Hongrie – Depuis la crise migratoire de 2015, la protection des frontières fait partie des questions cruciales pour le gouvernement hongrois. C’est ainsi que ce lundi 27 juin, en réponse au discours de László Toroczkai, président du parti nationaliste Mi Hazánk – très engagé sur cette question –, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a annoncé la création d’un corps de gardes-frontières qui sera dorénavant chargé expressément de cette tâche.
Un corps de police uniquement chargé de la protection des frontières
Comme le chef du gouvernement l’a précisé, ce nouveau corps ne sera ni constitué de policiers, ni de soldats, mais
« il se concentrera uniquement sur la protection des frontières [car] alors qu’il y a une guerre à l’est de notre pays, [en Ukraine,] les soldats sont en service à la frontière […],
et la police ne peut pas rester longtemps car [cette tâche] doit les conduire à la frontière, loin de leurs familles ». Le ministre de l’Intérieur, Sándor Pintér, a été chargé de mettre en place cette nouvelle garde-frontières d’ici le mois de septembre.
Ce corps a existé par le passé, et a été dissous en 2007, année de l’intégration de la Hongrie à l’espace Schengen. Régulièrement, l’opposition de droite et diverses personnalités patriotes ont réclamé, surtout depuis 2015 et la crise des migrants, le retour de cette institution.
« La pression migratoire augmente »
László Toroczkai, président du premier parti d’opposition, le parti nationaliste Mi Hazánk [Notre Patrie], et qui est aussi maire de la commune d’Ásotthalom – à la frontière serbe – est connu pour son activisme dans la lutte contre l’immigration illégale. Maire d’un village frontalier, il a dès 2014 alerté sur l’augmentation des flux de clandestins. Début 2015, il impose le thème de la crise migratoire dans les médias hongrois par son usage des réseaux sociaux. Il est ensuite le premier à parler de la nécessité d’une barrière frontalière. Selon lui, il y a en ce moment
« un très gros problème à la frontière sud »,
compte-tenu de la pression migratoire grandissante. László Toroczkai explique également dans ses contenus vidéos hebdomadaires que les citoyens de sa commune organisent désormais des rondes de nuit pour protéger les vergers des clandestins qui pillent les fruits, comme en 2015.
De son côté, le ministre de la Défense, Kristóf Szalay-Bobrovniczky, a reconnu le 25 juin que « la pression migratoire augmente, s’organise et la frontière est attaquée de plus en plus violemment ».
Cette situation de crise survient au plus mauvais moment pour les autorités hongroises : avec la fin de l’état d’urgence pour raison de pandémie, de nombreux policiers ont massivement démissionné, alors qu’ils n’en avaient pas le droit durant l’état d’urgence. Une situation de manque de personnel accrue par un déficit inédit dans le recrutement de nouveaux agents.