Les Polonais ne veulent pas être contraints d’accueillir des migrants extra-européens. Ils s’y opposent fermement, qu’ils soient sympathisants de Konfederacja, ce groupement d’opposition de droite rassemblant nationalistes et libertariens, du parti social-conservateur Droit et Justice, qui gouverne depuis huit ans, de la Troisième Voie centriste, de la Coalition civique libérale-libertaire de Donald Tusk ou de La Gauche ultra-progressiste.
Un article de Kacper Kita publié originellement en septembre dans l’hebdomadaire conservateur polonais Do Rzeczy et reproduit intégralement en anglais sur Sovereignty.pl. Pour voir la version intégrale en anglais sur Sovereignty.pl, cliquez ici.
Après 1945, les Polonais se sont habitués à vivre dans un pays national homogène qui n’attirait pas les migrants. La situation a grandement changé au cours de la dernière décennie et les immigrants ont commencé à arriver, d’abord d’Ukraine, puis de destinations plus exotiques, y compris de pays musulmans.
Jusqu’à présent, aucun sondage d’opinion n’avait été réalisé concernant cette question. Ce manque vient d’être comblé par une enquête commandée auprès du Panel national de recherche Ariadna (Ogólnopolski Panel Badawczy Ariadna) par la Fondation Équipe de recherche indépendante (Fundacja Niezależny Zespół Badawczy) et le site web Nowy Ład. Les résultats de cette étude sont clairs: Les Polonais sont opposés à l’immigration et rejettent fermement l’immigration extra-européenne.
À la question « Êtes-vous favorable à l’immigration en provenance du Pakistan et du Bangladesh? », 11 % des personnes interrogées ont répondu par l’affirmative et 89 % par la négative. 10% sont favorables à l’arrivée de personnes en provenance d’«autres pays musulmans», tandis que 90% s’y opposent. L’opinion des Polonais est donc claire, et ce quels que soient leur sexe, leur âge, leur niveau d’éducation et la taille de leur municipalité de résidence. Il y a en effet peu de différences entre les personnes interrogées et au moins 85 % d’entre elles sont hostiles à l’immigration musulmane en Pologne.
Cette immigration est rejetée par les électeurs de tous les partis représentés au parlement polonais, de gauche comme de droite: 99% des électeurs de Droit et Justice (PiS), 96% des électeurs de Konfederacja, 92% des électeurs de la Troisième Voie, 77% de ceux de la Coalition civique (KO) et 68% de ceux de La Gauche, rebaptisée Nouvelle Gauche pour les élections parlementaires du 15 octobre.
Les Polonais ne sont que légèrement moins sceptiques à l’égard des migrations en provenance d’autres pays : 88% sont opposés à l’accueil de migrants en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient, une opposition qui atteint 86% pour l’Inde, 84% pour le Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) et 82% pour l’Amérique du Sud. Même les chrétiens d’Asie ne sont pas les bienvenus en Pologne pour 79% des personnes interrogées.
Le seul pays d’origine bénéficiant d’un plus grand soutien est l’Ukraine. « Seulement » 60% des personnes interrogées sont opposées à l’accueil durable des Ukrainiens et 40% y sont favorables. Les Polonais sont plus favorables (46%) à l’immigration ukrainienne que les Polonaises (34%). Le taux de réponses favorables à l’immigration en provenance d’Ukraine augmente avec l’âge des personnes interrogées, avec 45% de personnes favorables dans le groupe d’âge des 55 ans et plus, mais seulement 34% parmi les 18-24 ans.
C’est au sein de l’électorat de Konfederacja que l’immigration en provenance de l’Ukraine suscite le plus de réticences, avec 76% d’opinions défavorables. Les réponses négatives sont également majoritaires parmi les électeurs du PiS (58%) et de Troisième Voie (55 %). Les partisans de la Coalition civique sont à 52% favorables à l’immigration ukrainienne contre 64% pour les électeurs de La Gauche.
L’affirmation selon laquelle « en Pologne, il devrait être possible de construire des mosquées financées entièrement ou partiellement depuis l’étranger » est approuvée par 8% des personnes interrogées, tandis que 92 % sont contre (ce pourcentage de voix contre ne descend jamais en dessous de 86% quel que soit le parti pour lequel les Polonais votent). 69% des personnes interrogées sont opposées à l’idée de faciliter l’acquisition de la citoyenneté par les étrangers. L’affirmation : « Les étrangers devraient pouvoir obtenir la citoyenneté le plus rapidement possible sans avoir à satisfaire à des exigences élevées » n’est soutenue que par 4% des personnes interrogées. La plupart des Polonais interrogés considèrent que la loi existante est trop libérale.
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L’attitude des Polonais à l’égard de la protection sociale des migrants est sans équivoque. La phrase « Les immigrés devraient avoir le même accès aux prestations (p.ex. aux allocations familiales ou aux crédits à taux préférentiel pour l’achat du premier logement) que les Polonais » est rejetée par 89% des personnes interrogées. Au sein de chaque catégorie de sexe, d’âge, d’éducation et de lieu de résidence, au moins 85% n’étaient pas d’accord avec cette affirmation. Accorder les mêmes avantages aux immigrés qu’aux Polonais est rejeté par 98% des électeurs de Konfederacja, 96% des électeurs du PiS, 88% des électeurs de Troisième voie, 82% des électeurs de la Plateforme civique et 71% de ceux de La Gauche.
La crainte d’une dérive à l’occidentale
Il ne s’agit bien sûr que d’un sondage d’opinion, mais il suggère une déconnexion massive entre les citoyens et une partie des élites politiques, médiatiques et économiques. C’est pourquoi la politique de la Pologne en matière d’immigration devrait être soumise au sondage le plus sérieux et le plus incontestable : un référendum sur les orientations à prendre en matière d’immigration légale de main-d’œuvre, d’acquisition de la citoyenneté et de droits sociaux des immigrés.
En effet, à mesure que le niveau de vie de sa population augmente, la Pologne court le risque de subir la même évolution que les pays d’Europe occidentale. Il n’y a jamais eu de référendum sur la politique migratoire en France, au Royaume-Uni ou en Allemagne. L’idée d’un référendum commence seulement à percer sur les bords de la Seine, où 64% des personnes interrogées (et probablement autour de 70-80% des Français d’origine européenne) sont favorables à l’arrêt de l’immigration extra-européenne.
Les décisions visant à installer des dizaines de millions d’immigrants n’ont jamais fait l’objet d’un mandat démocratique dans ces pays. Les hommes politiques ont pris ces décisions de manière opaque sous la pression des lobbies désireux d’importer une main-d’œuvre bon marché et sous la pression du chantage moral de la gauche antinationale.
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Malheureusement, même la droite polonaise ne manque pas de partisans d’une reproduction des politiques migratoires occidentales. Nombreux sont ceux qui pensent que les problèmes sont uniquement liés à l’immigration clandestine ou qu’ils peuvent être réduits aux questions d’aide sociale. Or le problème fondamental est lié à l’immigration légale depuis des régions qui nous sont culturellement étrangères, menée à une échelle qui empêche l’intégration (sans parler d’assimilation).
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Le scepticisme à l’égard de l’immigration ne découle pas d’un sentiment de supériorité à l’égard des autres cultures. Au contraire, il découle de la conscience qu’aucun être humain n’est une tabula rasa, que chaque personne est façonnée dans une culture particulière, et que la perspective de « devenir polonais » n’a pas un attrait tel que les gens d’une autre civilisation abandonneront par millions leurs propres racines. D’autant plus qu’avec les technologies modernes, les immigrés peuvent aujourd’hui facilement rester en contact avec leur civilisation d’origine. Grotesque est l’argument concernant les Tatars, musulmans assimilés en Pologne depuis des siècles, mais qui représentent… 0,0047% de la population du pays.
L’assimilation, par laquelle des Allemands, des Arméniens ou des Juifs ont adopté la culture et la langue polonaises, doit être distinguée de l’intégration multiculturelle. Dans ce dernier cas, les immigrants et les autochtones sont destinés à faire l’objet d’une ingénierie sociale en parallèle, le produit final recherché étant un peuple capable de coexister pacifiquement parce que dépouillé de ses identités religieuses et nationales. On peut assimiler des individus et des familles de toute origine, mais pas des millions de personnes transportées d’un bout à l’autre du monde.
L’économie souffrira-t-elles d’un manque d’immigrants ?
On entend très souvent dans le débat public l’argument selon lequel l’accueil de migrants est une nécessité pour sauver l’économie dans notre contexte démographique difficile. Le sondage cité plus haut posait la question suivante aux Polonais: « Quelle orientation devrait prendre la Pologne en matière de développement démographique? » Il y avait trois réponses au choix. La solution de « répondre aux pénuries de main-d’œuvre par l’immigration » a été choisie par 13,5% des personnes interrogées. 38,8 % des personnes interrogées estiment qu’il faut « allouer des ressources importantes pour encourager les Polonais à avoir des enfants et soutenir les familles polonaises ayant beaucoup d’enfants ». Le plus grand nombre – 47,7% – opte pour « les investissements dans l’innovation et l’automatisation du travail ».
Dans ce contexte, n’y a-t-il vraiment aucune alternative à l’immigration? Si l’absence d’immigration a des conséquences si désastreuses, attendons donc de voir si, après quelques années sans immigration, les Polonais commencent à réclamer des masses de Bangladais.
Les personnes désireuses de s’installer en Pologne sont aujourd’hui bien plus nombreuses que les Polonais, et les milieux d’affaires tout comme la gauche vont continuer à faire pression. L’immigration est donc une question clé pour les années à venir. Cependant, les « experts » et les conventions internationales ne doivent pas prendre le pas sur la volonté de la grande majorité de la population, en tout cas si nous prenons la démocratie au sérieux. Les Polonais méritent d’avoir leur pays à eux.
Version intégrale (en anglais) sur Sovereignty.pl
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Traduction : Visegrád Post