Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Václav Klaus (1/2) : l’Union européenne est une menace pour l’Europe

Temps de lecture : 6 minutes

Nous reproduisons ici un entretien paru dans le journal hongrois Magyar Hírlap le 22 juillet 2016.
L’entretien a été conduit par István Lovas et est paru originellement en hongrois.


  • L’Union européenne est une menace pour l’Europe
  • Le Brexit est une victoire pour chaque libre-penseur européen
  • Les libéraux* d’aujourd’hui peuvent être considérés comme des communistes camouflés

Václav Klaus est un économiste diplômé, il a été premier ministre de la République Tchèque durant cinq ans puis président de la république durant dix ans. Il a été viré de l’Académie des sciences en 1968 après l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie. Il a été l’un des fondateurs du Forum Civique durant la « Révolution de velours » de 1989, et également le premier Ministre des finances non-communiste du pays. Il a fondé le Parti Démocratique Civique tchèque (ODS) et l’a dirigé en tant que président. Il est le président du groupe de réflexion éponyme Institut Václav Klaus à Prague, où nous nous sommes entretenus avec lui au moment de la sortie en Allemagne de son livre a succès Migration [Völkerwanderung – Kurze Erläuterung der aktuellen Migrationskrise; co-author Jiří Weigl – note du traducteur], à propos de la crise qui frappe le continent.

István Lovas : Récemment, dans un entretien, vous avez fait référence à la façon dont vous avez éjecté l’Université d’Europe centrale de George Soros de Prague. J’ajouterais qu’en ce temps là le gouvernement hongrois était très satisfait d’être capable de l’accueillir à Budapest. Peut-être y a t-il une meilleur vue du monde des affaires depuis le château de Prague que depuis les berges du Danube ?

Václav Klaus : Excellent commentaire, mais malheureusement, il y a une erreur. A ce moment là je n’étais pas encore président mais premier ministre, donc je regardais le monde depuis les berges de la Vltava. Le château de Prague était la résidence de Václav Havel qui adorait Soros. Havel n’a vraiment pas apprécié ma décision. Comme vous le savez dans nos pays la direction et la qualité de la politique fluctuent. A ce moment là nous étions beaucoup plus de droite et radicaux que le gouvernement hongrois.

IL : Dans un entretien récent, se référant a l’élimination de l’UEC de Soros, vous avez dit que vous travailliez toujours sur la restrictions de sa présence. Pouvons-nous dire que, mises a part quelques entités mineures, votre pays est débarrassé de Soros ?

Václav Klaus : Nous ne le sommes pas. Il y a beaucoup d’organisations non-gouvernementales, qui sont très similaires au regard de leur mentalité. Mais si je ne me trompe pas, il n’y a pas d’activité directe en République Tchèque. A l’époque que vous avez mentionnée, nous prenions soins de ne pas délivrer un réel statut a son université.

IL : Dans le même entretien vous avez également dit que vous n’avez pas changé d’avis à propos de Soros durant le dernier quart de siècle. Vous avez aussi ajouté, sans réserve, qu’il était la personnification du diable.

Václav Klaus : Nous voulions que la transition se fasse selon nos intentions. Mettre en oeuvre nos idées durant le processus de transformation d’une société communiste. Tandis que M. Soros voulait nous dicter comment faire. Ce qui était intolérable pour nous. Nous voulions établir un système normal de partis politiques. Il voulait établir des changements qui soient bénéfiques pour lui sans partis politiques, au travers d’organisations non-gouvernementales qui ne représentent personne. Surtout pas les votants. C’était cela, le débat politique avec lui.

IL : Selon vous, pourquoi l’Union européenne prête tant d’attention à ce spéculateur ? Par exemple dans le cas des migrants.

Václav Klaus : Je ne saurais pas dire si elle lui prête attention. Bien sûr, là-bas est assis un genre différent d’homo sapiens que j’ai plus tôt qualifié d’homo breuxellarum. Ils pensent d’une manière différente. Je ne saurais pas dire si à Bruxelles ils voient M. Soros comme un ami.

IL : A la 36eme page de la traduction en allemand de votre livre, vous vantez les mérites de la Hongrie pour être le seul pays qui a pris des mesures effectives pour arrêter les vagues de migrants. Vous dites aussi que la Commission européenne et les pays membres sont des lâches. Mais que craignent-ils ?

Václav Klaus : J’ai bien peur qu’ils n’aient pas peur de nous. Ils ne craignent pas Orbán, ni personne, ni rien. Ils veulent changer la composition de la population européenne. Ils croient au multiculturalisme. Peut-être croient-ils même en leurs propres paroles, que la masse de migrants qui arrive va enrichir l’Europe. Et que c’est le chemin vers le futur de l’Europe.

IL : Mais vous avez écrit lâches. Que craignent-ils ?

Václav Klaus : En l’occurrence c’est poules mouillées, dans le texte original en tchèque.

IL : Ça vaut pour ça aussi.

Václav Klaus : Ce sont des poules mouillées, car ils croient en cette idéologie du multiculturalisme.

IL : Bruxelles a dit qu’il y aurait des pénalités infligées aux pays pour chaque migrant rejeté, de l’ordre de 250.000 euros par migrant. Mais si la migration est une si bonne affaire, pourquoi punir qui que ce soit qui ne veut pas en faire partie ?

Václav Klaus : C’est une très bonne question. C’est définitivement un outil qu’ils souhaitent utiliser pour forcer les pays à accueillir les migrants. Mais je ne pense pas qu’ils croient que les migrants pourraient amener un potentiel de production aux sociétés européennes dans un futur proche. Ils comprennent qu’avoir amené les migrants était une erreur, et maintenant, ils ne savent pas gérer leur présence en Allemagne. C’est pourquoi ils souhaitent les redistribuer en Europe. Ils veulent punir les Hongrois et les Tchèques, qui ne veulent pas les accepter.

IL : Pourquoi avez-vous empêché, en tant que président, que le drapeau de l’UE ne flotte à l’entrée du palais présidentiel en 2004, au moment de l’adhésion de la République Tchèque ?

Václav Klaus : Tout d’abord, le drapeau de l’UE n’est pas un drapeau officiel. Il y a eu un débat mémorable a propos de ça avec le traité de Lisbonne, et si cela pouvait être écrit dans la Constitution de l’UE, mais cela avait été rejeté. Mais il est beaucoup plus important de savoir, je pense, que la République Tchèque est un état souverain, et donc qu’aucun drapeau de l’UE ne devrait flotter au dessus du château présidentiel. Nous n’avons pas non plus aimé le drapeau nazi durant l’occupation allemande de notre pays non plus.

IL : Quand le 5 décembre 2008 le drapeau de l’UE vous a été donné par Daniel Cohn-Bendit, qui représente communément dans nos pays une certaine sorte de gens peu aimables, il l’a fait comme un rappel pour vous pour votre acte d’avoir empêché le déploiement du drapeau sur le bâtiment du palais présidentiel, et il vous a dit, qu’il n’a que faire de votre opinion à propos du traité de Lisbonne, et aussi, que cela devrait être signé. Il n’y aucun moyen de protester ou quoi que ce soit ! Vous lui avez alors répondu, qu’il parle exactement comme les soviétiques. Quelle est la raison pour laquelle les libéraux d’aujourd’hui parlent exactement de la même façon que le faisaient les communistes ? Et pourquoi ce sont aujourd’hui les gens convenables qui haïssent les libéraux aussi intensément, au moins en Hongrie, comme ils l’ont déjà fait avec les communistes ?

Václav Klaus : Vous parlez des libéraux d’aujourd’hui. Ceux-la n’ont pas grand chose à voir avec les libéraux classiques. Ce sont plutôt des communistes déguisés. M, Cohn-Bendit n’est pas un libéral dans le sens traditionnel du terme. Il pense exactement de la même façon qu’il le faisait en 1968.

IL : Si le gouvernement hongrois actuel fait un seul mouvement, l’opposition libérale crie a la centralisation. En même temps, ils adorent la centralisation si elle vient de Bruxelles. Avez-vous le même genre de libéraux ?

Václav Klaus : Non, en République Tchèque nous ne les appelons pas libéraux. Je suis abasourdi qu’en Hongrie, comme vous venez de le dire, ces gens soient appelés des libéraux.

IL : Excusez-moi, mais c’est le nom qu’ils se donnent.

Václav Klaus : Peut-être en Hongrie, mais pas ici. En République Tchèque ils sont appelés sociaux-démocrates. Dans tous les cas nous n’utilisons pas le terme libéraux.

IL : J’ai assisté à votre discours il y a quelques années (le 19 février 2009 – note du traducteur) au Parlement européen durant la présidence tchèque de l’Union européenne, quand les délégués sont sortis de la chambre en horde. Tandis que M. Pöttering, qui était alors président du Parlement européen, vous écoutait les traiter de communistes vous référant à leur comportement intolérable quand il se font critiquer, en parallèle avec la dictature communiste, et son visage est devenu rouge de colère, et presque étranglé de rage. Vos opinions étaient elles plus tranchées à cette époque ?

Václav Klaus : Non. Elles n’ont pas changé. Peut-être même se sont-elles endurcies. Je pense que l’UE est une menace pour l’Europe et est la cause actuelle de son déclin régulier et constant.

Fin de la partie 1. Retrouvez la partie 2 ici !
Traduit de l’anglais par Tamás Nagyatádi Horváth.

*le terme « libéral » peut prêter à confusion et son emploi en français fait débat. C’est en connaissance de cause que notre rédaction a choisi de traduire le mot hongrois « liberális », équivalent exact de l’anglais « liberal », par le mot français « libéral », compte tenu des points de vue de l’auteur de l’entrevue et de l’ancien président tchèque Václav Klaus.