Hongrie – Le gouvernement hongrois en fait-il trop dans la lutte contre le Covid-19 ? Une polémique a éclaté cette fin de semaine pascale au sujet de la révocation subite prononcée par le ministre des Ressources humaines (regroupant le portefeuille de la santé, entre autres) Miklós Kásler à l’encontre de Péter Cserháti, directeur général de l’Institut national de réadaptation médicale (Országos Orvosi Rehabilitációs Intézet, OORI) contre laquelle s’insurgent les médias d’opposition et une partie du corps médical.
Selon les autorités hongroises, ce licenciement a été motivé par le fait que dans la situation d’urgence épidémiologique dans laquelle se trouve la Hongrie – qui se prépare à devoir affronter plus sérieusement le coronavirus Covid-19 dans les jours et semaines à venir – M. Cserháti ne se serait pas conformé aux instructions du Centre national de santé publique concernant l’épidémie. Il est attendu que l’Institut fournisse plus de deux cents lits au 15 avril et M. Cserháti n’en aurait même pas offert le dixième pour le moment. Sauf que libérer des lits signifie mettre des patients dehors.
Comme on pourrait s’y attendre, la version opposée est sensiblement différente de celle du gouvernement. Les employés de l’OORI ont spontanément organisé une manifestation de soutien à M. Cserháti devant l’établissement et adressé une lettre ouverte au Premier ministre : «… nous avons été profondément choqués par la décision de Miklós Kásler […] non fondée et totalement injuste. Les allégations décrites dans la justification du licenciement sont rejetées avec la plus grande fermeté. […] conformément au calendrier adopté le 10 avril, nous libérerons 233 lits d’ici le 15 avril 2020. Le bâtiment principal est en cours d’évacuation […] »
Le directeur général de l’OORI, Péter Cserháti, aurait seulement fait pression pour que les patients devant faire de la place à ceux du coronavirus à venir ne soient pas simplement renvoyés dans leur foyer mais bénéficient tout de même des soins dont ils ont besoin.
Une décision qui interroge alors que les hôpitaux hongrois ne souffrent d’aucune congestion. Au contraire, les médecins à travers tout le pays n’ont jamais eu aussi peu d’activité.
L’obsession de trop bien faire ? La peur de la faute et des foudres des sur-puissants médias libéraux nationaux et internationaux qui n’attendent que ça ? Le spectre de l’élection de 2022 ? Situation difficile pour le gouvernement conservateur hongrois qui, après avoir aplani la désormais fameuse courbe, doit réussir à tenir sur plusieurs mois ses mesures. Pendant ce temps-là, les autres soins sont à l’arrêt. Cet état de fait ne concerne bien entendu pas que la Hongrie, la situation étant sensiblement la même dans la plupart des pays occidentaux, mais le contexte particulièrement tendu de la politique interne hongroise fait de cette question un sujet important.