Prague – Les autorités locales du sixième arrondissement de la ville de Prague ont fait procéder vendredi matin – comme cela avait été décidé par ses élus en septembre dernier – à l’enlèvement pur et simple de la statue du maréchal soviétique Ivan Stepanovitch Koniev (1897-1973) dont les troupes s’étaient glorieusement illustrées face à la Wehrmacht dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale en Ukraine, en Biélorussie, en Pologne et finalement en Tchécoslovaquie dont elles libérèrent notamment la capitale Prague de l’occupant allemand.
Héros de l’Union soviétique controversé en Hongrie et en Tchéquie
Tandis que Koniev est un héros de l’Union soviétique et est resté l’un des militaires les plus admirés en Russie, son nom est de fait associé en Tchéquie à l’occupation soviétique qui dura des décennies tandis qu’il joua en tant que commandant en chef des forces armées du pacte de Varsovie un rôle de premier ordre dans la répression de la révolution hongroise de 1956. De fait, il commanda les 17 divisions qui écrasèrent la résistance hongroise lors de la seconde intervention soviétique, baptisée « opération Cyclone », causant la mort de 2 500 personnes du côté hongrois. Enfin le maréchal Koniev avait aussi préparé l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques dans des circonstances similaires en 1968. À Prague, la statue faisait régulièrement l’objet de dégradations.
« Il ne portait pas de masque… »
Le conseil du sixième arrondissement avait décidé en septembre dernier de faire procéder à l’enlèvement dudit monument afin de le placer dans un musée retraçant l’Histoire du XXe siècle en Tchéquie – le Musée de la mémoire du XXe siècle –, une décision qui avait cependant été largement critiquée par une partie de l’opinion. C’est pourquoi Ondřej Kolář (TOP 09), le maire de cet arrondissement a – sans s’en cacher le moins du monde – saisi l’occasion du confinement pour cause de coronavirus pour régler cette question par un fait accompli : « Il ne portait pas de masque », a ainsi publié M. Kolář sur Facebook sur le ton de la plaisanterie, « ces consignes s’appliquent à tous. Vous ne pouvez pas être dehors si votre bouche et votre nez ne sont pas couverts».
Le ministère russe des Affaires étrangères a vivement protesté contre le retrait du monument qui avait été érigé en 1980, tandis que la mission russe auprès de l’OCDE a évoqué un « jour sombre » dans l’Histoire de Prague, pendant que l’ambassade de Russie en Tchéquie parle de « provocation ». De son côté, le président tchèque Miloš Zeman, connu pour ses relations cordiales avec le pouvoir russe, a également critiqué l’initiative des autorités locales du sixième arrondissement de Prague.