Hongrie – Le parlement hongrois a adopté hier 19 mai par 134 voix contre 56 la proposition de loi déposée fin mars par le vice-premier ministre Zsolt Semjén (KDNP – Chrétiens-démocrates) visant à ne plus autoriser l’officialisation du changement de sexe.
Le sexe biologique redevient le seul sexe officiel
Dorénavant, c’est à nouveau dans tous les cas « le sexe biologique en fonction de ses caractéristiques principales et de son génome », soit généralement – sauf cas rarissimes – celui constaté à la naissance, qui figurera aussi sur les papiers d’identités des citoyens hongrois, indépendamment de leur pratique vestimentaire, de leur état d’esprit du moment voire d’éventuelles opérations chirurgicales, traitements hormonaux, etc., ayant pour but de modifier l’aspect naturel des organes génitaux.
En conséquence, János et Gábor ne pourront plus changer leur nom pour Ivett ou Dóra… du moins pas officiellement sur leur carte d’identité. Les associations représentant les « droits » des personnes dites transgenres, comme la Háttér Society, s’en inquiètent : « Il se pourrait que toutes les personnes qui ont effectué une transition légale au cours des deux dernières décennies se voient à nouveau retirer leurs documents, » a ainsi déclaré un de ses représentants, Tamás Dombos. « Tout le monde a peur du risque pour la santé et de perdre son emploi, » détaille-t-il.
« Reconnaissance juridique du sexe autodéterminé »
De son côté, la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, a déclaré à ce sujet que « les personnes transgenres [doivent avoir] le droit à la reconnaissance juridique de leur sexe sur la base de l’autodétermination » et exige des autorités hongroises de « veiller à ce que les personnes transgenres aient accès à des procédures rapides et transparentes pour changer les noms et les sexes sur le registre civil, ainsi que dans les cartes d’identité, passeports, certificats d’études et autres documents similaires ». En effet, les « transgenres » ne pourront plus changer de nom ou obtenir des documents correspondant à leur nouvelle « identité ». Amnesty International qualifie l’amendement adopté par le parlement hongrois de « contraire aux engagements nationaux et internationaux de la Hongrie de respecter les droits de l’Homme ».
Retour à la normale
Comment expliquer ce changement d’attitude sur la plan légal, deux jours après la journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, et alors que la Hongrie est membre de l’Union européenne qui tient pour valeurs fondamentales les demandes du lobby LGBT ? Les motifs exposés pour ce qu’on devrait en somme appeler tout simplement un retour à la normale sont néanmoins on ne peut plus clairs et limpides : « Étant donné qu’un changement complet de sexe biologique n’est pas possible, il est nécessaire de déclarer dans la loi qu’il n’est pas possible d’effectuer un tel changement dans le registre ». Le parti populaire démocrate-chrétien (KDNP), allié du Fidesz de Viktor Orbán, travaille activement depuis plusieurs années sur un certain nombre de sujets sociétaux. Le KDNP est notamment en faveur de l’interdiction du travail des employés le dimanche, est hostile à l’avortement mais aussi à la redéfinition du mariage ou encore à l’adoption par les couples homosexuels.