Pologne – Le groupe pétrolier polonais PKN Orlen a annoncé, ce samedi 25 février, que les livraisons de pétrole en provenance de Russie via le gazoduc Droujba venaient d’être totalement interrompues, cet oléoduc fournissant dernièrement Orlen à hauteur de seulement 10 % de ses besoins. La Pologne n’importait déjà plus de pétrole russe par voie maritime depuis le début de la guerre en Ukraine mais utilisait encore cet oléoduc qui n’était pas concerné par les sanctions.
La Russie avait annoncé l’arrêt de la livraison de pétrole et de produits dérivés du pétrole aux pays soutenant l’initiative du plafonnement des prix du pétrole. Mais cet arrêt de la livraison survient au lendemain du dixième paquet de sanctions voté par l’UE. En décembre 2022, l’Union européenne a mis en place un embargo sur le pétrole brut acheminé par bateaux, et depuis début février, ce sont les dérivés du pétrole qui sont également sous embargo de l’UE.
Le président de PKN Orlen, Daniel Obajtek, tient à rassurer et à minimiser l’effet de cette nouvelle représaille du Kremlin : « Nous sécurisons efficacement l’approvisionnement en matières premières. La Russie a arrêté les livraisons de pétrole à la Pologne, ce à quoi nous sommes pleinement préparés.
Seuls 10% du brut provient de Russie et nous le remplacerons par du pétrole provenant d’autres directions.
C’est le résultat de la diversification que nous avons effectuée ces dernières années. »
Rappelons à ce sujet que les sanctions mises en place par l’Union européenne ne portent pas sur le pétrole acheminé par oléoduc, une exception qui avait été demandée notamment par la Hongrie, car, pour ce pays, « il faudrait plusieurs années et plusieurs centaines de milliards de forints d’investissement pour remplacer le pétrole russe ». Et en effet, les compagnies hongroise (MOL) et slovaque (Slovnaft) continuent également d’importer du pétrole russe par voie d’oléoduc.
Comme les sanctions ne concernent pas les livraisons par les oléoducs, PKN Orlen avait également continué à acheter du pétrole russe par ce biais. Si le groupe pétrolier polonais ne l’avait pas fait, il aurait dû payer de toute façon pour le pétrole contracté selon le modèle « Take or Pay ». Comme l’a précisé Mariusz Marszałkowski, un expert en énergie interrogé par Do Rzeczy, sous le régime des sanctions la Russie peut toujours engager une procédure contre l’UE auprès de l’Organisation mondiale du commerce, mais pas contre la compagnie Orlen. Mais en ce qui concerne ce pétrole livré par oléoduc, c’est donc la partie russe qui a pris l’initiative de ne pas respecter le contrat d’approvisionnement, mettant Orlen à l’abri des conséquences financières malgré l’absence de sanctions européennes.
PKN Orlen a passé un accord en novembre avec le Saoudien Aramco pour sécuriser ses approvisionnements, ce qui permet de compenser les 2,5 millions de tonnes de pétrole brut par an prévues dans le dernier contrat russe qui était encore en vigueur et qui avait été passé avec la société Transneft. En 2021, la part du pétrole russe dans les importations polonaises était encore de 60 %, contre environ 90 % avant l’arrivée du PiS au pouvoir en 2015. Avec l’arrêt des importations de pétrole russe par voie de mer et la non-reconduction des contrats arrivés à terme, cette part n’était plus que de 10 % en ce début d’année. Ici aussi, la majorité parlementaire actuelle avait cherché à réduire la dépendance aux énergies russes avant la guerre en Ukraine, ce qui rend plus facile la transition actuelle de la Pologne vers le zéro énergie russe.