Par Olivier Bault.
Pologne – La promesse datait du 30 mars 2016 et avait été confirmée au somme de l’OTAN qui s’était tenu à Varsovie en juillet dernier. Pour rassurer les pays du flanc oriental de l’OTAN face à la puissance militaire russe, les États-Unis ont commencé le déploiement d’une brigade blindée composée de 4.500 militaires avec des chars de combat, des véhicules de combat d’infanterie et des canons automoteurs. Contrairement aux unités déployées jusqu’ici à l’occasion de manœuvres militaires, il s’agit cette fois d’un déploiement permanent de soldats qui seront répartis sur quatre bases dans l’ouest de la Pologne, près de la frontière allemande, avec des bataillons détachés principalement en Bulgarie et en Roumanie, mais aussi à l’occasion dans d’autres pays de la région. Un bataillon sera également détaché dans les Pays baltes en attendant l’arrivée cette année des troupes de l’OTAN promises au sommet de juillet, soit quatre bataillons plurinationaux de mille hommes chacun en Pologne, Lituanie, Lettonie et Estonie.
Les premiers éléments de la brigade blindée américaine sont arrivés en Pologne la semaine dernière et des cérémonies officielles de bienvenue étaient organisées samedi. « C’est le déploiement de troupes US en Europe le plus massif depuis la fin de la guerre froide, une provocation non dissimulée alors que la Russie ne cesse de répéter qu’il est dangereux de déstabiliser l’équilibre des forces sur le continent », pouvait-on lire sur le site russe francophone Sputnik News. Pourtant, si la présence de troupes de l’OTAN, notamment américaines, consolide les garanties de défense collective du point de vue des pays frontaliers avec la Russie, on voit mal comment le déploiement d’un peu plus de 8.000 hommes pourrait remettre en cause le déséquilibre des forces en faveur de la Russie dans la région. Rien que dans l’enclave de Kaliningrad, la Russie dispose d’une puissance militaire supérieure à celle de la Pologne voisine. Quant aux Pays baltes, ils n’ont eux-mêmes ni aviation de chasse ni chars d’assaut.
Si l’élection de Donald Trump ne remettra probablement pas en cause ce déploiement de l’OTAN, les pays de la région vont sans doute devoir contribuer un peu plus à leur propre défense. Jusque récemment, leurs dépenses militaires avoisinaient les 1 % du PIB (sauf pour la Pologne qui approchait les 2 %) contre plus de 4 % pour la Russie (rapporté à un PIB russe qui vaut le double du PIB cumulé des pays de l’ex-Europe de l’Est).
Publié originellement dans Présent.