Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Le Covid ne peut tuer que les vieux qui existent

Temps de lecture : 17 minutes

Le Covid ne peut tuer que les vieux qui existent

ou : pourquoi la mortalité Covid19 relativement basse des Pays d’Europe Centrale et Orientale
ne prouve pas l’efficacité des politiques antiépidémiques de ces pays

 

THÈSE PRINCIPALE

Pour peu qu’on se concentre sur la longévité masculine (le Covid-19 s’étant avéré fort sélectif dans sa létalité – notamment du point de vue du sexe), on constate que, dans les Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO : ancien Pacte de Varsovie + ex-Yougoslavie), l’espérance de vie moyenne est inférieure à 75 ans, tandis qu’en Europe occidentale, la valeur moyenne est clairement supérieure à 75 ans.

Le virus, bien entendu, ne « s’intéresse pas » à l’état civil de ses « victimes », ni donc à leur âge en soi, mais redouble simplement de létalité (comme la plupart des virus) en présence de comorbidités (en Hongrie, de l’aveu même des autorités pourtant pro-confinement, toutes les victimes comptabilisées depuis le début de l’épidémie présentaient au moins une maladie chronique). Or, s’il y a bien une chose qui croît de façon exponentielle dans cette histoire, c’est l’incidence des maladies chroniques lorsqu’on passe du troisième au quatrième âge. Ce passage étant d’ailleurs, en réalité, lié à l’état de santé de chacun plutôt qu’à sa date de naissance, on pourrait même soutenir que c’est, justement, la multiplication des maladies chroniques (prélude au décès dans la plupart des cas) qui définit le mieux le quatrième âge. Or la présente crise nous livre l’occasion de constater que l’âge moyen de ce passage pourrait bien, justement, se situer actuellement en Europe aux alentours des 75 ans.

En France, où l’impact létal du virus a été massif (et où la base de données fournie par son observation est donc productrice de conclusions particulièrement fiables), l’âge moyen des victimes au moment de leur décès est actuellement de 84 ans.

Voilà, à mon avis, la principale raison de la faible mortalité Covid-19 constatée dans les PECO, où, parmi les pays pris en compte dans la présente étude, la mortalité nationale la plus élevée (en Roumanie : 56 morts/million d’hab.) reste nettement inférieure à celle du pays occidental moins gravement touché (dans cette étude : l’Autriche, à 70 m./mil. d’hab.).

Voilà la raison pour laquelle j’estime que, dans les débats portant sur l’efficacité de telle ou telle politique antiépidémique, les comparaisons « transversales » (rapprochant des données occidentales de données issues des PECO) devraient être considérées comme un vice de méthode. Il est, par exemple, totalement absurde de comparer les chiffres de mortalité enregistrés en Suède (espérance de vie masculine : 80+) et en Roumanie (72-). La Suède peut, en revanche, légitimement être comparée à la France, à l’Italie, à l’Espagne ou au Danemark (or, de ces quatre comparaisons, trois plaideraient plutôt pour la réussite du modèle suédois – les résultats de la quatrième pouvant, d’ailleurs, être liés au fait que, pour des raisons qui m’échappent encore, le Danemark a une longévité masculine inférieure de deux ans à celle de la Suède). Quant à la Roumanie (celui des PECO qui a mis en place le confinement le plus dur), il est pertinent de comparer ses résultats à ceux de pays comme la Hongrie (qui, en dépit d’un discours pro-confinement politiquement intéressé, a mis en place un confinement bien plus modéré), ou à ceux du Belarus (qui n’a pas confiné du tout).

De toutes les comparaisons pertinentes susmentionnées, il ressort assez clairement que les politiques de confinement semblent singulièrement manquer d’incidence épidémiologique – comme l’avaient d’ailleurs prédit, dès le début de la crise, des virologues de renom international, comme les prof. D. Raoult (France) ou S. Bhakdi (Allemagne).

A l’occasion de quelques communications confidentielles (en Hongrie) et d’une première publication en ligne (en Roumanie), la logique de la présente étude a fait l’objet (notamment sur les réseaux sociaux) d’attaques massives, en provenance notamment de divers propagandistes des régimes en place dans divers PECO (hors-Belarus). Ces régimes ont en effet, pour la plupart, cédé au chantage émotionnel des médias occidentaux, et adopté le modèle de « gestion de crise » délirant initialement insufflé à B. Johnson et E. Macron par le gourou anglais Neil Ferguson – et cherchent donc actuellement, à l’occasion d’un recul (probablement naturel) de l’épidémie, à présenter, dans chaque pays, les résultats de l’application de ce modèle dément comme un grand succès technocratique. Cette stratégie de communication est en consonance avec celle des régimes occidentaux confinants (donc tous, à l’exception de la Suède, et dans une moindre mesure de la Suisse et de l’Islande), qui, ne pouvant décemment pas emboucher les trompettes du triomphe, cherchent pour leur part à suggérer que, sans confinement, le bilan de l’épidémie aurait été bien plus lourd. Outre le démenti suédois, la présente étude se propose de démontrer que les résultats des PECO ne plaident pas non plus dans ce sens. Mon but personnel – dont je ne fais pas mystère – étant d’empêcher autant que possible à l’avenir le réemploi d’un « modèle de gestion de crise » à la fois inefficace, socioéconomiquement dévastateur et politiquement liberticide.

Un serveur masqué à Budapest, le 18 mai 2020 à la réouverture des terrasses. Photo : Facebook / Viktor Orbán

CONTRE-ARGUMENTS

L’expérience préalable de discussions (souvent fort polémiques) entourant la présente thèse dans les espaces culturels/linguistiques hongrois et roumain a eu pour avantage de me fournir un premier répertoire des objections vulgaires les plus fréquentes, et notamment des moins fondées. Commençons donc, par acquis de conscience, par balayer ces dernières ; elles relèvent principalement de deux catégories :

  • Les pays présentant de meilleurs résultats que ceux des pays confinants (typiquement, ce reproche s’adresse à la Suède et à la Biélorussie), ou plus généralement des résultats gênants du point de vue du modèle fergusonien défendu, « ont menti, et manipulent leurs chiffres (notamment leurs chiffres de mortalité) ».
  • Au cas où il faudrait (en dépit de l’application de l’artifice N°1) reconnaître de meilleurs résultats à un pays dont la politique a été moins confinante (voire non-confinante), on évoquera des différences culturelles, et notamment la « meilleure discipline » des populations concernées. Qui veut noyer son chien, il dit qu’il a la rage. Qui veut confiner son peuple, il dit qu’il a la bougeotte.

Je pourrais disserter en long et en large sur la fiabilité des données de base (agrées par l’OMS) que j’ai utilisées dans la présente étude, mais ce serait une perte de temps. Du point de vue de l’épistémologie même la plus élémentaire, les deux séries d’objections susmentionnées se heurtent à un même mur : le fait qu’on peut toujours (parfois à raison) soupçonner un pays d’avoir truqué des chiffres, ou une population de manquer de discipline. En revanche, dès qu’on étend de tels soupçons à des séries entières de pays que par ailleurs rien ne rapproche (ni géographiquement, ni culturellement, ni politiquement) en-dehors du fait qu’ils « montrent le mauvais exemple » du point de vue de telle ou telle théorie, on entre de toute évidence dans le délire (plus précisément, dans une des formes de ce que l’épistémologie nomme biais de confirmation). Ou dans le sophisme (dans le cas de ceux qui emploient de tels arguments en étant conscients de leurs faiblesses, mais ont des objectifs de propagande à atteindre). En réalité, il est bien évident qu’il n’existe aucune conspiration internationale rassemblant la Suède, la Suisse, les Pays-Bas, Raoult, un autre virologue allemand d’origine thaï et la Biélorussie de Loukachenko, en vue de camoufler des décès. Quant au cliché des « populations indisciplinées », si son utilisation rhétorique peut être d’une certaine efficacité quand on compare, par exemple, les Français aux Suédois, il s’avérerait, en revanche, hautement contre-intuitif d’affirmer que les Hongrois sont moins disciplinés que les Serbes, ou que les citoyens du Belarus.

La présente étude offre d’ailleurs, par ricochet, l’occasion de réfuter une autre légende urbaine de l’âge covidien. Dans divers PECO, les nostalgiques des régimes de l’avant 1990-91 (avec, en l’occurrence, le renfort apparemment illogique de divers « anticommunistes » discursivement très véhéments, mais qui n’ont pas résisté à la tentation de tirer même du passé communiste de leur pays – qu’ils abhorrent en principe – un motif de « fierté nationale ») ont évoqué, pour expliquer leurs « bon chiffres », d’éventuelles conséquences des politiques de vaccination (scolaire et obligatoire) de l’époque communiste (qui n’ont en général pas disparu en même temps que les dictatures communistes) sur « l’immunité moyenne » des populations des PECO. Leur argument a, certes, été annihilé ab ovo par le professeur Raoult, lequel, dans un entretien du 14 avril, faisait remarquer que ce niveau « étonnamment bas » de mortalité (par rapport aux moyennes constatées en Europe occidentale) n’est pas seulement caractéristique des PECO (dont Raoult ne s’occupe en réalité pas), mais plus généralement de l’ensemble des pays pauvres. Pour disposer d’une preuve positive, il faudrait bien entendu conduire une autre étude d’histoire sanitaire, examinant comparativement les politiques vaccinales des 80 dernières années dans des dizaines de pays – tâche ardue, et probablement inutile : intuitivement, on peut d’ores et déjà déclarer extrêmement improbable la découverte d’un produit vaccinal (et d’un mode d’administration) dont l’utilisation aurait, d’une part, caractérisé l’ensemble du Tiers-monde (soviétisé et non-soviétisé), d’autre part totalement contourné l’Occident. Nous vivons, tout de même, sur la même planète. Le véritable (et le seul) dénominateur commun des pays relativement « épargnés » par le Covid-19 (ou, plus exactement, par une létalité élevée en rapport avec ce virus), c’est la pauvreté – et ses conséquences démographiques : un quatrième âge moins massifié (et probablement aussi constitué qualitativement d’individus plus résistants – c’est du moins ce que suggère une règle évolutive très générale : plus la mortalité est élevée, plus la sélection est rigoureuse).

Arrivé à ce point du raisonnement, dans l’opinion publique des PECO, on se heurte en général à une autre objection issue du « bon sens populaire », selon laquelle « les vieux de l’Ouest » (la distinction entre 3e et 4e âge – et ce n’est pas un hasard – fait généralement défaut dans les langues des PECO) seraient « en meilleure santé que les nôtres ». En effet, une partie des retraités occidentaux jouissant d’un niveau de revenu inimaginable pour ceux des PECO, ils ont accès au tourisme de masse (y compris international) ; les gens des PECO les voient donc clopiner dignement à travers Budapest, Moscou, etc., à un âge où « leurs homologues » locaux ont déjà bien du mal à aller jusqu’au marché. Bien évidemment, les citoyens des PECO – même les rares qui peuvent se payer des vacances à l’Ouest – y visitent rarement des maisons de retraite, et n’ont donc pas l’occasion de voir ce que deviennent ces mêmes retraités fringants une fois entrés dans la catégorie des vieux dépendants. Seuls quelques médecins roumains expatriés à l’Ouest ont spontanément adhéré aux conclusions de la présente étude – ayant, quant à eux, eu l’occasion de constater qu’à l’âge (d’état civil et/ou biologique) où leurs grands-parents à eux se dirigent en général vers le cimetière, leurs homologues occidentaux (sauf les quelques chanceux qui arrivent encore à voyager) ne meurent certes pas, mais doivent leur survie avant tout à un dispositif massif d’acharnement thérapeutique, qui leur permet de passer des années, voire des décennies, dans un état limbaire, intermédiaire entre la vie et la mort. C’est, bien entendu, dans cette population de morts-vivants que le Covid-19 a prélevé (à l’Est comme à l’Ouest – mais les effectifs de ladite population n’y sont pas les mêmes !) les cohortes de victimes les plus massives. Ce qui n’empêche pas beaucoup de citoyens des PECO de croire que les vieux occidentaux, « puisqu’ils vivent plus longtemps », sont plus sains que les leurs (les leurs restant bien entendu socialement visibles jusqu’aux abords du décès, puisque la « maison de retraite » est un luxe). De ce décalage des perceptions, on peut en tout cas au moins tirer une conclusion d’histoire culturelle : à l’échelle internationale, tout du moins, l’occultation de la vieillesse dépendante et de la mort caractéristique de l’Occident actuel a bien fonctionné. Ne nous hâtons pas d’en déduire que rien de tel ne pourrait arriver dans les PECO : les conditions culturelles d’une telle occultation y ont été importées en même temps que tout le reste du logiciel occidental. Simplement, les conditions matérielles de sa mise en œuvre continuent à faire défaut.

Le premier ministre tchèque Andrej Babiš lors de la visioconférence V4 + Allemagne le 19 mai 2020. Photo : Facebook / Andrej Babiš

CONSIDÉRATIONS ANNEXES

Bien entendu, il est aussi possible de formuler, contre la thèse de la présente étude (comme contre toute hypothèse tant qu’elle n’est pas positivement prouvée) des objections plus honnêtes et/ou plus sensées. Dans cette section, je m’efforce d’y répondre d’avance, sous la forme de quelques précisions méthodologiques.

  • Sur le choix des critères :

J’ai retenu, comme unique indicateur fiable de l’impact épidémiologique réel du virus sur une société donnée, le chiffre de mortalité rapportée à la population totale. Et ce, pour une raison simple : s’il est généralement admis, dans le cas du Covid-19, qu’il existe des infectés asymptomatiques, il n’existe pas de décès asymptomatiques. Bien entendu, la comptabilité des décès pose, elle aussi, des problèmes (par exemple en Roumanie, où il semble que tous les décès accompagnés d’un test positif ont été classés comme « décès liés au Covid » – à l’exception des « accidents », mais qui définit la nature « accidentelle » d’un décès ?). On a aussi évoqué la distorsion que peuvent introduire les décès de patients âgés survenus (notamment en Suède) à domicile. Sans remarquer, d’ailleurs, que l’objection, en l’occurrence, faisait plus de tort à la narration covidienne dominante que l’argument auquel elle pensait s’opposer : s’il faut à tout prix aller en vitesse tester des mourants pour obtenir une « statistique correcte » de la mortalité Covid-19, c’est bien sûr parce que ce « virus nouveau », comme la plupart des « virus anciens », « tue » … principalement des mourants.

Compte tenu des capacités européennes de dépistage (comprises entre « nulles » et « très faibles » en fonction des pays et de la période), ce qu’on appelle généralement « nombre d’infections » ne peut en réalité être interprété que comme un « nombre de tests positifs réalisés », généralement suite à des internements, et reflète donc plus l’ampleur des structures de dépistage et l’intensité des politiques d’internement que quoi que ce soit d’autre.

Pour ne rien dire, donc, des « taux de mortalités » calculés sous la forme de quotients dans lesquels le dénominateur est constitué par ledit « nombre d’infections » – véritables déchets logiques dans le cas du Covid-19.

  • Sur le choix de l’aire étudiée :

Sans m’interdire, dans l’interprétation des données, des excursus extra-européens, j’ai choisi de comparer entre eux 19 pays européens (tous membres – sauf 4 – de l’UE) : 10 PECO (dont 8 États membres de l’UE) et 9 pays d’Europe occidentale (dont 7 États membres de l’UE). Tous ces pays ont en commun de s’encadrer dans une même fourchette au regard de certains paramètres que j’ai jugés pertinents pour éviter toute distorsion statistique – à savoir :

  • une durée officielle de l’épidémie (calculée à partir du jour du premier cas officiellement répertorié) comprise entre 70 jours (République Moldave) et 113 jours (France) ;
  • une population comprise entre de 2,68 millions d’habitants (République Moldave) et 83 millions d’habitants (Allemagne) ; ainsi que
  • une densité de population comprise entre 23 habitants/km2 (Suède) et 274 hab./km2 (Royaume Uni).

J’ai donc exclu de l’étude des pays comme ceux du Benelux (dont la densité de population excède trop brutalement la moyenne européenne), mais aussi la Norvège et la Russie (dont la densité de population est par trop inférieure à la moyenne européenne). La Russie (tout comme, à l’autre extrême, des micro-États comme Saint-Marin) a aussi été exclue en raison de sa population totale, là aussi hors-norme.

La Biélorussie, qui aurait été recevable en vertu de ces paramètres, aurait pu être intégrée dans l’étude (comme la Serbie) à titre de pays-témoin représentant les PECO hors-UE. J’y ai renoncé, compte tenu des très nombreuses allégations (généralement sans preuve aucune, toutefois) de manipulation des chiffres par les autorités de Minsk – et ce, afin de démontrer, justement, que l’exemple des pays « hérétiques » n’est même pas nécessaire pour remettre en cause la narration pro-confinement qui monopolise actuellement le mainstream médiatique.

Quant à la focalisation de base de notre étude sur l’Europe, elle répond au souci de présenter des résultats politiquement interprétables.

Par ailleurs, à l’échelle mondiale, je ne cherche pas à occulter le fait que la plupart des exceptions constatables à la corrélation longévité/mortalité que j’ai voulu souligner se trouvent en Asie orientale. Mais il me semble que la coexistence déjà ancienne des sociétés extrême-orientales avec les virus de type Covid (et bien entendu les conséquences immunitaires, sociales, culturelles et politiques de cette coexistence), ainsi que le niveau de compétence technologique de ces sociétés (de moins en moins comparable avec celui de ce Tiers-monde néologique qu’est devenu l’Europe) rendent toute comparaison avec l’Occident actuel (même avec ses métropoles les moins détechnologisées, comme l’Allemagne) d’entrée de jeu assez bancale.

  • Sur l’incidence de la durée :

Le tableau centralisant les données de l’étude présente dans sa dernière colonne la date officielle du premier « cas » de chaque pays, en précisant bien qu’il s’agit de la date officielle du premier cas officiellement recensé. En vertu des dates officielles, il existerait en moyenne 24 jours entre la date d’apparition du virus à l’Ouest du continent et sa date d’apparition dans les PECO pris en compte dans cette étude. Or la plupart desdits PECO sont soit des pays de forte émigration vers l’Ouest de l’UE (Roumanie, Moldavie, Pologne), soit des pays touristiques (Hongrie), soit les deux (Croatie) ; pour toutes ces raisons, jusque vers la mi-mars, ils étaient reliés à la plupart des capitales de l’Ouest de l’UE par des vols low-cost quotidiens. Il est donc extrêmement improbable que ces dates correspondent à la réalité. Et, de fait, les soupçons de cas antérieurs aux dates officielles de « début d’épidémie » s’accumulent dans divers PECO, même s’il est pour l’instant (et restera éventuellement à tout jamais) difficile d’administrer une preuve en la matière, compte tenu d’une part de l’absence de tests effectués avant ladite date, d’autre part des efforts probablement entrepris entre temps par les autorités médicales de ces divers pays pour effacer les traces de tels cas.

En réalité, je pense qu’il est bien plus raisonnable de considérer que, s’il existe un lien causal entre date d’apparition officielle et taux de mortalité, l’orientation du vecteur causal est probablement l’inverse de ce que la narration covidienne desdits gouvernements cherche à faire accroire : dans une zone où l’impact létal du Covid-19 est faible, on pouvait s’attendre à ce que l’alerte soit donné plus tardivement – et d’ailleurs plutôt sous la pression de l’hystérie collective créée par les médias occidentaux (vite rejoints par les médias locaux, sous influence), compte tenu de la dépendance culturelle vis-à-vis de l’Occident qui caractérise les sociétés des PECO, indépendamment des options idéologiques des uns et des autres. Au vu des chiffres actuellement disponibles, on peut tranquillement affirmer que, sans l’hystérie médiatique créée en Occident, l’épidémie de Covid-19 aurait pu passer inaperçue dans les PECO, où, de toute façon, son impact démographique est pour l’instant invisible (comme dans beaucoup de pays occidentaux, au demeurant – étant donné qu’en statistique annuelle, avec ou sans Covid, les mourant tendent … à mourir). L’impact démographique des politiques fergusoniennes adoptées sous prétexte de pandémie, en revanche, ne passera certainement pas inaperçu : impact direct (patients mal soignés, interventions chirurgicales reportées pour cause d’évacuations inutiles d’hôpitaux, croissance du suicide et de l’alcoolisme etc.), et indirect (dont la constatation, s’étalant sur au moins une décennie, sera plus lente : victimes de la récession, voire des politiques de répression que la découverte du mensonge d’État rendra probablement assez vite inévitable). Et ce, dans le monde entier, mais a fortiori dans ces PECO, où l’irresponsabilité des gouvernements paniquards et conformistes vient frapper des économies et des sociétés plus fragiles que celles de l’Ouest du continent.

Au centre, le président de la République de la Républiquer slovaque Zuzana Čaputová ; à sa gauche, le premier ministre Igor Matovič. Photo : Facebook / Igor Matovič

L’ÉTUDE STATISTIQUE ELLE-MÊME

N° de colonne

0

 

I

 

II

 

III

 

IV

19 pays européens, dans l’ordre d’une classification mondiale en fonction de la longévité générale (hommes et femmes)

source

Espérance de vie masculine moyenne

source

Mortalité « liée à l’épidémie » de Covid-19, rapportée à la population générale (morts / 1 million d’hab.) le 15 mai 2020.

source

Densité de population (hab./km2)

source

Date du premier cas officiellement recensé d’infection par Covid-19 et « durée officielle de l’épidémie » calculée en fonction de cette date, au 15 mai 2020

source

Suisse (1) 81,3* 217 208 25.02 – 81 jours
Espagne (4) 80,1 587* 93 31.01 – 106 jours
Italie (6) 80,5 523 200 31.01 – 106 jours
Suède (9) 80,7 361 *23 31.01 – 106 jours
France (9) 79,4 422 123 24.01 – 113 jours*
Autriche (18) 79,0 70 106 25.02 – 81 jours
Royaume Uni (20) 79,4 501 274* 31.01 – 106 jours
Allemagne (24) 78,7 96 233 27.01 – 110 jours
Slovénie (26) 77,9 50 103 04.03 – 73 jours
Danemark (27) 78,6 93 135 27.02 – 79 jours
Tchéquie (33) 75,9 28 135 01.03 – 76 jours
Croatie (36) 74,7 23 72 25.02 – 81 jours
MOYENNE 74,6 168 122 86
Pologne (41) 73,6 24 123 04.03 – 73 jours
Slovaquie (46) 72,9 *5 111 06.03 – 71 jours
Hongrie (57) 72,3 46 105 04.03 – 73 jours
Serbie (60) 72,9 26 89 06.03 – 71 jours
Roumanie (67) 71,4 56 81 26.02 – 80 jours
Lituanie (89) 68,1 20 43 28.02 – 78 jours
République Moldave (99) *67,9 50 79 *07.03 – 70 jours

rouge : PECO intégrés dans l’UE
jaune : PECO non-intégrés dans l’UE
bleu : pays d’Europe occidentale ne faisant pas/plus partie de l’UE
souligné : valeur dépassant la moyenne de la colonne
* signale les pays présentant la valeur la plus élevée et la valeur la moins élevée de chaque colonne

En Hongrie, une personne subit un examen de dépistage au Covid-19 par prélèvement rhino-pharyngé par écouvillonnage. Photo : Facebook / Koronavírus tájékoztató oldal.

CONCLUSIONS PARTIELLES :

  1. Corrélation II-III : les exceptions de classement slovène et croate pourraient suggérer un lien causal entre densité de population et mortalité. Il est effectivement probable que la densité joue un rôle (cf. supra, précisions méthodologiques) – ce que suggèrent aussi, en-dehors des limites de la présente étude, les cas de méga-États comme la Russie et les États-Unis d’Amérique. Néanmoins, le cas de la Suède (pays le moins densément peuplé de l’étude, et présentant néanmoins une mortalité typique d’Europe occidentale – quoique inférieure à celle de la plupart des pays confinants du même sous-groupe) montre qu’une telle causalité ne peut en aucun cas constituer un facteur prépondérant. D’ailleurs, s’il existe effectivement un parallélisme entre ces deux colonnes, on peut, comme dans le cas de la corrélation durée/mortalité, s’interroger sur l’orientation réelle d’un éventuel vecteur de causalité : plus pauvres, les PECO sont aussi moins peuplés, étant affectés d’un bilan migratoire net négatif depuis des décennies, s’ajoutant à une natalité en berne (pendant qu’à l’Ouest, les effets d’une natalité autochtone tout aussi faible sont corrigés par un bilan migratoire positif) ; plutôt que d’une réelle inversion du vecteur, il y a donc fort à parier que les données de II comme celles de III découlent d’une même surdétermination sociologique, qui n’est autre que celle de la pauvreté : les pays pauvres se vident (colonne III), et l’on y vit moins longtemps, en général sans avoir le temps d’atteindre l’âge/état de fragilité qui constitue le cœur de cible de la mortalité spécifique du Covid-19 (colonne II).
  2. Corrélation II-IV : la corrélation est relativement stable, mais comme nous l’avons signalé plus haut (cf. précisions méthodologiques), l’orientation du vecteur causal est très incertaine dans ce cas : il est fort probable qu’une population à 4e âge plus massif, donc plus vulnérable, produise des signaux d’alerte plus précoces que des populations démographiquement moins vulnérables. En d’autres termes : on peut soupçonner les valeurs de la colonne IV d’être, au même titre que celles de la colonne II (tout au plus un peu moins – compte tenu de l’existence d’autres facteurs), en grande partie des conséquences de celles de la colonne I.
  3. La corrélation qui, tout en présentant une stabilité maximale, ne peut à mon avis pas être tributaire de facteurs parasitaires (comme les deux corrélations susmentionnées), et la plus efficace en vue créer des sous-groupes homogènes (c’est-à-dire de donner une interprétation géographiquement cohérente à la géographie de la mortalité covidienne) est donc celle qu’on observe entre les valeurs des colonnes I et II. La seule exception (scalaire) qu’on pourrait observer est en réalité une exception de pure apparence : l’Autriche, placée après le Royaume-Uni au classement mondial de la longévité générale (d’où sa position dans la colonne 0, et donc dans le tableau), ne doit cette position qu’à une longévité féminine particulièrement élevée, mais, comme le montre notre tableau, sa longévité masculine est inférieure à celle du Royaume-Uni.
Le premier ministre hongrois Viktor Orbán sur le tarmac que l’aéroport de Budapest, devant un des nombreux avions chinois ayant apporté du matériel médical depuis le début de la crise. Photo : Facebook / Viktor Orbán

CONCLUSIONS GÉNÉRALES

De la structure démographique de la mortalité spécifique du Covid-19 et des populations des PECO comparées à celles de l’Europe occidentale (les unes avec une longévité masculine inférieure à 75 ans, les autres avec une longévité masculine supérieure), on aurait pu, dès le premier mois de l’épidémie en Europe, déduire l’invraisemblance – tout du moins en ce qui concerne les PECO – des scénarios de « croissance exponentielle » (de la mortalité et des symptômes graves) agités en début de crise par divers « scientifiques », à commencer par le gourou Neil Ferguson. Or c’est la menace d’une telle « croissance exponentielle » qui, en faisant planer un risque (irréel) de surcharge des systèmes de santé, a pour l’essentiel permis (et continue à permettre, dans le discours auto-justificateur des divers gouvernements confinants) l’adoption de mesures liberticides, épidémiologiquement contre-productives, et nocives du point de vue de la santé publique (notamment du fait des politiques de « disponibilisations de lits »).

Cet échec de l’expertise publique des États des PECO a très probablement d’ores et déjà laissé derrière lui un bilan létal supérieur à celui de l’épidémie elle-même.

Reste, en guise d’ouverture, à s’interroger aussi sur les causes de cet échec. Cet échec étant avant tout l’échec d’une politique d’imitation, il faut à mon avis distinguer entre :

  1. Causes occidentales : en Occident, où la narration covidienne (sous sa forme européenne, par adaptation libre de l’original chinois) est née, on peut raisonnablement penser que l’étonnante perméabilité des pouvoirs publics à de telles aberrations doit avoir un lien avec la captation croissante de l’expertise de santé par les lobbies pharmaceutiques, qui n’ont évidemment aucun intérêt à ce que des solutions simples et peu coûteuses soient apportées à ces crises sanitaires (de leur point de vue) providentielles – et donc, pour généraliser : avec la disparition/adultération du concept même de santé publique.
  2. Dans les PECO : la cause principale de cette imitation servile de modèles probablement faux, mais en tout état de cause inadaptés à la situation locale, est de toute évidence une psychose collective caractérisée par l’absence d’image de soi réaliste, et par l’identification fantasmatique de l’esclave au maître. Les peuples des PECO, on vient de s’en rendre compte, ne sont pas conscients de leurs spécificités démographiques, même les plus criantes. Mais en général, ils ne sont pas non plus conscients de leurs spécificités économiques, culturelles ou socio-politiques : dans tous ces domaines, ils considèrent l’état de leur société comme une copie « moins réussie » (pour les « progressistes ») ou « moins dégradée » (pour les « populistes » – mais les deux options sont en réalité compatibles, comme on est en train de s’en rendre compte) de la société occidentale (perçue, là aussi, comme un tout faussement homogène). Ce qui est bel et bien copié, en l’occurrence, c’est le discours médiatique et politique – comme on pouvait s’y attendre, « l’intelligentsia » des PECO n’étant, à 90%, pas productrice de contenus originaux, mais imitatrice/traductrice de contenus fabriqués à 90% en Occident (et dans une très faible mesure, depuis une quinzaine d’années, en Russie).

Les points de vues exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux de la Rédaction.