix ans la mise en place d’une force armée européenne commune, et nous voyons aujourd’hui à quel point il est dommage que cette proposition n’ait rencontré que de sourdes oreilles.

Alors que notre approche en faveur de la paix, par opposition aux autres qui sont partisans de la guerre, mettent nos différences en lumière, le fait que nous restons en accord parfait sur les objectifs stratégiques se trouve estompé. Nous voulons que la Russie ne constitue pas une menace pour l’Europe, et qu’il y ait entre la Hongrie et la Russie un espace suffisamment large et profond, une Ukraine souveraine. La différence est dans les moyens d’y parvenir : pour les partisans de la guerre, cet objectif peut être atteint par la défaite de la Russie, pour nous en revanche par un cessez-le-feu immédiat et des négociations. Notre proposition bénéficie aussi d’un argument de poids : seul le cessez-le-feu peut permettre de sauver des vies. Les pertes humaines se comptent déjà en centaines de milliers. La douleur, l’accroissement du nombre des veuves et des orphelins, l’océan de souffrances ne peuvent être apaisés que par un cessez-le-feu.

La guerre a également porté à la surface un certain nombre de vérités graves et instructives. Ne les passons pas sous silence. La première est la question de notre appartenance à l’OTAN. Affirmons tout de suite clairement que l’appartenance à l’OTAN est vitale pour la Hongrie. Nous sommes trop à l’Est, sur le bord oriental du monde occidental, pour pouvoir nous en passer. Plus à l’intérieur, ce serait évidemment plus facile, nous pourrions aussi jouer avec l’idée de neutralité à la mode suisse ou autrichienne, mais l’Histoire ne nous a pas offert ce luxe. L’OTAN est une alliance défensive, une alliance militaire de défense qui a été créée pour que nous nous défendions mutuellement. C’est pour cela que nous y avons adhéré, et c’est pour cela que j’ai ressenti une revanche historique lorsque après 45 ans d’occupation soviétique j’ai pu signer le traité d’adhésion. Et il est tout aussi important pour nous de bien comprendre ce que l’OTAN n’est pas. L’OTAN n’est pas une alliance de guerre. L’OTAN n’est pas une coalition de guerre. L’adhésion à l’OTAN ne comporte aucune obligation au-delà de la défense commune, et les États membres ne peuvent pas attendre non plus les uns des autres qu’ils attaquent ensemble un État tiers au nom de quelque but de guerre commun. Si certains États membres de l’OTAN ou si un groupe de ceux-ci souhaite mener des activités militaires en-dehors du territoire des États membres, ils doivent le faire en-dehors du cadre de l’OTAN. Ceux qui le veulent y vont, ceux qui ne le veulent pas n’y vont pas.

Quelque forts et puissants soient-ils, ceux qui croient être capables de garder sous leur contrôle, de gérer et de distiller les éléments de la guerre selon leur bon vouloir présument de leur force et sous-estiment le facteur de risque inhérent à toute guerre. Ceux qui commettent ces erreurs de jugement vivent en général loin des dévastations des combats du front. Mais nous, nous vivons ici, et la guerre se déroule sur le territoire de notre voisin. Aucun Bruxellois n’a encore donné sa vie dans cette guerre, mais des Hongrois oui. Pendant que l’on déboulonne les symboles hongrois à Munkács8, que l’on renvoie les dirigeants hongrois de nos écoles, beaucoup de Hongrois meurent au champ d’honneur sur le front9. La minorité hongroise de Ruthénie subcarpathique ne mérite pas cela. Nous réclamons davantage de respect pour les Hongrois à Munkács, à Kiev, à Bruxelles et à Washington !

L’Europe est sur le point d’être entraînée dans la guerre. Elle fait de l’équilibre sur une mince planche. Et même, elle est de fait en guerre indirecte avec la Russie. Si tu livres des armes, si c’est toi qui donnes les informations satellitaires nécessaires aux opérations militaires, si tu formes les soldats de l’une des parties belligérantes, si c’est toi qui finances le fonctionnement de tout son appareil étatique, et si tu imposes des sanctions à l’autre partie, alors peu importe ce que tu dis, tu es en guerre, même si c’est pour le moment de manière indirecte. Le risque de se trouver entraîné est devenu permanent. Cela a commencé avec des casques, cela a continué avec la livraison d’équipements non létaux, nous en sommes à présent à l’envoi de chars, les avions de combat sont à l’ordre du jour, et nous entendrons parler bientôt de soi-disant contingents de maintien de la paix. Comme les somnambules sur le toit. Nous devrions comprendre aussi comment les partisans de la guerre sont tombés sous l’emprise du somnambulisme, et comment ils sont parvenus sur le toit de la maison. Dans le cas de nos amis polonais et baltes, malgré toutes nos différences d’analyse, nous le comprenons. Leur Histoire explique beaucoup de choses. Mais les autres ?

Cela n’aurait pas dû se passer comme cela, plus précisément cela aurait pu se passer autrement. Nous aurions pu garantir que nous ne ferons pas entrer l’Ukraine dans l’OTAN, mais nous avons fait le contraire et nous avons confirmé notre précédente décision de 2008, aux termes de laquelle nous la ferions entrer. Nous aurions pu également recourir à la solution de 2008, au moment du déclenchement de la guerre entre la Russie et la Géorgie, où la Russie s’est emparée de 20% du territoire de la Géorgie. Nous avons alors décidé que nous ne laisserons pas prospérer l’incendie, et grâce aux géniales négociations menées par le président Sarkozy le conflit a pu être circonscrit et le cessez-le-feu a pu être obtenu. Nous aurions pu faire aussi ce que nous avons fait en 2014 sous la conduite d’Angela Merkel, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine et annexé la Crimée. Là aussi, nous aurions pu choisir la guerre, une guerre du genre de celle d’aujourd’hui, mais alors nous, les Occidentaux, avons décidé autrement : des négociations au lieu de l’affrontement, la paix au lieu de la guerre. Je me souviens qu’il y avait aussi des partisans de la guerre à cette époque, mais il y avait une gouvernance énergique franco-allemande, qui a fait preuve de courage et est intervenue à temps. C’est ainsi que la guerre a été évitée et que les accords de Minsk ont pu être signés. L’année dernière, l’Occident a réagi autrement. Lorsque la Russie a lancé son offensive, l’Occident n’a pas isolé le conflit, mais l’a élevé à une dimension européenne générale. Il aurait pu le qualifier de guerre locale, régionale, ou de conflit militaire entre deux États slaves, comme la Hongrie l’avait suggéré. Ce qui s’est passé est un nouvel argument contre le super-État bruxellois et en faveur des États-nations forts. Quand c’étaient les États-membres qui décidaient, il y a eu la paix ; quand c’était la centrale impériale, il y a eu la guerre.

Il est également intéressant, en perspective, de voir comment nous avons perdu nos alliés partisans de la paix. Voici encore un an, nous n’étions pas seuls dans le camp de la paix. En faisaient partie par exemple les Allemands, qui ne livraient pas d’armes, mais seulement des casques. A présent, des chars Léopard traverseront dans quelques semaines les terres de l’Ukraine en direction de l’Est, de la frontière russe. Les anciennes cartes sont peut-être encore disponibles. Les Allemands ont rejoint les autres, ou pour mieux dire les autres ont rejoint les Allemands. C’est ainsi que le camp de la paix s’est vidé. L’on a peine à croire que les Allemands ont effectué ce revirement de leur plein gré. Aujourd’hui, ils font comme s’ils y étaient depuis toujours. Leçon allemande d’actualité : non seulement ils tournent casaque, mais proclament ouvertement qu’ils prennent du coup la tête du revirement. Des gens sérieux : s’ils font quelque chose, ils le font à fond. Quant aux autres pays, ils ont cru que si les Allemands eux-mêmes ne pouvaient pas résister à une telle pression extérieure, eux-mêmes en seront encore moins capables. Mieux valait pour eux passer en douce du camp de la paix dans celui de la guerre. Nous sommes donc restés à deux : la Hongrie et le Vatican. Nous ne pouvons pas nous plaindre de cette compagnie, mais nous devrons compter avec de lourdes conséquences.

Pour être sincères, il faut s’attendre à ce que la guerre soit de plus en plus sauvage et de plus en plus cruelle. C’est pourquoi il est bon de nous préparer à nous voir traités sur un ton de plus en plus brutal et dépourvu du moindre ménagement : provocations, injures, menaces et chantages. Je ne peux pas promettre que ce sera facile, mais en tout cas que nous tiendrons le choc. Nous avons dépassé depuis longtemps le stade de la pression diplomatique respectueuse de notre souveraineté. Que sont devenus les bons vieux temps où Hillary Clinton ne nous envoyait qu’un « bon ami », un « good friend »10 chargé d’apprendre à vivre aux Hongrois au moyen de quelques manifestations anti-gouvernementales et de quelques interdictions d’entrée sur le territoire ? Nous avons bien manœuvré à l’époque, nos calculs se sont avérés justes et les troupes libératrices sont arrivées en la personne de Donald Trump – heureusement pas ici, mais à Washington. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du Potomac depuis ce moment. Encore heureux que la Maison Blanche ait gardé son sens de l’humour, et que le président Biden, au lieu d’un bon ami, nous ait envoyé comme ambassadeur un homme-pression, un « press-man »11 chargé de presser les Hongrois dans la guerre quel qu’en soit le prix, et de nous presser le jus d’une déclaration d’allégeance. C’est une bonne chose, l’humour peut favoriser l’amitié dans les temps difficiles. Mais il ne faudrait pas en arriver à nous envoyer la prochaine fois un individu du nom de Puccini ou de l’équivalent.

Nous savons qu’il y aura des élections aux États-Unis en 2024, et nos amis Républicains fourbissent leurs muscles en vue de leur retour. Je m’attends aussi à ce que la démocratie montre sa force en Europe également, que l’opinion publique sera de plus en plus favorable à la paix, qu’elle réclamera un cessez-le-feu, des négociations de paix, davantage de bon sens, et qu’elle choisira, s’il le faut, de nouveaux gouvernements. Ce ne sera certes pas une promenade de santé, mais les voies mieux aplanies et plus agréables conduisent toutes à la guerre.

Nous n’avons pas d’illusions, nous ne sommes pas naïfs, nous ne sommes ni des enfants-fleurs de 1968, ni des pacifistes rêveurs. Nous savons que les négociations ne se feront pas entre les Ukrainiens et les Russes. Nous aurons la paix lorsque les Américains et les Russes se rencontreront. Ce moment viendra inéluctablement, mais plus tard ce sera, plus élevé sera le prix que nous devrons tous payer. Pour les partisans de la guerre, le temps joue pour les Ukrainiens et pour l’Occident, c’est la raison pour laquelle il faut poursuivre les combats, ceux-ci modifieront les rapports de force, les Russes seront vaincus et la victoire apportera la paix. Mais pour le gouvernement hongrois, la poursuite des combats n’apportera ni la victoire, ni la paix, elle apportera au contraire des centaines de milliers de morts supplémentaires, un élargissement du conflit, l’entraînement des pays dans une guerre ouverte, la poursuite de la guerre sur plusieurs années, des dévastations, des souffrances et la menace de la guerre mondiale. Restons donc, en Hongrie, du côté de la paix, mais sans que notre ministre de la Défense baisse la garde !

Voilà pour la guerre.

Si nous voulons vaincre l’inflation, il faut commencer par en comprendre les sources. Pourquoi l’Europe tout entière connaît-elle l’inflation ? C’est Bruxelles qui a lâché sur nous cette calamité, avec les sanctions frappant les sources d’énergie. Le nom de cette maladie est « inflation par les sanctions ». Quant à celui du virus, c’est « sanction bruxelloise ». Les sanctions sont les armes de guerre de la politique de Bruxelles. Elles visaient la Russie, mais c’est l’Europe qu’elles ont atteinte. Il n’y a pas si longtemps, l’on disait à Bruxelles que ces sanctions apporteront la fin de la guerre. Une année a passé, et la fin de la guerre ne s’est pas rapprochée, elle s’est au contraire de plus en plus éloignée. Ils nous promettaient aussi de ne pas étendre les sanctions au secteur de l’énergie. Ils les y ont pourtant étendues, peu de temps après. Le prix du gaz s’est retrouvé multiplié plusieurs fois, pour atteindre les 350 euros/MWh à la fin du mois d’août dernier. C’est un record, on n’avait jamais vu cela de mémoire d’homme. La situation s’est certes améliorée aujourd’hui, mais le prix du gaz est toujours plusieurs fois supérieur aux 20 euros d’avant. De plus – ce que peu de gens savent – Bruxelles a lié le prix du gaz à celui de l’énergie électrique. Nous avons eu beau protester, les Polonais et nous. L’augmentation des prix du gaz s’accompagne donc immédiatement de celle des prix de l’électricité, même si l’énergie électrique n’est pas produite par des turbines à gaz, mais par l’énergie solaire, l’énergie éolienne et hydraulique, les centrales à charbon ou les centrales nucléaires. Les lois élémentaires de l’arithmétique font que les bonds dans les prix de l’énergie renchérissent tous les produits. C’est tout particulièrement vrai lorsqu’une grande partie de l’énergie est importée, comme c’est le cas pour la Hongrie. Il s’est avéré de surcroît que nous n’avons privé en rien la Russie de ressources, nous lui avons au contraire versé encore plus d’argent. En 2022, les bénéfices des entreprises du secteur pétrolier et gazier ont progressé de 70% dans le monde, sans que lesdites entreprises aient innové quoi que ce soit ou produit davantage : elles se sont bornées à empocher les superbénéfices liés aux sanctions et qu’elles ont fait payer par les consommateurs européens. Les sanctions ont soustrait l’équivalent de 10 milliards d’euros aux Hongrois en 2022. 10 milliards d’euros ! C’est le montant supplémentaire que les entreprises hongroises, l’Etat et les ménages ont dû consacrer aux seules dépenses énergétiques en Hongrie à cause des sanctions. Cette somme, les entreprises auraient pu l’affecter aux augmentations de salaires, l’État aux réductions d’impôts ou à l’aide aux familles, et les ménages à l’achat de leur logement ou à leurs enfants.

L’on se tient pantois devant les immeubles de verre bruxellois et l’on peut à peine croire ce qui s’y passe. Il faut regarder les réalités en face : au lieu d’aides, Bruxelles ne produit que de nouvelles sanctions. Sur la base d’une mauvaise intention soigneusement pesée, Bruxelles n’a versé ni à la Hongrie, ni à la Pologne la part qui leur revient du Programme de Reconstruction Européen. Les sommes que nous n’avons pas reçues en 2022, l’année la plus difficile, sont celles pour lesquelles les États membres se sont endettés conjointement et dont nous aussi, les Hongrois, devrons rembourser la part qui nous échoit. L’on cherche des puces à l’état de droit en Hongrie, alors que la Rabomobil a installé sa permanence devant le bâtiment du Parlement Européen. En vérité, ce sont les États membres qui devraient contrôler Bruxelles, et pas l’inverse. J’espère qu’il en sera ainsi après les élections européennes de 2024. Si Bruxelles veut à tout prix faire la guerre, elle devrait la déclarer à l’inflation. Elle ne le fait pas. Quant à nous, nous menons la nôtre sans discontinuer. Nous avons déjà pris plus de deux douzaines de mesures de protection des ménages et des entreprises.

Et maintenant, mes amis, gardons-nous bien de considérer l’inflation comme une malédiction divine contre laquelle on ne peut rien. Et bien que l’inflation atteigne des sommets, et constitue une lourde charge pour les ménages, il ne faut pas s’en effrayer, ni se laisser tétaniser, il ne faut pas s’y résigner. Il faut agir, et le résultat viendra. J’ai appris de Sándor Demján12 qu’il n’y a pas de normes en temps de crise. Il faut intervenir courageusement sur l’économie. C’est ce que nous faisons. Grâce à cela, un ménage moyen économise sur les prix de l’énergie l’équivalent d’environ 450 euros par mois. C’est unique dans toute l’Europe. La gauche réclame la suppression du plafonnement des prix des produits alimentaires, mais nous le maintiendrons tant que nous n’aurons pas pu faire repartir l’inflation à la baisse. La gauche réclame aussi la suppression du plafonnement des taux d’intérêt pour les ménages, de concert – sans surprise – avec les banques. Mais ce plafonnement des taux d’intérêt protège 350 000 ménages contre les sauts de carpe des taux, et tant que les taux d’intérêt ne commenceront pas à baisser, nous maintiendrons le plafonnement. Loin de le supprimer, nous l’étendrons même aux prêts-étudiants, protégeant ainsi 200 000 étudiants contre les effets de l’inflation. Le prêt-formation est sans intérêts, et quant au prêt-étudiant d’emploi libre, son taux est la moitié de celui du marché. Et nous mettons maintenant en place un abonnement-transport à tarif réduit au niveau des comitats. Nous proposerons à compter du 1er mai des abonnements-transport mensuels au niveau national ou départemental, valables à la fois sur les trains et sur les autocars. L’abonnement départemental coûtera 9.450 forints [25 euros] et l’abonnement national mensuel, 18.900 forints [50 euros]. Ceux qui se rendent à leur travail par les moyens de transport en commun feront ainsi de substantielles économies.

Forger un bon bouclier, un bouclier qui protège des chocs les plus violents est une affaire qui coûte cher, très cher. C’est pour cette raison qu’il faut prélever le superbénéfice là où il se réalise. Nous avons taxé les banques, les entreprises énergétiques et les multinationales alimentaires. Le superbénéfice ainsi prélevé sera recyclé dans le Fonds de financement du plafonnement du prix de l’énergie.

Au total, l’année 2022 aurait pu briser la colonne vertébrale de l’économie hongroise. Les oiseaux de mauvais augure de service, d’anciens gouverneurs de banque centrale de bonne réputation, des économistes de droite passés à gauche y comptaient, et nous enterraient déjà dans la pratique : faillites, chômage, effondrement du forint, cessation de paiements, Armageddon. C’est ce qui figurait dans les prophéties de la gauche. Aujourd’hui, en février, l’emploi est au plus haut, nos réserves en devises atteignent des records et le forint s’est calmé. La vérité est que malgré une inflation douloureusement élevée, l’économie hongroise a battu trois records en 2022, le coup du chapeau (j’espère que Marco Rossi13 y est attentif), à savoir : jamais l’emploi n’a atteint un tel niveau en Hongrie, nos exportations ont battu un record, et jamais autant d’investissements ne sont entrés en Hongrie qu’en 2022. C’est la raison pour laquelle nous sommes toujours debout malgré les prix élevés, et que l’économie ne s’arrêtera pas davantage en 2023. L’inflation est comme le tigre, et tu n’as qu’une cartouche. Si tu le rates, il te dévorera. Je vous demande de nous faire confiance : nous ne le raterons pas. Les paris sont ouverts : nous réduirons l’inflation à un seul chiffre d’ici à la fin de l’année.

Comme nous le voyons, la situation est sérieuse, mais pas désespérée. Elle inspire même plutôt l’espoir. Les instincts vitaux des Hongrois fonctionnent, aujourd’hui aussi ils voient bien la réalité des choses, et comme la consultation nationale l’a montré, le consentement est large sur les principaux objectifs. Je voudrais ici encore remercier tous ceux qui ont pris part à cette consultation. Nous restons en-dehors de la guerre, la Hongrie reste une île de paix et de sécurité, et nous brisons l’inflation – c’est là une tâche constante du gouvernement, et nous n’y manquerons pas. Mais il y a encore quelque chose pour quoi un gouvernement, aussi déterminé soit-il, ne suffira pas. Vous savez aussi – tout le monde l’a entendu – quel événement ignoble s’est produit dans une de nos écoles. L’on n’arrive pas à comprendre pourquoi le ciel ne nous tombe pas sur la tête, pourquoi le sol ne s’ouvre pas sous nos pieds pour avaler celui qui y aurait sa place.14

Mes chers amis, parlons clair. Il n’y a pas de pardon pour la pédophilie. L’enfant est sacro-saint. Et le devoir des adultes est de protéger les enfants par tous les moyens. Le fait que le monde soit devenu fou ne nous intéresse pas. Les toquades repoussantes auxquelles certains sacrifient ne nous intéressent pas. Les moyens par lesquels Bruxelles défend et explique l’inexplicable ne nous intéressent pas. Ici, nous sommes en Hongrie. Et c’est ici que doit se trouver le régime le plus sévère de protection de l’enfance. Les dispositions juridiques existent, celles qui manquent seront adoptées, mais dans cette affaire le gouvernement le plus déterminé ne peut pas réussir seul. Nous aurons besoin de tout le monde : parents, grand parents, mères et pères, enseignants et éducateurs. Parce que la propagande du genre n’est pas une aimable farce, elle n’est pas un sympathique bavardage arc-en-ciel, mais le plus grave danger qui guette nos enfants. Nous voulons que l’on laisse nos enfants tranquilles, car trop, c’est trop. Ce genre de choses n’a rien, absolument rien à chercher en Hongrie, et encore moins dans nos écoles. Je compte sur vous, nous comptons sur tous les Hongrois de bonne volonté pour que nous puissions clore cette affaire ensemble, une fois pour toutes.

Le Bon Dieu au-dessus de nous tous, la Hongrie avant tout ! Allez la Hongrie, allez les Hongrois !


1 Anciens présidents de la République

2 Référence à la majorité des deux-tiers des sièges, obtenue à chacune des quatre élections législatives depuis 2010, sur la base d’une proportion de 50 à 55% des suffrages exprimés qui se sont portés sur le parti gouvernemental. Le seuil des deux tiers des sièges est important en Hongrie parce qu’il permet au Parlement d’adopter ou de modifier les lois organiques ainsi que la Constitution.

3 Référence au milliardaire américain d’origine hongroise George Soros.

4 Référence ironique aux propos textuels tenus par l’ancien chef de gouvernement socialiste Ferenc Gyurcsány, qui dans un discours mémorable prononcé en 2016 à huis clos mais qui a fuité, avait reconnu que son gouvernement avait « absolument tout loupé ».

5 Allusion à l’action menée par Ferenc Gyurcsány, le chef du principal parti d’opposition DK (Coalition démocratique) consistant à déconsidérer les responsables des autres partis d’opposition de moindre importance afin d’en débaucher les membres.

6 Feri est le diminutif de Ferenc. Il s’agit ici aussi de Ferenc Gyurcsány.

7 Cf note 2, page 3

8 Ville d’Ukraine en Ruthénie subcarpatique sous le nom ukrainien de Mukaceve, anciennement hongroise, où les autorités locales ont récemment déboulonné d’autorité un monument dont elles estimaient qu’il rappelait indûment le passé hongrois de la ville.

9 Les membres de la minorité hongroise de Ruthénie subcarpatique, citoyens ukrainiens, sont en effet enrôlés dans l’armée ukrainienne et envoyés au front, où certains perdent la vie.

10 Allusion à André Goodfriend, diplomate américain, chargé d’affaires des Etats-Unis en Hongrie au début des années 2010 et qui s’était signalé par ses participations aux manifestations de l’opposition

11 Allusion ironique au nouvel ambassadeur des Etats-Unis en Hongrie, David Pressman

12 Important homme d’affaires hongrois, aujourd’hui décédé

13 L’entraîneur italien de l’équipe nationale hongroise de football

14 Allusion à un aide enseignant, Zsolt Bite, qui s’est publiquement enorgueilli sur les réseaux sociaux d’avoir une relation sexuelle avec un garçon de 15 ans et qui, accusé de pédophilie, s’en est défendu en affirmant être simplement « éphébophile »


Traduction fournie par le International Communications Office du gouvernement hongrois