Par Gábor Toth, président de Gateway to Europe Association V4 – Chine.
Hongrie, Budapest – Pendant deux jours, Budapest est devenu le centre d’attention en Europe, alors que le Premier ministre chinois visitait la capitale hongroise pour le sommet 16 + 1. De nombreux articles ont analysé les résultats du sommet, tel que le développement du chemin de fer Budapest-Belgrade, la licence d’exportation de miel et de maïs hongrois, la signature des accords de coopération dans le domaine de l’enseignement supérieur et beaucoup d’autres petites étapes améliorant les relations entre les pays d’Europe centrale et orientale d’un côté et la Chine de l’autre. Les médias libéraux occidentaux ont critiqué l’initiative du Premier ministre chinois, l’accusant d’essayer de diviser l’Europe et d’exercer une pression politique et économique pour obtenir une influence sur le continent européen.
Il faut dire que la plupart de ces entités médiatiques et leurs journalistes n’ont jamais été à Budapest ou dans les CEE, leur point de vue peut donc être considéré pour le moins comme inexact et partial. C’est aussi parce que le monde semble bien différent vu de Hongrie aujourd’hui, bien plus que de n’importe quel autre pays d’Europe. La représentation de la Hongrie par les médias libéraux déprive le spectateur ordinaire des éléments nécessaires à voir les choses clairement, rendant par conséquent difficile de comprendre également le concept de 16 + 1. Il faut creuser en profondeur pour trouver des solutions afin de résoudre ce puzzle vraiment fascinant.
Jetons donc un coup d’œil à cette question du point de vue du hongrois, et essayons de rassembler les pièces de ce puzzle pour y voir plus clair.
Vue de Budapest, la partie occidentale de notre continent semble très perturbée, mal gérée et sur une mauvaise pente. Certains disent que cela est dû à la propagande d’État qui essaie de convaincre les Hongrois que l’Occident est condamné, que les libéraux sont mauvais et ainsi de suite. Cependant, les statistiques et les événements récents prouvent que les peuples des pays occidentaux perdent confiance dans leurs dirigeants et dans leurs élites. Dans leur cœur, ces peuples ne veulent pas permettre que leur continent soit bouleversé. Ils s’opposent aux tentatives de détourner le continent de ses véritables et historiques racines. Cependant, dans la plupart des pays d’Europe, les gouvernements ne sont pas très stables, ils peuvent être considérés comme très divisés, incapables de s’entendre sur des questions fondamentales. Ceci, bien sûr, affaiblit ces nations, et même si dans le cœur des gens, ce qu’ils veulent est clair, leurs dirigeants sont pour le moment toujours assez forts, et pour encore une courte période de temps, ils resteront en place et les choses vont suivre leur cours actuel. Mais alors que cette tendance est en train de changer en Europe et de plus en plus de pays se réveillent, il y a un pays et un peuple qui sont unis, forts, politiquement stables et sages quand il s’agit de problèmes majeurs qui troublent le vieux continent.
Ce pays est la Hongrie, et ces gens sont les Hongrois.
La politique du 16 + 1 et de «l’Ouverture vers l’Est» résulte directement de la faiblesse et de la mauvaise gestion de Bruxelles, car une nation forte et unie recherchera toujours de nouveaux partenaires, de nouvelles alternatives lorsqu’elle reconnaîtra que ses anciens alliés se trompent de direction.
Quel autre choix existe-t-il pour la Hongrie ?
Les dirigeants hongrois essaient de convaincre les dirigeants bruxellois que ce qu’ils font est mauvais pour tous les pays de l’UE, mais en même temps, ils se préparent au pire. Ils peuvent soit aller avec le courant dominant et devenir un pays comme la France ou la Belgique, soit ils peuvent le refuser et rester comme ils l’ont toujours été pendant plus de mille ans.
Bien entendu, les Hongrois ont fait leur choix : rester ce qu’ils sont. Cependant, cela signifie également que de nouvelles alliances doivent être formées, sinon la Hongrie ne pourra continuer à croître et à prospérer.
C’est pourquoi le 16 + 1 est pris au sérieux par la Hongrie et les autres pays d’Europe centrale et orientale, en particulier le groupe Visegrád. Le V4 est en effet au cœur du 16 + 1, en tant que moteur de la croissance en Europe aujourd’hui. Et en tant que locomotive à succès, elle attire la plupart des investissements de la Chine dans la région.
Sur le plan idéologique, la comparaison de l’Europe de l’Ouest et celle « de l’Est » est sans appel : le V4 représente un choix de société saine, sage, culturellement et socialement protégée, et économiquement sereine. Même si cela peut être difficile à croire, la Chine voit aussi cela, et étant l’une des nations les plus pragmatiques, elle montre un énorme intérêt pour cette région. La Chine recherche des partenaires où règnent la sécurité, la liberté, une gestion solide, le potentiel de croissance et le respect mutuel. C’est pourquoi elle a opté pour l’Europe centrale et a fait confiance à ces 16 pays pour comprendre et saisir l’incroyable opportunité qu’ils appellent l’initiative «La ceinture et la route».
Ce sommet de deux jours n’était qu’un élément de ce début de coopération. Alors que l’Occident glisse de plus en plus bas, pris en otage par sa propre idéologie destructrice, l’Orient se lève et construit un nouvel avenir, une nouvelle Europe. Ou plutôt, préserve l’ancienne Europe. L’Europe ne changera pas. Et face à une alternative de la sorte, les Européens choisiront ce qu’ils ont toujours choisi. Ils choisiront en fin de compte de rester un continent d’États-nations forts, de christianisme et de tradition. Les forces qui travaillent à le changer sont vouées à l’échec. Cependant, cela ne signifie pas que les institutions centralisées disparaîtront, mais seulement que celles-ci serviront leur but initial et auront à fonctionner correctement. Le 16 + 1 et la Nouvelle Route de la Soie est l’occasion pour l’Europe de se remettre sur pied et d’être « great again« .
Les pays du V4 ont une opportunité historique d’être les initiateurs de ce changement. Mais saisiront-ils cette opportunité ?
À y regarder de plus près, il semble que ce soit déjà fait…
Photos : page officielle de Viktor Orbán