Slovénie – Le Premier ministre slovène Miro Cerar a présenté sa démission mercredi 14 mars suite à l’invalidation par la Cour constitutionnelle du référendum de septembre 2017 sur un projet ferroviaire stratégique. Un succès des ONG.
En septembre 2017, les Slovènes ont eu à se prononcer sur un projet ferroviaire de 27 km reliant Divača à Koper, le principal port du pays. Ce projet s’inscrit dans le programme de développement du pays du Premier ministre progressiste Miro Cerar, juriste de 54 ans au pouvoir depuis 2014. Durant son mandat, la Slovénie s’est remise économiquement des crises qu’elle a connu en 2012 et 2013 du fait de difficultés dans son secteur bancaire et atteint une croissance de 5% du PIB en 2017.
Mais la Cour Constitutionnelle a déclaré invalide le référendum de septembre du fait que le cabinet du Premier ministre ait utilisé des fonds publics pour financer la campagne du référendum.
Le Parti du centre moderne de Miro Cerar (PCM) a décliné dans les sondages pour atteindre environ 6% de soutien à quatre mois des élections à venir. Suite à la démission du Premier ministre et de son gouvernement, il revient au Président de la République Borut Pahor d’appeler ou non des élections anticipées. La situation actuelle pourrait amener à une déstabilisation politique du pays.
Derrière l’érosion du pouvoir de Miro Cerar se trouvent plusieurs facteurs. Le plus ostensible, c’est l’augmentation du désintéressement de la politique et de l’abstention. Le gouvernement de Miro Cerar a déçu un certain nombre de Slovènes en ne s’opposant pas à l’immigration comme ses voisins hongrois, puis autrichien. À l’heure actuelle, la Slovénie a accepté 244 migrants dans le cadre de la redistribution voulue par Bruxelles et Berlin. 60 de plus devraient être relocalisés cette année.
Autre souci pour Miro Cerar, sa propre coalition : le Premier ministre a accusé notamment ses partenaires de « saboter plusieurs projets » récemment. Pour le Premier ministre démissionnaire, « certaines personnes ne veulent pas que la Slovénie se développe ».
Les ONG et l’opposition contre le gouvernement
En septembre, les ONG tiraient la sonnette d’alarme : elles s’estimaient en danger suite aux réactions pas à leur goût du gouvernement, après que ces mêmes ONG aient tenté de saboter un projet industriel. À partir de là, le progressiste Miro Cerar est devenu la bête noire des ONG : en novembre, l’expulsion d’un migrant syrien a déclenché une campagne contre lui de la part des « organisations civiles ». Et l’opposition a profité de l’occasion. L’ancien Premier ministre Janez Jansa a pris la tête de l’opposition main dans la main avec les ONG.
En décembre, la participation de la Hongrie à ce projet ferroviaire à 1 milliard d’euros avait encore amené à une colère des ONG, poussant le gouvernement à se justifier. Selon les ONG, ce projet et la somme en jeu pouvaient amener « de la corruption ». Suite aux procédures lancées par les ONG et l’opposition, la Cour constitutionnelle a finalement décrété que la campagne du gouvernement n’était pas conforme aux règles, invalidant ainsi le scrutin, pourtant favorable au projet du gouvernement. Un nouveau référendum devra avoir lieu sur le sujet : mais ce sera sans le gouvernement qui avait porté le projet stratégique.