Roumanie – Alors que le parlement roumain vient d’adopter une loi faisant de la date anniversaire du traité de Trianon (le 4 juin) une fête nationale en Roumanie, la communauté hongroise y réagit assez froidement.
Campagne magyarophobe
C’est ainsi que le Parti populaire hongrois de Transylvanie (Erdélyi Magyar Nepárt, EMNP) et du Parti civique hongrois (Magyar Polgári Párt, MPP) ont déclaré que cette loi « s’inscrit malheureusement dans la série des explosions anti-hongroises de ces dernières semaines [et que] la haine nationale en Roumanie est redevenue élevée au niveau de la politique de l’État ». Cela s’ajoute à une longue série de mesures et déclarations anti-hongroises de la part des politiciens roumains actuels, qui usent aisément de la « carte hongroise » comme écran de fumée ou outil de pression sur Budapest.
« Nous pleurons le 4 juin »
« Dans l’Europe du XXIe siècle, il est incompréhensible et inacceptable que le Parlement roumain adopte une loi qui humilie [de la sorte] le plus grand peuple autochtone du pays et l’un de ses principaux partenaires commerciaux, la Hongrie […] Soyons clairs: nous sommes Hongrois, alors nous pleurons le 4 juin […] Nous sommes Hongrois, donc nous ne célébrons pas, » ont-ils conclu.
À l’issue de la 1e Guerre mondiale, plusieurs traités sont signés. Le traité de Trianon démembre la Hongrie : 72% de son territoire et 64% de sa population sont retirés à la Hongrie. Si environ la moitié des habitants du Royaume de Hongrie n’étaient pas ethniquement hongrois, le traité de Trianon, décidé en partie sur la base de certains documents trompeurs fournis à dessein aux décisionnaires par les partisans du démembrement de la Hongrie, implique que 3,3 millions de Hongrois se retrouvent du jour au lendemain citoyens d’un autre pays que la Hongrie. Encore aujourd’hui, alors que la date du centenaire approche, il reste 1,2 millions de Hongrois en Roumanie, essentiellement en Transylvanie, où ils représentent environ 75% de la population dans deux départements.
Par ailleurs, une association roumaine de défense des droits de l’Homme, Active Watch, a demandé au président Klaus Iohannis de renoncer à promulguer cette loi controversée.