Par Ferenc Almássy.
Orbán passe à côté d’un atout face à Bruxelles, mais cela ne change rien pour la Hongrie
Hongrie – Le référendum du premier ministre Viktor Orbán a mobilisé 44,35% des électeurs de Hongrie. Ce qui invalide le vote, le quorum des 50% n’étant pas atteint. Cela signifie que le parlement n’est pas contraint d’en tenir compte. Le référendum qui devait venir couronner un an de politique anti-bruxelloise en terme d’immigration illégale laisse un goût amer dans la bouche de certains… et en particulier auprès des admirateurs de Viktor Orbán à l’étranger, et de ceux qui voient en lui un sauveur de l’Europe face à l’immigration et à la gauche libérale-libertaire favorable au suicide ethnique et culturel. L’échec d’un champion paraît toujours plus décevant, et il est si convenu de crier à la défaite après une bataille, alors que la guerre n’est pas finie. À l’unisson avec la gauche mondialiste hongroise, la presse occidentale essaye de faire passer ce référendum pour une défaite totale. Mais cela est faux. Prenons du recul et analysons la situation.
Le NON est arrivé très largement en tête, avec 98,32% des votes valides (soit 39,27% des électeurs). Bien que la participation soit faible, cela n’enlève rien au message des électeurs. Il faut d’ailleurs relativiser cette faible participation : lors des 6 référendums passés depuis le changement de régime, la participation moyenne était de 41,89%. Les citoyens les plus attachés à la démocratie se sont donc exprimé, et c’est un retentissant NON à la politique bruxelloise concernant l’immigration illégale. Quant aux européistes bavant contre ce référendum : si ce référendum est invalide, que dire de celui de 2003 sur l’entrée de la Hongrie dans l’UE, qui n’avait attiré que 42,05% des électeurs, dont seulement 37,80% avait voté pour le OUI ?
Mais déception, donc, car le référendum est officiellement invalide. Attention cependant aux contre-sens : cela n’est pas une défaite légalement parlant, Viktor Orbán passe seulement à côté d’un bel atout à jouer face à Bruxelles. Cela ne signifie pas que la Hongrie dit OUI aux quotas, cela ne signifie pas que la Hongrie va détruire sa barrière ou laisser entrer les clandestins sans contrôle dorénavant. La politique migratoire de la Hongrie n’est pas influencée par ce référendum. En somme, c’est comme s’il ne s’était rien passé, pourrait-on dire ; quant à l’interprétation d’un tel résultat, elle est soumise à l’appréciation de chacun…
Une chose est sûre : la politique migratoire ne changera pas
Le Fidesz d’Orbán bien entendu se concentre sur le résultat du vote, ne tenant pas compte du taux de participation. « C’est un formidable résultat » clâme Viktor Orbán, soulignant le 98,32% exprimés de NON aux quotas. Le Fidesz annonce en conséquence une modification constitutionnelle, pour protéger la Hongrie des vélléités de la Commission.
Le parti radical Jobbik, premier parti d’opposition, réclamait dès le départ une simple modification constitutionnelle. Le parti patriotique craignait l’invalidité du vote, et le destin lui a donné raison. Le Jobbik avait pourtant appelé à voter NON, estimant que le référendum dépassait la politique de partis. Pour son président Gábor Vona, c’est un but contre son camp de la part du premier ministre ; les conditions référendaires (dont le quorum) ont été mises en place par le Fidesz en 2011…
Les votes nuls ont comptabilisé 6,33% des suffrages exprimés, ce qui dépasse les 1-2% habituels. C’est le résultat de la campagne satirique des libertaires du « parti du chien à deux queues », sorte d’amicale politique potache anarcho-bobo, rejoints sur ce coup par une bonne partie des électeurs de gauche. Ce résultat, aditionné au 1,68% de OUI (des suffrages exprimés) représente l’opposition « de gauche » active, faisant passer Bruxelles avant Budapest et voulant envoyer un message d’opposition générale à Viktor Orbán.
Quant aux partis de gauche globalistes et libéraux-libertaires, ils clament leur victoire, comme tente de le faire croire la presse mainstream. Il est vrai que les partisans de l’anti-nation avaient appelé à s’abstenir. Mais en plus de se jeter dans le travers du Fidesz qu’ils ont dénoncé, à savoir utiliser cette question de manière partisane et non nationale, leur consigne de non-vote est, en plus d’être une incitation au manquement à un devoir de citoyen, un acte de trahison.
C’est donc une semi-victoire pour Orbán, qui n’aura pas en main l’As dont il rêvait mais s’en sort avec une bonne main lui permettant de lancer une modification constitutionnelle et continuer sa politique migratoire, légitimé par 98,32% des votes valides. L’invalidité technique du référendum doit toutefois être pris comme un signal d’alarme : une opposition se renforce et la corruption, notamment, devrait être mieux combattue…
En fin de compte, à question politique, traitement politique, et la façon dont le résultat est tourné dépend fortement du point de vue de chacun. Viktor Orbán en tout cas voit une victoire et va continuer sa politique migratoire dans cet état d’esprit. La Hongrie continue donc de porter l’étendard du NON à la politique migratoire bruxelloise.