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UE : la nouvelle Commission européenne vue d’Europe centrale

Temps de lecture : 3 minutes

Par la rédaction.

Union européenne – Le visage de la nouvelle Commission européenne, présidée par l’allemande Ursula von der Leyen, prend forme, avec quelques espérances pour le V4, mais également des inquiétudes.

Tandis que certains espéraient et annonçaient de grands changements dans la politique européenne avec les élections européennes de mai 2019, la réalité est que la vague populiste tant annoncée n’a pas véritablement eu lieu. D’ailleurs, l’agence de presse naissante V4NA, proche du gouvernement hongrois, n’a pas manqué de souligner que « les alliés de Soros risquent de faire également partie de la nouvelle Commission européenne ».

Frans Timmermans sera en effet vice-président, malgré ses liens étroits avec Soros et l’opposition radicale d’une partie importante des pays européens – en particulier les pays d’Europe centrale – à ces réseaux extérieurs. La portugaise Elisa Ferreira qui doit être en charge de la cohésion et des réformes, figure même sur la liste Soros des « alliés de confiance», révélée en 2016 par les SorosLeaks. En sus, Paolo Gentiloni (PSE), Didier Reynders (ALDE), Josep Borrell (PSE), Johannes Hahn (PPE), Margrethe Vestager (ALDE), Margarítis Schinás (PPE) et Valdis Dombrovkis (PPE) sont tous nominés pour devenir commissaires européens, et tous sont liés à Soros et à ses réseaux de manière ouverte.

Même venant du groupe de Visegrád, certains nominés ne font pas l’unanimité. Il en va ainsi de la tchèque Věra Jourová, membre de l’ALDE, promotrice de l’agenda LGBT, qui a été nommée par van der Leyen au poste de vice-présidence en charge de la protection des valeurs européennes et de la transparence. Les liens de Věra Jourová avec la galaxie Soros sont de notoriété publique : en 2018, Jourová a pris la parole au IVe Prague European Summit (PES), organisé avec le soutien de la branche tchèque de l’Open Society Foundation ; à la fin de l’événement, elle n’a d’ailleurs pas hésité à poser pour la postérité en compagnie de George et Alexander Soros. Toutefois, Jourová a semblé vouloir donner des gages pour rassurer le V4, comme le montre une récente déclaration de sa part : « Je ne crains pas les pressions que certains pays pourraient exercer sur moi,étant convaincue que le dialogue avec les pays du groupe de Visegrád doit se poursuivre. C’est une région dont je suis proche, et que je comprends. »

Les seuls changements significatifs ont été, outre la modeste poussée populiste de droite, la fin du règne PPE-PSE (désormais obligés de composer avec les libéraux et les Verts) et l’échec du système du Spitzenkandidat, très critiqué.

Alors que les tensions étaient fortes depuis des mois entre le Fidesz hongrois et le PPE, il semble que le parti de Viktor Orbán soit bien parti pour rester au sein de cette famille politique, le pragmatisme l’emportant sur les autres considérations. En effet, le poids du PPE au sein du Parlement européen a diminué, tandis que le poids relatif du Fidesz (13 députés) s’est accru au sein du PPE.

Orbán et ses partenaires du V4 semblent avoir négocié quelques contreparties à leur soutien apporté à Ursula von der Leyen, élue à la tête de la Commission européenne avec une faible majorité.

Cela s’illustre notamment par le portefeuille obtenu par la Hongrie au sein de la Commission européenne. Durant la Commission Juncker (2014-2019), la Hongrie avait obtenu pour Tibor Navracsics un portefeuille de seconde importance, avec la Commission à l’éducation, à la culture, au multilinguisme et à la jeunesse.

Pour la nouvelle mandature, c’est László Trócsányi qui a été choisi par la Hongrie pour occuper un poste de commissaire européen. László Trócsányi, parfait francophone, a été ambassadeur de Hongrie à Paris, puis ministre de la Justice de 2014 à 2019. Il conduisait la liste du Fidesz pour les élections européennes de mai 2019.

László Trócsányi a été nominé à la Commission à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage, un portefeuille souvent détenu par le passé par des commissaires issus des grands pays de l’Europe occidentale.

Ce poste pourrait s’avérer stratégique pour la politique hongroise, très orientée sur les Balkans, tout comme les autres pays du groupe de Visegrád (V4). Outre la question migratoire avec la construction du grillage frontalier à la frontière serbe (mais aussi une assistance à des pays comme la Macédoine et le Monténégro), la Hongrie et ses partenaires du V4 mènent une véritable politique à l’endroit de ces pays et tentent de s’y imposer comme acteurs régionaux. L’enjeu est également de favoriser à l’avenir leur influence dans les Balkans où couve un nouveau conflit, afin de le désamorcer. D’autre part, les dirigeants de la région centre-européenne entendent bien contribuer à diminuer les influences étatsunienne, russe, turque, arabe et allemande dans les Balkans occidentaux. En plein décollage économique, l’Europe centrale cherche, à l’instar de ses partenaires occidentaux, des zones où investir, voire prochainement délocaliser. Les Balkans pourraient être un terrain de choix. Dernière considération, mais pas des moindres : l’entrée dans l’UE de nouveaux pays post-communistes pourrait bien être en faveur de l’Europe centrale, tant que dure le principe « d’un pays, une voix ».

Reste toutefois pour László Trócsányi à passer l’épreuve délicate de l’audition des parlementaires européens – entre le 30 septembre et le 8 octobre -, qui valident la nomination des commissaires européens. D’où l’intérêt pour Orbán de pouvoir compter sur l’appui de ses partenaires du PPE, mais aussi de ses amis populistes.