Autriche – Entretien avec Amer Albayati, musulman libéral autrichien vivant à Vienne: « Les socialistes et les Verts soutiennent les islamistes pour obtenir plus de votes ».
Ferenc Almássy a rencontré le Dr Amer Albayati à Vienne en mai et a eu la dernière entrevue avec lui avant que le docteur Albayati ne retourne à une vie sous protection policière pour des raisons de sécurité.
Dr Amer Albayati : J’ai vécu sous la protection de la police pendant sept mois, avec deux personnes armées de mitrailleuses à ma porte le matin. Je devais porter des gilets pare-balles la plupart du temps. Quand je devais faire une conférence, un garde du corps m’accompagnait à chaque fois. J’ai donc dit: « Assez, je ne peux pas vivre comme ça ». Mais je suis toujours prudent.
Personne ne sait où je vis, car j’ai du me trouver une nouvelle adresse à cause des menaces de l’État islamique. Je dois faire très attention quand je déménage ou quand je voyage. Mais je préfère ne plus parler de ma sécurité.
Ferenc Almássy : Je comprends. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous avez reçu ces menaces ?
Dr Amer Albayati: Parce que j’aimerais réformer l’Islam. J’aimerais changer l’Islam, le moderniser, le rendre compatible avec les lois européennes.
Il n’y a pas de réforme dans l’Islam, comme les réformes de Luther dans le christianisme et même des Juifs dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ils ont gardé les livres – je voudrais faire le même chose que les Juifs, garder le livre – mais tout le monde peut se demander ce qui est correct ou non pour la religion, etc.
L’Islam a plus d’un millier d’années et les clercs tels que les salafistes n’ont pas l’intention de faire de réforme. Il y a des réformistes dans des pays comme l’Egypte ou le Soudan, ou l’an dernier, même au Pakistan, mais lorsqu’ils ont parlé de réformes, ils ont été tués. C’est pourquoi ils aimeraient aussi me tuer, je suppose. Il y a des gens d’Autriche qui ont combattu aux côtés des djihadistes en Syrie ou en Irak. Je crains qu’ils me ciblent parce que mon influence ici est forte.
FA : Qu’est-ce qui vous a amené en Autriche ?
Dr Amer Albayati : J’ai étudié à Bagdad, puis en Allemagne et en Autriche. Ensuite, je suis rentré chez moi et j’ai travaillé comme directeur de télévision. Mais j’ai décidé de quitter l’Irak, car il n’y avait aucune possibilité de vivre de manière démocratique et je suis venu en Autriche en 1980. Avec le début de la guerre iranienne, je pensais que c’était la fin de l’histoire pour l’Irak. C’est pourquoi je suis venu ici. J’ai commencé en tant qu’éditeur, j’ai publié cinquante livres et magazines et travaillé par exemple pour la radio allemande Deutsche Welle, mais aussi pour le service de la BBC War pendant longtemps.
Pour revenir au sujet de la réforme … Il est difficile de parler de la réforme de l’Islam. En fait, au sens littéral, l’Islam ne peut pas être réformé. Mais nous pouvons éclairer les gens, en particulier les personnes issues de cultures non arabes telles que les Turcs ou les Tchétchènes ou les Bosniaques – il y en a beaucoup en Autriche. Ils ne parlent ni ne comprennent la langue arabe comme moi ou mon peuple. Par exemple, nous pouvons leur expliquer ce que telle ou telle chose signifie dans le Coran.
Cependant, ne pas réformer l’Islam est un problème pour de nombreuses raisons. Par exemple, vous ne pouvez pas séparer le djihad et l’Islam historiquement, mais aujourd’hui, nous vivons des temps différents, et il n’y a pas de place pour le djihad. Aujourd’hui, le djihad signifie la terreur, car il invite à tuer des gens. L’Islam réel n’ordonne pas de tuer les gens.
Je pense qu’il est absolument nécessaire de réformer l’Islam en convainquant les gens, en particulier les musulmans vivant en Europe. Les musulmans ne peuvent pas venir en Europe et imposer la loi de la charia aux Européens. Nous sommes contre la charia en Europe. Ce dont nous avons besoin, ce sont des musulmans séculiers.
FA : Vous pensez que l’Islam ne peut être toléré en Europe que de manière séculaire ?
Dr Amer Albayati : Peut-être. Le problème est que l’Arabie saoudite avec son argent, et la Turquie avec sa politique et la majorité des musulmans ici, font du lobbying et influencent les partis politiques dans ce pays. Beaucoup de politiciens font des concessions en espérant recevoir les votes des musulmans, mais la plupart des musulmans sont des travailleurs simples et je ne pense pas qu’ils répondront aux attentes des partis politiques et leur donneront leurs votes. La plupart des femmes, par exemple, ne vont pas voter.
Notre réforme doit atteindre le peuple, afin de leur expliquer que les salafistes ou les clercs islamiques ne leur disent pas la vérité.
FA : L’Autriche a une nouvelle loi concernant l’Islam, la « Islamgesetz ». Quelle est votre opinion sur cette loi ?
Dr Amer Albayati : C’est une erreur historique, car elle donne le pouvoir aux organisations de l’Islam politique comme ATIB, qui est liée à Ankara à travers Diyanet, la «Présidence des affaires religieuses» turque. Peter Pilz, l’ancien politicien vert, a été le premier politicien autrichien à expliquer au grand public que beaucoup de personnes d’ATIB sont en fait des espions turcs. De la même manière, les Bosniaques (musulmans de Bosnie) sont influencés par Sarajevo. Ce type d’influence étrangère est inacceptable et devrait être efficacement interdit par la nouvelle loi sur l’islam. Cependant, les autorités autrichiennes n’ont pas encore signé de dispositions juridiques pertinentes.
Non seulement l’organisation nationaliste et fondamentaliste turque Millî Görüş est présente ici en Autriche, mais aussi les Frères Musulmans, les Salafistes et des membres du Hamas. De nombreux musulmans individuels ici en Autriche sont liés à des djihadistes … même des gens que je connais ou des personnes avec qui j’avais l’habitude d’aller à la Mosquée.
FA : Comment les terroristes de l’État islamique peuvent-ils revenir en Autriche sans problème ?
Dr. Amer Albayati : Pour autant que je sache, environ trois cents sont revenus. La police admet un chiffre beaucoup plus petit, mais à mon avis 300 n’est pas exagéré. Certains d’entre eux quittent le pays en disant qu’ils partent en vacances. Mais ils vont en fait rejoindre les combattants de l’Etat islamique.
FA : Que devraient faire les autorités autrichiennes ?
Dr. Amer Albayati : Ils ne devraient pas écouter les Frères Musulmans et l’Islam politique. Le gouvernement et les partis politiques ne savent vraiment pas comment traiter les dilemmes liés à l’Islam. Nous les avons avertis à plusieurs reprises en vain. Mais je pense que les prochaines élections apporteront des changements.
Les socialistes et les Verts soutiennent même les islamistes pour obtenir plus de votes. Le Parti du Peuple (ÖVP) essayait également de le faire, mais avec leur nouveau président Sebastian Kurz, les choses peuvent changer.
Les choses doivent absolument changer. Je ne veux pas changer la culture chrétienne de l’Autriche. Les salafistes essaient de convertir les adolescents, et les Frères Musulmans impliquent de jeunes gens intelligents dans les partis politiques … ils ont de l’argent et des décennies d’expérience.
Mais je vois que les pays européens comprennent maintenant qu’il y a un problème.
FA : Vous espérez que les gouvernements européens agiront contre de telles organisations ?
Dr. Amer Albayati : Les gouvernements ont peur. Et les gens craignent aussi de bouger pour changer les choses. C’est grave. Les salafistes et les Frères Musulmans essayent de me tuer, mais je vais pourtant régulièrement parler aux médias dire ce que je pense.
Et même s’ils n’apportent pas encore la loi islamique, ils apportent leur culture et leurs traditions, d’Anatolie, de Bosnie ou du Caucase. Et c’est une mauvaise chose.
FA : combien de personnes font partie de votre mouvement réformiste ?
Dr. Amer Albayati : Seulement très peu. Tout le monde a peur. C’est la même situation en Allemagne et en Suisse. Il n’y a que très peu de personnes qui osent parler. Ils ont peu de soutien, car ils ne constituent pas une communauté forte. Il n’y a qu’un soutien pour les radicaux, qui ont aussi droit à l’argent. Par exemple, ils ont notamment des entreprises comme les boutiques de change de devises qui ont été utiles lorsque les réfugiés sont venus car ils ont transféré beaucoup d’argent grâce à ces réseaux.
FA : Ce mouvement réformiste n’existe qu’en Autriche, en Allemagne et en Suisse ?
Dr. Amer Albayati : Il n’y a pas de mouvement. Vous ne pouvez pas réformer l’Islam, mais nous devons éduquer les gens au sujet de l’Islam. Cependant, toute tentative de réforme de l’Islam est un danger comme je vous l’ai dit, car si vous voulez changer quelque chose dans l’Islam, ils vous tueront.
Nous avons parlé de la réforme de l’Islam par rapport à l’éthique et la morale européennes, mais en fait, nous voulons réformer les gens. Ils doivent savoir que les traditions ne sont pas la religion. Ils doivent se débarrasser des mauvaises interprétations de l’Islam.
FA : Vous n’êtes pas contre l’immigration elle-même ?
Dr. Amer Albayati : L’immigration doit être contrôlée. Si vous acceptez les personnes ici, elles doivent être intégrées et obtenir un emploi. Mais il est triste de constater que les partis politiques sont divisés sur le sujet de la crise des migrants. Lorsque le gouvernement a tenté de fermer la route des Balkans, il y a eu des objections de tous les camps politiques. Ce n’était pas une question de droite ou de gauche.
Nous sommes encore plus divisés depuis les élections présidentielles qui ont amené Van der Bellen au pouvoir. Il a appelé les femmes autrichiennes à porter des foulards, afin de soutenir les femmes musulmanes. Il avait vraiment tort. Il n’est pas nécessaire de parler des foulards ou de l’islamophobie.
Le concept d’islamophobie a été artificiellement mis en place lors d’une conférence islamique en 2007 à Istamboul par les Frères Musulmans et a toujours été soutenu par l’Arabie saoudite et la Turquie. Ce concept est utilisé pour empêcher les critiques contre l’islamisation.
FA : Certaines personnes en Europe sont très opposées à l’Islam, et je suppose qu’elles ne veulent même pas entendre parler de votre façon de pratiquer l’Islam. Peut-être que ces personnes-là pourraient être appelés « islamophobes » ?
Dr Amer Albayati : Même mes amis et moi-même sommes qualifiés d’islamophobes. Je ne pense pas qu’il y ait des gens en Europe qui sont vraiment des islamophobes. Je pense que ce mot a simplement pour but de museler les critiques. Il y a la liberté de pensée en Europe, et on devrait permettre de critiquer l’Islam, c’est notre bon droit.
L’islamophobie est un outil métapolitique. Exactement comme le voile, ou le burkini. Ce sont des outils des Frères Musulmans. Ce qu’ils font ici en Europe, comme la mise en scène de manifestations contre les gouvernements, ils ne pouvaient pas le faire dans leurs pays d’origine. Lorsque Sebastian Kurz a fait un commentaire contre le voile, ils ont protesté. Mais ils veulent toujours des subventions gouvernementales, ce qui démontre leurs véritables intentions.
Aucun politicien, aucun journaliste n’a jamais demandé combien de personnes forment la soi-disant communauté islamique. En réalité, ce ne sont que très peu d’individus. Même les Frères Musulmans en Autriche, selon leur page d’accueil, ne comptent que 9 membres. Mais ils obtiennent des millions et des millions de subventions.
Toutes les mosquées en Autriche sont détenues ou contrôlées par ATIB, Millî Görüş ou les Frères Musulmans. Certaines appartiennent également à des Tchétchènes, des Bosniaques ou des Albanais. Mais la plupart d’entre elles appartiennent à des islamistes.
FA : Depuis quand avez-vous fait la promotion du concept de réforme de l’Islam ?
Dr. Amer Albayati : Depuis 2000. Nous avons commencé à faire des analyses de la situation mondiale, puis, un an plus tard, le 11 septembre s’est produit. À partir de ce moment-là, j’aide également les services de renseignement et le Bureau du gouvernement pour la lutte contre le terrorisme. Avant chaque attentat important – comme ceux de Paris, Londres, Bruxelles … – j’ai prédit les attaques en fonction de mon analyse des réseaux Internet, et j’ai informé les autorités en conséquence.
Certains islamistes ont un plan pour conquérir l’Europe et ils sont maintenant entre la sixième et la septième étape de la réalisation de leur plan. Ce qui signifie une guerre ouverte contre l’Europe. L’organisation terroriste de l’État islamique est maintenant en guerre ouverte avec l’Europe.
Je ne pense pas qu’ils puissent gagner contre l’Europe. Mais l’Europe a perdu sa sécurité et son mode de vie serein. Depuis le début de l’acceptation massive des migrants en Europe, j’ai averti les politiciens : n’ouvrez pas les portes sans contrôle. Nous savons que parmi les réfugiés, il y a des terroristes. C’est inacceptable.
Nous, les musulmans libéraux, sommes venus ici pour éviter de vivre dans des conditions telles que dans nos propres pays. Nous ne voulons donc pas que ces conditions se répètent ici en Europe. L’islam devrait être une affaire entre les êtres humains et Dieu, mais sans un médiateur tel que l’église, un prêtre ou une hiérarchie de clercs. Toute personne dans une mosquée peut être un imam, s’il est accepté comme tel. Le comprenez-vous ?
FA : Alors, vous vous opposez au phénomène de la migration de masse ?
Dr Amer Albayati : Oui, et surtout parce que ce n’est que le début. J’ai averti les gens que nous devons prendre des mesures tant que nous pouvons encore le contrôler. Une fois qu’ils sont ici, et qu’ils ne travaillent pas, ils obtiennent beaucoup d’aide de l’État et découvrent qu’en faisant des enfants, ils peuvent obtenir plus d’argent que les indigènes qui ont travaillé pendant quarante ans, … cela ne créera que des troubles sociaux et la haine.
Si l’Autriche ne peut pas résoudre ce problème, cela pourrait se terminer par une confrontation. Cela pourrait conduire à l’insurrection de nouvelles organisations qui organisent des attaques contre des migrants et des réfugiés. En revanche, comme l’a communiqué le ministère de l’Intérieur, il y a vraiment un pourcentage élevé de criminalité chez les migrants et les réfugiés.
FA : Quel est votre avis sur Viktor Orbán et sa politique vis-à-vis de l’immigration ?
Je pense que Viktor Orbán connaît mieux le problème que les autres. Et parce qu’il n’y a pas une grande communauté islamique en Hongrie, il s’est senti libre d’agir comme il le fait maintenant. Mais ici en Autriche, les autorités ont peur de la communauté islamique. Pour cette raison, ils savent qu’ils ne peuvent pas parler ou agir comme Orbán l’a fait.
FA : Donc, fondamentalement, vous pensez que les politiciens occidentaux craignent la communauté musulmane de leur pays et ne peuvent donc pas agir comme ils le devraient en ce qui concerne des sujets tels que la migration ?
Dr Amer Albayati : Oui. Regardez les pays de l’ancien bloc de l’Est. Ils n’ont pas peur de s’exprimer sur ces sujets, car ils n’ont pas trop d’immigrants des pays islamiques ou arabes. Orbán a raison de faire tout son possible pour aider son pays. Il veut éviter de voir la Hongrie dans la même situation que l’Occident.
Mais je ne veux pas apparaître comme partisan ni participer à la politique. Je voudrais rester un activiste pacifique et indépendant.
FA : Voyez-vous une radicalisation chez les Bosniaques aussi ? Et comment voyez-vous la situation en Bosnie ?
Dr. Amer Albayati : Oui, parmi les Bosniaques, et parmi les Turcs, les Arabes, les Tchétchènes, les Albanais … mais nous devons toujours faire attention. Cette situation est créée par des organisations telles que les Frères Musulmans qui prétendent représenter tous les musulmans et sont enregistrés comme organisations culturelles afin d’obtenir de l’argent de l’État et, malgré la loi sur l’Islam (Islamgesetz), les autorités autrichiennes leur permettent d’opérer des mosquées … Même si elles sont enregistrées comme organisations culturelles. La loi sur l’Islam est une grande erreur historique.
Il y a trop d’influence en Bosnie de l’Arabie Saoudite, également de l’Iran, mais les Saoudiens investissent plus d’argent que l’Iran. Ils ont tous deux une influence considérable. La Turquie est plus concentrée sur les pays occidentaux, ils n’ont pas une communauté assez forte en Bosnie pour faire leur lobbying habituel là-bas.
J’ai écrit un article pour un magazine d’information sur le fait que de nombreux combattants arabes se sont installés en Bosnie. Je l’ai également mentionné aux médias traditionnels, mais personne ne s’en souciait. Je suis vraiment préoccupé par l’avenir. Les gens ont peur de changer leurs habitudes, même les intellectuels. Bien que nous connaissions beaucoup de choses sur les radicaux et les terroristes … personne n’est disposé à changer. C’est l’une des racines des problèmes actuels.
FA : Si vous pouviez faire une nouvelle loi sur l’Islam, qu’y mettriez-vous? Quel serait une bonne Islamgesetz pour vous ?
Dr Amer Albayati : Je ne ferais rien. Nous n’avons pas besoin d’une telle loi. Parce que, comme je vous l’ai dit, l’Islam n’a pas sa place en Autriche ni en Europe. Peut-être que Sebastian Kurz changera cette loi. Les gens dont nous avons parlé, les radicaux, ont déjà organisé des manifestations contre lui. Il a finalement compris qu’il était erroné de soutenir ces groupes.
FA : D’ailleurs, les relations entre l’Autriche et la Turquie sont devenues assez mauvaises récemment.
Dr. Amer Albayati : Cela peut changer les choses. Kurz est maintenant beaucoup plus prudent qu’auparavant. Il a coopéré avec les socialistes sur ce sujet, ce qui était une erreur. Mais maintenant, il semble que nous puissions placer en lui certains espoirs. En tout cas, il devra agir, pas seulement parler.
FA : Pensez-vous que les conflits religieux pourraient réapparaître en Europe en raison de l’Islam ?
Dr. Amer Albayati: Les églises chrétiennes prétendent qu’il n’y a pas de problème. Ils demandent toujours de l’argent, en revendiquant 5 millions de membres, mais il n’y a personne qui va à l’église. Je les appelle chrétiens culturels. Et comme les églises sont vides, ils donnent des églises aux chrétiens orthodoxes de Roumanie ou des pays arabes. L’Église est faible en Autriche et en Europe dans son ensemble. Il en est peut-être autrement en Pologne ou en Hongrie.
Je pense que les églises chrétiennes aiment aussi travailler avec les réfugiés pour obtenir de l’argent. Et pour cette raison, ils s’entendent avec certaines organisations islamiques politiques. C’est une grave erreur. Mais il semble qu’ils n’ont pas d’autre moyen de survivre.
Nous sommes confrontés à des changements dans la politique, la religion et la société. Et personne ne peut dire ce que sera l’avenir. Mais je crains que les problèmes ne deviennent des conflits, et que ces conflits provoqueront des confrontations partout où ils n’ont pas résolu cette situation.
FA : Que faites-vous en plus d’informer les gens ?
Dr. Amer Albayati : Nous devons changer les habitudes des gens. Je connais beaucoup de femmes qui se forcent elles et leurs filles à porter le voile, sans lequel elles ne peuvent pas se marier. C’est injuste, nous sommes en Europe. De plus, cela se produit avec le soutien des autorités européennes. Mais il y a d’autres exemples : un directeur d’école a interdit le foulard pour les enfants dans son école, et de nombreux musulmans nous ont dit qu’ils pensaient que c’était une bonne chose ! Cela signifie qu’il y a une chance de changement.
J’ai eu une conférence au Parlement européen l’année dernière, où j’ai déclaré que les Frères Musulmans et d’autres radicaux obtiennent de l’argent de l’UE et que cela est inacceptable. La loi de la charia n’est pas compatible avec les lois en Europe.
Je viens d’Irak. Mon père est originaire d’Irak, ma mère d’Istamboul. Mais mes origines ne sont pas pertinentes pour moi en tant que fidèle citoyen autrichien. Ma fidélité à l’Autriche est plus importante que toute autre chose. Je suis un musulman séculier, et je ne veux pas la loi de la charia. Même les pays arabes musulmans n’ont pas la charia, alors pourquoi devrait-on l’appliquer ici ?
FA : Est-ce une obligation pour un musulman de se battre pour la charia ?
Dr. Amer Albayati : À l’avenir, si les organisations politiques musulmanes continuent, peut-être qu’elles se battront pour la loi de la charia et pour avoir un Etat califat. Ils diront que c’est une obligation pour les musulmans de se battre pour cela. Mais nous sommes des musulmans séculiers, et nous n’acceptons pas tout de la religion, nous devons penser à ce qui est bon et à ce qui ne l’est pas.
Je suis étonné de voir tout ce qui en Autriche est fait pour les radicaux, même en prison. Le président autrichien, Van der Bellen, qui a invité toutes les femmes à porter un foulard pour lutter contre la discrimination a commis une faute, ce n’était rien d’autre que jouer le jeu des radicaux et des Frères Musulmans, comme je l’ai expliqué. En ce qui concerne l’islamophobie, ce n’est qu’un outil métapolitique, et nous ne devons pas permettre à ces gens de museler tous ceux qui ne correspondent pas à leur vision.