Article paru dans le Magyar Nemzet le 10 janvier 2022.
Alors même qu’il s’efforçait de dissiper les rumeurs l’accusant d’antisémitisme, Péter Márki-Zay a refait le coup : il s’en prend une fois de plus aux Juifs. Dans son habituelle vidéo du dimanche soir, le candidat de la gauche au poste de Premier ministre a affirmé que, bien qu’il n’ait lui-même pas pour habitude de reprocher aux hommes du FIDESZ leurs orientations sexuelles ou leurs origines, le fait est que le FIDESZ compte quelques juifs dans ses rangs, quoiqu’ils ne soient pas très nombreux. Ces propos ont suscité les réactions de nombreux hommes politiques, d’organisations et de personnalités de la gauche libérale, qui condamnent cette nouvelle glissade antisémite du candidat au poste de Premier ministre.
Ça s’arrête toujours au meilleur moment. J’attends dimanche avec impatience, étant donné que c’est peut-être là qu’on apprendra la vérité : le FIDESZ a-t-il en son sein davantage de juifs, ou davantage d’homosexuels ?
– telle fut, sur Facebook, la réaction d’András Schiffer, ancien président du parti [centriste-écologiste – n.d.t.] LMP, pour qui les saillies de Márki-Zay commencent à ressembler à une bonne série.
– Le Zsima [abréviation de Magyarhoni Zsidó Imaegylet, « Cercle de prière Juif de Hongrie » – n.d.t.] déclare que ces derniers temps, il voit, avec une inquiétude croissante se multiplier, pour des raisons politiques, les tentations de restreindre ces droits fondamentaux que sont la liberté d’expression et d’opinion – peut-on lire dans un communiqué de cette organisation, présidée par Tamás Róna, qui nous rappelle que
« nous en trouvons un exemple alarmant dans les attaques visant László Bernát Veszprémy, qui a attiré l’attention sur les déclarations intolérables et l’activité de plus en plus virulente de personnalités antisémites et extrémistes.
Le Zsima trouve, en outre, dangereuses les affirmations des forces politiques susmentionnées qui se déclarent prêtes à s’allier « même avec le Diable », et, dans l’intérêt de la poursuite de leurs objectifs, à coopérer même avec des extrémistes coutumiers des menaces et de l’incitation à la haine. – « Une expérience au goût amer ayant appris à la communauté juive de Hongrie où mènent les discours de haine, nous refusons que des groupes ethniques et des couches de la société soient affublés de qualificatifs négatifs, ou qu’on dresse les gens les uns contre les autres. »
Quant au leader d’opinion de gauche Zoltán Ceglédi, il a réagi sur Facebook aux propos de Márki-Zay, par une simple question – mais qui en dit long :
« Est-ce que János Áder [président de la République de Hongrie – n.d.t.] ne pourrait pas plutôt fixer la date des élections [législatives, prévues pour avril 2022 – n.d.t.] à dimanche prochain, pour que cette histoire se termine ? »
Mais, du côté de la gauche libérale, Ceglédi n’est pas le seul à se sentir incapable de laisser passer sans mot dire le numéro de Márki-Zay. Là encore sur Facebook, Hont András a fait savoir qu’il commençait à éprouver un véritable malaise du fait des déclarations de Márki-Zay. Pour citer son statut :
« Et voici venue l’habituelle vidéo dominicale, d’où il ressort que MZP [sigle par lequel il est désormais courant de désigner Péter Márki-Zay en Hongrie – n.d.t.] tient la liste des juifs du FIDESZ. Il l’a dit mot pour mot : ‘le fait est que le FIDESZ compte quelques juifs dans ses rangs, quoiqu’ils ne soient pas très nombreux’. Du coup, son prochain décompte concernera qui ? »
C’est, en effet, ce qu’a déclaré Péter Márki-Zay dans son habituelle vidéo du dimanche soir. Le candidat de la gauche au poste de Premier ministre s’efforçait par là de réagir aux accusations d’antisémitisme dont il fait l’objet, mais ses explications se sont embourbées : il s’en est à nouveau pris aux Juifs.
Comme on le sait, László Bernát Veszprémy, qui publie aussi dans Mandiner, dans un article publié par le Times of Israel, énumérait, entre autres, tous les politiciens antisémites avec lesquels Péter Márki-Zay s’est fait prendre en photo et a collaboré par le passé. La liste est longue : on le voit par exemple en compagnie de Tamás Sneider, ancien skinhead et ancien président du Jobbik. Sa campagne a reçu le soutien de Barna Csibi. Mais il a aussi pris la défense de László Bíró et de Lajos Rig, tous deux membres, eux aussi, du Jobbik (après la publication de cet article, sur les réseaux sociaux, László Bernát Veszprémy a fait – lui ainsi que sa famille – l’objet de menaces de mort.)
« – Figurez-vous que, dans un journal israélien, un menteur qui milite de toute évidence pour le FIDESZ a tenté de me faire passer pour un antisémite. »
– a déclaré, pour seule réaction à tout cela, le candidat de la gauche unie au poste de Premier ministre, dans son live du dimanche soir.
Márki-Zay a ensuite affirmé que ce qu’il reproche en général aux hommes du FIDESZ, c’est leur « banditisme », et non leurs orientations sexuelles ou leurs origines, avant de déclarer que « le fait est que le FIDESZ compte quelques juifs dans ses rangs, quoiqu’ils ne soient pas très nombreux ; personnellement, j’en connais un – et c’est un homme pour lequel j’ai beaucoup d’estime ».
On se souviendra que, suite au scandale Pegasus, Márki-Zay avait publié une photo sur laquelle on voyait Viktor Orbán debout devant un chandelier à sept branches. À l’époque, cette publication lui avait valu des commentaires du grand-rabbin Róbert Frölich, ainsi que de György Gábor [homme de radio, ancien chef de la représentation budapestoise de la Commission européenne – n.d.t.].
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Traduit du hongrois par le Visegrád Post