Europe centrale – Alors que la Pologne puis la Hongrie ont décidé, samedi 15 avril, d’interdire provisoirement l’importation de produits agricoles ukrainiens jusqu’au 30 juin, que la Slovaquie vient de prendre à son tour la même décision et que la Roumanie ainsi que la Bulgarie s’apprêtent à le faire, les gouvernements polonais et ukrainien sont parvenus à un accord concernant le transit des céréales ukrainiennes.
La Slovaquie emboîte le pas à la Pologne et à la Hongrie
En effet, 48 heures après la décision de Varsovie, presque immédiatement suivie par celle de Budapest, d’imposer un embargo sur les importations de produits agricoles en provenance d’Ukraine – en raison notamment du manque manifeste de réactivité de Bruxelles vis-à-vis des problèmes engendrés par ces denrées (prix cassés et qualité médiocre) –, Bratislava a suivi le mouvement ce lundi 17 avril, tandis que la Roumanie et la Bulgarie envisageaient de prendre des dispositions similaires.
La Tchéquie demande des sanctions contre ses partenaires du V4
Face à ce qu’on appelle déjà une « crise céréalière », le gouvernement tchèque semble ne pas jouer la solidarité avec ses partenaires du V4. Ainsi, le ministre tchèque de l’Agriculture, Zdeněk Nekula (KDU-ČSL), a indiqué dès ce lundi 17 avril, que Prague n’envisage aucunement d’emboîter le pas à ses voisins centre-européens sur cette question. Bien au contraire, ce dernier a demandé à la Commission europénne d’agir contre la Pologne et la Hongrie à ce sujet : « À la fin de la semaine, j’ai discuté de la question des importations de produits agricoles ukrainiens avec Janusz Wojciechowski, commissaire européen à l’agriculture.
Il a clairement confirmé que ces interdictions unilatérales sont inacceptables et que la question sera discutée par les ministres le 25 avril. »
39 notifications de menaces concernant les produits agricoles ukrainiens en Pologne
Les problèmes relatifs aux produits agricoles ukrainiens ne sont pas nouveaux. Outre la question des prix qui cassent les marchés, celle de la qualité médiocre de ces denrées fait l’objet de signalements depuis plusieurs mois, notamment en Pologne, où Szymon Cienki, porte-parole de l’Inspection sanitaire, a rappelé
« qu’entre janvier de l’année dernière et aujourd’hui, 39 notifications d’alerte ont été enregistrées dans le système RASFF pour des produits détectés en provenance d’Ukraine.
[…] Pour les pays de l’UE, il y a 63 notifications de ce type, qui ne concernent que des produits en provenance d’Ukraine. »
Accord polono-ukrainien sur le transit des céréales
Ce faisant, ces interdictions posent un sérieux problème économique à l’Ukraine, dont elle se serait passée volontiers dans le contexte actuel. En effet, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie représentent entre 8 % et 10 % des exportations ukrainiennes de céréales.
Plus importante encore pour Kiev est cependant la question du transit de ses produits agricoles par l’Europe centrale, ses exportations via les ports de la mer Noire ayant considérablement chuté en raison de la guerre avec la Russie. C’est ainsi que la Pologne et l’Ukraine sont parvenues à un accord à ce sujet, ce mardi 18 avril, en vertu duquel le transit des céréales ukrainiennes par la Pologne reprendra à partir de ce vendredi 21 avril à minuit, sous forme de convois dotés de plombs électroniques munis de GPS afin de s’assurer que ces cargaisons ne font que traverser la Pologne, que ce soit à destination d’autre pays ou jusqu’aux ports de la mer Baltique.
L’annonce de cet accord polono-ukrainien a été très bien accueilli à Bruxelles où la porte-parole de la Commission européenne, Miriam Garcia Ferrer, l’a qualifié de
« premier pas vers le règlement de la situation actuelle »,
tout en rappelant que toute « action unilatérale est inacceptable ».