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« Il est temps pour la Croatie de prendre la parole »

Temps de lecture : 5 minutes

Cet article nous a été suggéré par son traducteur, Sebastian Baxter. Article du 21 mai 2016, par Borislav Ristic, publié originellement sur vecernji.hr. La rédaction a décidé de le publier car l’article apporte des éléments intéressant et apporte un point de vue croate. Mais l’article n’engage que l’auteur et la rédaction se distance de toute idéologie.


 

Donald Trump semble capable de ne commettre aucune faute. Ce n’est pas toujours la conséquence de son approche non-idéologique et pleine de bon sens de la politique, c’est aussi le résultat de la cécité idéologique et de l’arrogance bien ancrée de ses adversaires.

En politique la chance a tendance à bénir ceux qui sont assez courageux pour dire la vérité ; les faits réels prennent forme grâce à leurs mots. Ainsi les membres de la communauté polonaise aux Etats-Unis, qui représentent plus de 10 millions de votants, ont changé d’avis quant à leur vote pour les élections présidentielles à venir, après avoir plus tôt exprimé leur soutien à Hillary Clinton, la Némésis de Trump. Pour la plupart, les Américains d’origine polonaise vont rester chez eux le 8 novembre, mais ce n’est ni à cause de, ni grâce à Donald Trump.

Comme on a pu le voir dans le presse, le changement d’avis est survenu en quelques minutes, à cause du mari d’Hillary, l’ancien président Bill Clinton, à la suite de ses propos lors d’une réunion du parti démocrate dans le New Jersey, où il a été entendu disant que « les Polonais et les Hongrois semblent penser de nos jours que la démocratie amène trop de problèmes, donc ils ont décidé d’y renoncer et d’élire au lieu de cela des leaders politiques semblables à Vladimir Poutine. Donnez-nous un dictateur autoritaire et gardez les étrangers loin de nos frontières. Ça vous rappelle quelque chose ? » a dit Bill en référence à Donald Trump.

La surprise ne s’est pas limitée à la communauté américano-polonaise : dans leur « ancien pays », le Premier ministre, Beata Szydło, a immédiatement exigé des excuses de Clinton « à la nation polonaise entière », tandis que le président du PiS, Jarosław Kaczyński, a déclaré aux médias que « Bill Clinton semble s’être exprimé après avoir manqué un rendez-vous avec son psychiatre ».

Les plus hauts dirigeants de la Hongrie ont bien entendu eu des réactions similaires.

Mais ici en Croatie, nous ne pouvons que regarder avec envie la façon dont nos fiers voisins des nations d’Europe centrale se dressent face aux attaques des mondialistes contre la souveraineté et la dignité des états-nations dans le monde.

Le gouvernement de Croatie est également entré dans leur ligne de mire, à peu près à partir du moment où il est arrivé au pouvoir, des élites mondialistes et de leurs serviteurs des médias, mais jusqu’ici ces attaques n’ont pas entraîné de riposte.

Au contraire de la Pologne et de la Hongrie, la Croatie semble rester silencieuse quand sa politique se voit traînée dans la boue, et si jamais il y a une réaction, il s’agit plus d’une approbation masochiste qu’une prise de défense de la démocratie de notre nation. Il se passe rarement un jour sans qu’un article ne soit publié dans un média étranger dénonçant le gouvernement croate comme étant « néo-oustachi » ou « néo-fasciste » – mais nous continuons de tendre l’autre joue.

Nous avons été témoin, il y a quelques jours, de comment le Président de la République, Kolinda Grabar-Kitarović, en présence de nul autre que l’Ambassadeur des États-Unis, a volontairement et silencieusement accepté la démonstration publique d’insultes adressées au Chef d’État et ce qu’il représente, menée par des activistes radicaux de gauche, à la cérémonie officielle célébrant le Jour de la liberté de la presse dans le monde.

Rester silencieux lorsque l’on est confronté, publiquement, à la démonstration de tant d’énergie destructrice ne suggère pas uniquement l’acceptation d’un tel jugement, mais aussi l’admission de sa culpabilité. Notre président a subi un état cathartique ou de trouble cognitif qui lui a tout à coup coupé la langue. Son manque de réaction semble plutôt être de la paralysie, causé par la présence, lors de l’incident, de ceux qui sont plus grands et plus forts que nous. C’était le témoignage d’une perte complète d’intégrité et d’absence de respect de soi, et cela nous dépeignait également comme étant prêts à soumettre sur le champ notre souveraineté nationale aux prêcheurs de la mondialisation et à leurs élites.

A cet instant nous avons compris que notre gouvernement est de droite et souverain uniquement dans un sens archaïque, presque folklorique. Nous avons connu une plus grande protection de notre souveraineté et une plus importante conscience nationale durant le précédent gouvernement de gauche qui à l’occasion a rejeté certaines directives bruxelloises et a su s’opposer parfois à la politique de Merkel durant la crise des migrants, qu’avec l’actuel gouvernement dit de droite et conservateur.

Ces derniers temps nous sommes témoins de nos représentants se démenant pour connaître l’opinion des ambassades étrangères. Les stratégies de développement national et même l’élaboration de nos lois sont conçus par des bureaucrates à des kilomètres de là à Bruxelles, et en même temps nous continuons de chercher des alliés parmi ceux qui nous détestent et nous tirent continuellement les oreilles, en nous répétant que nous ne sommes pas assez bien. Pour faire bonne mesure, on fait preuve de patriotisme, mais en général  en faisant simplement beaucoup de bruit patriotique.

Pendant ce temps, à l’extérieur de nos frontières, dans un monde courageux, il est clair que quelque chose de nouveau se prépare.

Les élites mondiales sont en désarroi. Elles perdent leur influence et leur pouvoir. La victoire presque certaine de Donald Trump aux élections présidentielles américaines leur glace le sang. Ce qui par conséquent explique aussi pourquoi tout le monde parle tant de fascisme en ce moment, et cherche à déceler et humilier les spectres imaginaires du fascisme au moindre mouvement d’un état-nation à chaque fois qu’il est évoqué partout dans le monde.

Dans son discours récent sur la future politique étrangère, Donald Trump a fait un déclaration on ne peut plus claire : « nous ne soumettrons plus ce pays ou son peuple à l’appel des sirènes de la mondialisation. L’état-nation restera la fondation inébranlable sur laquelle le bonheur et l’harmonie se construisent. »

Beaucoup en Croatie sont, tout comme les élites de la mondialisation, effrayés par Trump. Ils se demandent incrédules ce que va devenir le monde lorsque la seule vraie super-puissance restante abandonnera volontairement l’idéologie de la mondialisation. Cette même peur se retrouve ailleurs, où les chefs politiques ont trouvé leur joie et le sens de leur vie en étant de loyaux serviteurs des maîtres mondiaux, plutôt que de leurs propres communautés qui les ont élus pour être leurs chefs et non les servants des autres.

Nous ne prétendons pas avoir réponse à tout, mais nous pensons savoir cela : la servilité, le baise-main et les longs discours enveloppés dans une phraséologie vide n’auront plus de valeur et ne seront plus récompensés dans le monde à venir. D’un autre côté, nous espérons une renaissance de valeurs morales plus élevées ce qui inclut l’indépendance politique, une défense ferme de la liberté de la nation, un respect affirmé de la dignité de chacun, et parfois même être prêt à élever la voix et remettre à leur place ceux qui ont plus de pouvoir que nous.

Peut-être est-ce aussi le remède dont la Croatie a besoin pour guérir ce syndrome du silence. La faire parler en son nom, enfin.

Traduit de l’anglais par le Visegrád Post.