Hongrie – Les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis ce lundi 22 mai à Bruxelles pour aborder les questions du onzième paquet de sanctions contre la Russie et d’une nouvelle aide militaire à l’Ukraine. Une nouvelle fois, les relations tendues entre Kiev et Budapest se sont invitées dans le débat européen.
C’est ainsi que le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a réitéré la position du gouvernement hongrois à ce sujet : Budapest bloquera cette nouvelle promesse de 500 millions d’euros à Kiev tant que les autorités ukrainiennes placeront la banque hongroise OTP (caisse nationale d’épargne) sur sa liste des « sponsors internationaux de la guerre ».
En effet, l’Agence nationale ukrainienne pour la prévention de la corruption (NAZK) reproche à OTP de continuer de coopérer avec la Russie malgré l’embargo mis en place en raison de l’agression russe contre l’Ukraine, et comme le ministre allemand des Affaires étrangères, Annalena Baerbock l’a souligné ce lundi à Bruxelles, de
« reconnaître la souveraineté russe dans les régions de Donetsk et de Lougansk et accorder des prêts aux soldats russes ».
De son côté, le gouvernement hongrois rejette en bloc toutes ces accusations. À cet égard, une déclaration du conseil d’administration d’OTP Bank en Ukraine, cité par Mandiner le mardi 23 mai, explique :
« OTP Bank respecte les normes juridiques ukrainiennes et internationales dans tous les cas.
[…] le groupe OTP a considérablement réduit sa présence sur le marché russe au cours de l’année 2022 : sa part est tombée à 0,17 %, tandis que son portefeuille de prêts aux entreprises a diminué de 75 % et que les prêts aux personnes morales ont été interrompus.
Les informations concernant la reconnaissance des territoires occupés et les prêts préférentiels à l’armée russe sont erronées !
[…] le groupe OTP soutient publiquement l’Ukraine, condamne fermement la guerre et apporte un soutien financier aux défenseurs, hôpitaux et orphelinats ukrainiens. […]
Nous, OTP Bank Ukraine, continuerons à faire tout notre possible pour la victoire de l’Ukraine ! »
Pour Péter Szijjártó, « les accusations portées contre OTP sont fausses, elles ne reposent sur aucun fait et
nous demandons aux Ukrainiens de retirer OTP de la liste des sponsors internationaux de la guerre. »
La liste ukrainiennes des « sponsors de la guerre » comprend notamment – outre OTP – Leroy Merlin, Mondi Group, Bonduelle, Auchan, ou encore le groupe bancaire autrichien Raiffeisen.
Ce nouveau blocage de la Hongrie intervient après un veto balayé par l’OTAN pour un sommet OTAN-Ukraine début avril, et continue une longue série commencée en 2017. Le gouvernement de Viktor Orbán avait alors décidé d’utiliser tous les moyens légaux en sa possession pour faire pression sur l’Ukraine qui venait d’introduire une loi réduisant le droit de ses minorités nationales d’avoir un enseignement dans leur langue de minorité. Si les russophones étaient bien sûr le cœur de cible, cela a eu des conséquences pour les autres minorités nationales, dont les Hongrois de Subcarpatie (oblast de Zakarpattya). La minorité hongroise est également régulièrement menacée et provoquée, sans réaction suffisante aux yeux de Budapest de la part des autorités de Kiev.