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L. Toroczkai : « Si les Quatre de Visegrád arrivent à rester forts et unis, alors il y a de l’espoir pour que l’Union européenne survive »

Temps de lecture : 13 minutes

Hongrie, Ásotthalom – László Toroczkai, maire de la commune frontalière de Ásotthalom et vice-président du Jobbik : « Si les Quatre de Visegrád arrivent à rester forts et unis, alors il y a de l’espoir pour que l’Union européenne survive. »

Ferenc Almássy a rencontré le maire à la frontière entre la Hongrie et la Serbie, là où M. Toroczkai a eu l’idée de la fameuse barrière anti-immigration. Entretien réalisé mi-octobre 2017 pour le Visegrád Post.


László Toroczkai et Ferenc Almássy à la clôture frontalière. X. 2017

Ferenc Almássy : Pouvez-vous nous résumer la situation migratoire passée et présente dans votre commune ? Vous avez fait le buzz mondial en 2015 en postant une vidéo destinée aux migrants. Quel a été, et est actuellement votre rôle dans tout ça ?

László Toroczkai : Nous avons vu ici à Ásotthalom les premiers migrants illégaux en 2012, mais c’est fin 2013, début 2014 qu’ils ont commencé à affluer en groupes importants. Et ce n’est pas un hasard, car la Hongrie a eu à changer sa politique d’immigration à ce même moment : l’Union européenne demandait alors qu’on les laisse entrer librement, sans aucun contrôle. Impossible de les détenir, ou de fermer la frontière – cette frontière étant celle de Schengen aussi. Selon moi, l’Union européenne a alors pris le parti des clandestins et de l’illégalité ; car passer illégalement une frontière est un délit grave.

Fait intéressant, à partir de 2015, toute activité illégale a pratiquement cessé dans la région, aussi bien du côté hongrois que serbe. Toutes les groupes de trafic et les organisations criminelles étaient concentrés dès lors sur l’immigration : plus précisément le trafic de migrants, le passage illégal de la frontière. C’est pour eux une affaire plus rentable que les cambriolages, le vol, la prostitution ou encore le trafic de drogue. Il est évident que l’UE a soutenu ces organisations criminelles en instaurant des mesures aussi libérales, ce que nous avons essayé de combattre comme nous le pouvions. Il est important de noter que du point de vue de mon positionnement politique sur cette question, je n’ai reçu naturellement aucune aide quand je suis devenu maire en décembre 2013.

J’avais immédiatement demandé de l’aide pour la surveillance frontalière, en vain, d’ailleurs encore aujourd’hui l’Union européenne ne nous aide pas. Au début, le gouvernement hongrois non plus ne nous a pas aidés non plus, et c’est pourquoi j’ai créé la garde champêtre de la commune, ce qui est la seule possibilité pour un maire d’avoir sous ses ordres des gens armés en toute légalité. Au début, nous avions trois membres, puis cinq. Les frais de fonctionnement et les salaires sont couverts par la commune, ce qui est une charge conséquente pour Ásotthalom et ses 4.000 habitants.

En 2014, les responsables de la police invités à notre forum local ne nous donnaient encore aucune nouvelle rassurante. Même chose pour les élus locaux du comitat de Csongrád (les comitats sont les régions administratives de Hongrie, ndlr), et cette même année 2014, j’ai demandé alors au gouvernement d’envisager l’érection d’une barrière à la frontière hongro-serbe, et ma demande a été rejetée, à plusieurs reprise : à chaque fois, on me disait que Bruxelles ne l’autorisera pas, compte tenu des exigences de l’UE en matière d’immigration. Nous avons donc tenté avec mes 3 à 5 gardes d’arrêter les centaines de migrants arrivant quotidiennement sur notre territoire communal.

À cette époque, les clandestins étaient principalement des Kosovars, et on ne peut aucunement parler de réfugiés concernant le Kosovo, aucune guerre n’y faisait rage, et d’ailleurs ils ne s’en cachaient pas lorsqu’on parlait avec eux : ils étaient des migrants économiques en direction de l’Allemagne.

FA : On peut considérer qu’ils ont ouvert la voie de la route des Balkans ?

László Toroczkai : De toute évidence. Ils ont littéralement piétiné un nouveau sentier pour l’immigration à venir. J’avais alors appelé l’ambassadeur du Kosovo à Budapest, en ma qualité de maire, et lui avais demandé que les autorités du Kosovo fassent quelque chose, qu’elles arrêtent cette migration kosovare. Sa réponse fut simple : ce n’est pas à eux de le faire, mais à la police hongroise. Je lui ai répondu qu’ils devraient informer et décourager leurs concitoyens sur le départ. Tout cela était donc organisé, et bien sûr l’état serbe n’avait pas de raison de s’y opposer, au contraire, des milliers d’Albanais quittaient le Kosovo…

En parlant avec les migrants kosovars, j’ai entendu plusieurs fois des histoires similaires : des Serbes achetaient souvent les maisons de ceux qui ne comptaient pas revenir. Donc on peut le dire, la Serbie n’a pas, et jusqu’à ce jour, endigué cette migration. Le point d’orgue a été atteint lorsque des photos sont sorties montrant des policiers serbes accompagnant des migrants à notre frontière.

FA : Peut-être aussi que la Serbie, désireuse d’entrer dans l’UE, fait du zèle ou du moins, ne veut pas s’opposer à la volonté de l’UE ?

László Toroczkai : C’est évident, la Serbie s’efforce d’intégrer l’UE, et ne veut donc pas s’opposer à Bruxelles, et Angela Merkel est très importante pour la Serbie, l’Allemagne étant pour la Serbie également un partenaire économique majeur, et Mme Merkel a clairement exposé sa vision des choses et invité les migrants…

FA : Mais cet argument vis-à-vis de l’Allemagne est vrai également pour la Hongrie, pourtant à partir d’un moment, la Hongrie s’est opposée à la politique de Merkel.

László Toroczkai : Parce que la Hongrie est déjà membre de l’Union européenne. C’est une très grande différence. C’est vrai que l’économie allemande est très importante pour l’économie hongroise, mais pour mon plus grand plaisir, le gouvernement hongrois a renoncé en 2015 à son attitude passive, et l’été 2015 la construction de la barrière fut annoncée. C’était le plus beau jour de ma vie.

Beaucoup m’ont demandé alors si je n’était pas frustré que mon idée de barrière soit reprise par le gouvernement à son compte. En fait, face à la passivité des autorités, j’ai commencé exprès à exposer sur mon compte facebook les photos, vidéos et témoignages de ce qui se passait ici à la frontière. Des centaines de milliers de personnes ont vu l’avalanche de preuves ce qui a provoqué un choc au niveau national. Personne ne savait rien de tout ça en Hongrie à l’époque, car les médias ne se préoccupaient pas alors de la situation à la frontière.

Mais via internet et mes publications, l’opinion publique a commencé à s’emparer du sujet, et je pense sincèrement que c’est ce qui a poussé le gouvernement à agir, car Dieu merci la majorité des gens en Hongrie ne veulent pas de la migration, et veulent protéger leur patrie, et soutiennent donc la barrière.

Cette pression populaire a donc je pense contraint le gouvernement à agir et même si je suis le vice-président du principal parti d’opposition (je le suis devenu un peu après l’annonce de la construction de la barrière) je ne suis pas du tout embêté que le gouvernement m’ait « volé la vedette » et je remercie même notre gouvernement. Je l’ai remercié alors, je le remercie maintenant et je le ferai encore.

Il s’agit de l’intérêt de la nation, de l’intérêt de l’Europe, et cela n’a absolument aucune importance que la barrière soit rattachée au nom de László Toroczkai ou de Viktor Orbán. J’ai fait mon devoir, en informant, en protégeant localement la frontière, mais je suis très reconnaissant envers le gouvernement. Il a fallu un grand courage de la part du gouvernement hongrois qui a eu à faire face à une très importante opposition sur le plan international.

C’est invraisemblable de voir le nombre d’attaques que nous avons reçu pour avoir construit cette barrière et protégé notre frontière. Les attaques ont été très violentes de la part de l’Autriche par exemple, mais nous en sommes arrivés aujourd’hui à voir un changement radical en Autriche, et le ministre de la Défense autrichien est même venu me rendre visite, avec son homologue hongrois. Donc Dieu merci, on voit se dessiner des changements très importants sur ces sujets.

FA : Des changements qui ont justement mené l’Autriche à choisir Kurz comme chancelier, lui qui se vante d’avoir mis un terme à la route des Balkans.

László Toroczkai : Tout à fait. Les deux tiers des Autrichiens ont voté pour la protection des frontières et contre l’immigration illégale. J’avais annoncé un tel virage en 2014 déjà à de nombreux journalistes, et on me voit comme un prophète aujourd’hui, alors que c’était évident. Celui qui sait de quoi je parle, qui connaît la réalité, sait qu’il n’y a qu’une alternative. Une première possibilité est que les partis au pouvoir en Europe changent leurs stratégies, leurs politiques, c’est ce qu’on a vu en Hongrie, car le Fidesz a changé en 2015 concernant sa politique migratoire, et aujourd’hui c’est justement en Autriche que l’on peut être témoin d’un tel changement. L’autre possibilité est que si ces partis dominants ne changent pas, alors le peuple va tout simplement les remplacer par d’autres, et de nouvelles forces politiques accéderont au pouvoir.

On a vu l’AfD en Allemagne arriver en troisième place, ainsi que Mme Merkel perdre beaucoup de voix. On voit partout en Europe que ces forces gagnent du terrain, on l’a vu aussi en France. Bien sûr, cet élan est parfois brisé, à cause de scissions, de fautes d’amateurs… l’AfD justement montre bien qu’ils n’ont pas su exploiter la situation qui s’offrait à eux. Et donc c’est une opportunité pour les plus vieux partis, principalement de centre-droit, bien plus professionnels et mieux organisés, de ramasser ces votes.

Mais si l’on regarde ce qui est bon pour ma commune, ce qui est bon pour mon pays, pour la civilisation européenne, et même pour l’UE, il est sans importance de savoir qui est aux commandes, du moment que cette politique anti-migratoire entre en vigueur. Et on voit maintenant que plus personne ne pourra changer cette politique à notre frontière, et donc que personne ne pourra démolir cette barrière.

Vue de la double barrière frontalière depuis le côté hongrois. X. 2017.

FA : Qu’est-ce qui est à prévoir désormais concernant la question migratoire ? La situation actuelle est-elle satisfaisante à vos yeux ? Viktor Orbán a dit par exemple que selon les estimations de l’OTAN, environ 60 millions d’Africains s’apprêtent à venir en Europe. À quoi faut-il se préparer ? À quoi vous préparez-vous, ici ?

László Toroczkai : Il y a trois ans déjà je disais la même chose que maintenant, et je suis persuadé d’avoir absolument raison sur ce point : la migration semble impossible à arrêter, les migrants vont continuer d’affluer, de migrer vers l’Europe. Et ça concernera cet endroit aussi. Mais nous contrôlons la situation. Il est possible de passer la barrière, ça arrive encore de temps de temps, mais ce qui importe, c’est que lorsque cela arrive, nous le savons, la police le sait en direct. Par exemple, il y a derrière moi une clôture électrifiée – ce qui nous a valu bien sûr beaucoup d’attaques. Eh bien cette clôture a pour but de détecter les passages, et elle est moins douloureuse au toucher qu’une clôture électrique ordinaire de paysan. Et en plus de ce système, il y a également un système de vidéosurveillance tout le long des 175 km de ce tronçon de frontière, mis en place par les Chinois, et qui permet de surveiller nuit et jour la frontière.

FA : Mais d’autres méthodes sont mises au point. J’ai entendu parler d’un tunnel…

László Toroczkai : Je n’ai pas d’information concrète à ce sujet, je pense que c’est seulement une rumeur. Mais un tunnel n’est pas nécessaire de toute façon, car ce qu’ils font en général, c’est approcher la barrière en grands groupes ; ils s’attaquent ensuite en un point à la barrière, utilisent des échelles, des pinces pour couper le grillage. Et bien sûr à ce moment la police et l’armée concentrent leurs forces à cet endroit. Ce groupe se replie alors côté serbe et un autre groupe passe rapidement à quelques kilomètres de là, profitant de l’absence de troupes. C’est alors que commence la « chasse », pour ainsi dire, notamment sur les 122km² de ma commune d’Ásotthalom, dont 61% sont couverts de forêt, ce qui rend la tâche difficile.

C’est là que mes gardes champêtres jouent un rôle essentiel. À cinq, ils arrivent à intercepter autant de migrants que cents policiers nationaux, selon nos statistiques.

FA : Comment est-ce possible !?

László Toroczkai : D’une part parce que mes gardes disposent d’une connaissance parfaite du terrain, ils sont nés ici, ils vivent dans les fermes d’ici, et d’autre part parce que le territoire communal est couvert de fermes et en premier lieu les locaux alertent nos gardes lorsqu’ils repèrent des migrants. S’ils appelaient la police, ça passerait par un standard, il faudrait des coordonnées GPS… mais en s’adressant directement aux gardes champêtres, l’information passe tout de suite.

La motivation des gardes est également différente de celle des policiers. En faisant ce travail, les gardes champêtres protègent également leurs propres biens, leur propre commune. Ce n’est pas le cas du policier envoyé ici depuis l’autre bout du pays. Mais ainsi nous pouvons beaucoup aider la police, et nous avons pour cette raison des patrouilles mixtes.

Deux gardes devant le tout-terrain financé en partie par des donateurs français. X. 2017.

FA : Vous êtes un des vice-présidents du Jobbik, le parti populiste hongrois, principal parti d’opposition, et même si ce poste n’existe pas, vous êtes considéré comme le n°2 du parti. Pourtant, dans cette campagne électorale hongroise en vue des élections parlementaires du printemps 2018, qui est particulièrement violente, on ne vous entend pas beaucoup. Vous semblez en retrait, assez passif. Il y a une raison particulière à cela, peut-être des considérations stratégiques ?

László Toroczkai : Il y a dans le collège dirigeant le parti deux autres maires en plus de moi, et chacun de nous apparaît comme assez silencieux dans cette campagne car en tant que maires nous travaillons pour nos communes vingt heures par jour et nous ne pouvons donc pas participer aussi intensément à cette campagne. Mais par exemple sur le projet d’Union des salaires lancé par le Jobbik, que je considère être un élément très important, je suis assez actif, fin octobre je serai à Fiume et à Osijek en Croatie pour récolter des signatures et ainsi prendre part aussi à la campagne.

FA : Revenons alors justement à votre activité de maire. Votre commune est peu peuplée et a longtemps été pauvre, les choses ont radicalement changé et tout bouge à Ásotthalom. Les routes sont rénovées, les lieux municipaux développés, vous avez même lancé un grand projet trans-régional de route cyclable. Quel est votre secret ?

László Toroczkai : La première raison, c’est que je ne vole pas l’argent communal. C’est déjà quelque chose de très important. Et en tant que conseiller régional je travaille dur également pour que ma commune et toute la zone frontalière bénéficient d’aides et d’investissements, et donc je constate avec plaisir le fruit de notre travail, notamment l’arrivée de nombreuses subventions européennes. Il s’agit souvent de projets élaborés pendant trois ans, un certain nombre se réaliseront d’ailleurs l’an prochain. En ce moment, une route cyclable de plusieurs centaines de kilomètres, à cheval sur la Hongrie et la Serbie, voit le jour. Je pense aussi que ma capacité à attirer l’attention et susciter de l’intérêt est plus importante que celle d’un certain nombre de maires de communes de cette taille.

Je constate aussi qu’à l’échelle régionale, il y a une vraie volonté de travailler pour l’intérêt régional, et que tous savent dépasser la logique de parti pour le bien commun, nous avons ainsi élaboré des stratégies de développement ensemble. C’était par exemple un but commun que de défendre la frontière, et les maires de communes frontalières ont d’ailleurs été décorés pour leur travail. Face à une telle capacité de collaboration, pourquoi devrais-je m’opposer frontalement aux autres ? Je préfère une opposition constructive : je propose parfois des projets et nous travaillons ensuite ensemble pour la région.

Vue de la rue centrale d’Ásotthalom, avec les affiches gouvernementales pour la consultation anti-Soros. X. 2017.

FA : À propos de projets, vous souhaitez ériger une statue de Saint Jean de Capistran dans votre commune. Une vidéo d’appel aux dons est sortie sur internet (Vidéo avec sous-titres français à activer). Que pouvez-vous nous en dire ?

László Toroczkai : Je pourrais dire qu’il s’agit d’un vieux rêve. Je voudrais en effet installer une statue avec une grande valeur symbolique près du passage frontalier de la commune. La statue commémorera la victoire chrétienne lors du siège de Belgrade en 1456, où des forces hongroises, aidées des Serbes, mais aussi des paysans croisés hongrois de Saint Jean de Capistran, ont arrêté les troupes ottomanes en surnombre important, sauvant ainsi non seulement le Royaume de Hongrie, mais également l’Europe. C’est d’ailleurs pour cela que les cloches sonnent encore partout à midi, pour célébrer cette victoire majeure.

Cette statue sera un message. D’une part, elle symbolisera Saint Jean de Capistran tenant une croix, sur un pan de muraille, avec un soldat hongrois venant lui présenter un étendard islamique ottoman brisé, et une tête de turc sera empalée sur un pic à côté. C’est inspiré d’une représentation médiévale classique, la tête de Turc piquée sur une épée, que l’on retrouvait sur les blasons des combattants chrétiens gagnant leur titres de noblesse au combat face aux Turcs.

Cela enverra ainsi deux messages á l’Europe. Premièrement, que nous pouvons aujourd’hui aussi arrêter la migration, nous l’avons déjà fait ici, l’ordre et la paix règnent de nouveau. Deuxièmement, indépendamment de nos qualités et défauts personnels en tant que chrétiens, notre civilisation européenne repose sur des bases chrétiennes. Cela définit aussi la vie des Européens non-chrétiens, par exemple, l’homme se marie avec une femme, nous fêtons Noël, etc, et cela, indépendamment de la foi de chacun, détermine nos vies et notre rapport au monde. Et cette statue passe donc le message que nous ne voulons pas d’islamisation politique, mais pas non plus du libéralisme extrémiste en Europe. Nous voulons une Europe se construisant sur les traditions européennes, et un monde normal.

FA : Beaucoup de libéraux-libertaires considèrent cette statue comme étant un message violent, agressif…

László Toroczkai : C’est la réalité ! Ce serait bien de pouvoir représenter les défenseurs du dernier bastion et Saint Jean de Capistran en grand-mères faisant de la couture, mais ce serait mentir et déformer l’Histoire. Ces hommes ont défendu l’Europe avec des épées.

FA : Pour conclure, qu’est-ce que vous pensez du groupe de Visegrád ?

László Toroczkai : Je considère que la coopération du groupe de Visegrád est extrêmement importante, et au sein de cela en particulier la bonne relation polono-hongroise. Je vais moi-même participer cette année à la marche de l’indépendance en Pologne le 11 novembre, je vais même y prononcer un discours, ainsi qu’au parlement polonais. Je considère comme crucial de renforcer le lien hongro-polonais, rien que parce que ces deux pays sont ceux aux positions les plus saines vis-à-vis de l’immigration de masse et de la préservation des identités et cultures nationales.

Si les Quatre de Visegrád arrivent à rester forts et unis, alors il y a de l’espoir pour que l’Union européenne survive, mais si cette dernière continue de suivre la politique bruxelloise, alors c’en est fini. Regardez un peu où nous en sommes : alors que la politique de Bruxelles critique notre barrière et veut garder les frontières extérieures ouvertes, certains pays au sein de l’UE ferment leurs frontières entre eux. Il y a aujourd’hui par exemple un contrôle aux frontières entre l’Autriche et la Hongrie, l’Allemagne mais aussi l’Italie. Ce n’est pas normal, on est en train de détruire l’Union européenne. Le principal avantage de l’Union était notre liberté de mouvement. S’ils cassent cela, c’est la fin prévisible de l’UE.

Notre dernier espoir pour l’Europe est donc le groupe de Visegrád. La question se pose seulement de savoir si Bruxelles ou Emmanuel Macron vont tout faire pour briser le groupe de Visegrád, mais je crois plutôt au renforcement du V4. On voit aujourd’hui en Autriche quels changements politiques ont lieu, et je ne considère pas comme exclu que l’Autriche se rapproche sérieusement de notre alliance, mais on pourrait aussi parler de la Croatie et de la Slovénie, qui pourraient même devenir membres, voire même les états baltes, et donc je crois que nous sommes à l’aube d’une très sérieuse coopération en Europe centrale.