Slovaquie, Bratislava – Après la prise de position du Premier Ministre de gauche Robert Fico concernant l’immigration massive par la route des Balkans, rejoignant le reste du V4 et en particulier le Premier Ministre hongrois Viktor Orbán, et à quelques mois de la présidence slovaque de l’eurozone, Robert Fico remporte de nouveau les élections législatives mais échoue à garder sa majorité. Les nationalistes slovaques font eux leur entrée au parlement.
Les instituts de sondage donnaient le Premier Ministre de gauche Robert Fico à 35% d’intentions de vote. Finalement, le parti social démocrate Smer-SD n’aura atteint que 28,3%. Un score qui fait perdre la majorité à Fico, contraint de former un gouvernement de coalition. Smer-SD reste toutefois largement en tête au parlement, SaS (Sloboda a Solidarita), le parti des libéraux de centre-droit , n’arrivant en 2e position qu’avec 12,1% des voix. Le parti de la minorité hongroise Most-Híd arrive en 7e position, perdant deux sièges et se retrouvant à 11 représentants, après avoir fait un score de 6,5%. Le parti démocrate-chrétien de centre-droit KDH (Kresťanskodemokratické hnutie) s’effondre, suite à sa position favorable à l’accueil de réfugiés – mais pas des migrants économiques.
Cependant, c’est l’entrée des nationalistes au parlement qui intéresse le plus, surtout à l’Ouest, où la consolidation du patriotisme et de l’euroscepticisme en Europe centrale inquiète. L’SNS (Ľudová strana – Naše Slovensko), le parti de Marian Kotleba passe de 1,6% aux élections législatives de 2010 à 8,04%, obtenant 14 sièges sur 150 au parlement slovaque. Il devient le premier parti chez les 18-21 ans, atteignant 23% des suffrages de cette tranche d’âge. Son score atteint presque le triple de celui annoncé par les instituts de sondage. Juste devant en nombre de sièges, c’est le parti nationaliste SNS d’Andrej Danko qui fait son entrée au parlement avec 15 sièges.
Une coalition nécessaire
Construire une coalition, « sera difficile, je le dis très clairement », a estimé Robert Fico, après avoir déclaré que c’était pourtant nécessaire, son parti n’ayant plus la majorité du parlement. Comme en Hongrie, le gouvernement est critiqué par l’opposition de gauche comme de droite radicale pour son populisme, notamment sur la question migratoire, et son manque d’intérêt pour les questions telles que l’éducation ou la santé. La politique anti-immigration de Fico semble ainsi avoir été à double tranchant : cela lui a permis d’avoir le soutien d’une population inquiète quant à l’immigration musulmane, mais a également renforcé les mouvements nationalistes qui font une entrée remarquée au parlement.
Cette situation complique la tâche pour le Premier Ministre. Les partis de centre-droit risquent en effet de créer une coalition pouvant mettre à mal Fico pour la durée du mandat débutant. Aujourd’hui, le président sans étiquette de la République slovaque, Andrej Kiska, a invité tous les représentants des partis entrés au parlement, à l’exception de L’SNS, à se rencontrer et discuter dans le but de former une coalition stable.