Pologne – Une responsable des « ressources humaines » (RH) de magasin Ikea en Pologne avait renvoyé un salarié qui refusait de participer à une « journée de solidarité avec les personnes LGBT » et qui avait commenté négativement un article publié par sa direction sur l’intranet de l’entreprise sous le titre « L’inclusion des personnes LGBTQ+ est un devoir pour chacun de nous ». C’était il y a un an. Le salarié en question avait cité des fragments de la Bible pour expliquer son désaccord avec l’obligation de promouvoir les attitudes LGBTQ+ au travail et il n’était pas venu au travail pour cette « journée de solidarité avec les personnes LGBT », en expliquant que ce que lui demandait son employeur était incompatible avec sa foi catholique.
Dans un communiqué publié le 27 juin 2019 et signé par la directrice de la communication d’Ikea Pologne en réaction à la couverture médiatique de l’affaire, on apprenait que « quand il existe ne serait-ce qu’un risque d’atteinte à l’intégrité ou à la dignité d’autres salariés, nous prenons les mesures nécessaires conformes au droit du travail et à nos valeurs ». Pour l’enseigne suédoise, les citations de la Bible avancées par le salarié étaient une incitation à la haine. Le salarié, de son côté, se défendait en expliquant qu’il avait signé avec Ikea un contrat pour vendre des meubles, et on lui demandait maintenant de participer à une action en faveur des « valeurs » LGBT. Le ministre de la Justice polonais avait saisi le parquet en affirmant avoir reçu à cette occasion d’autres plaintes de salariés d’Ikea à propos de la promotion forcée de l’idéologie LGBT au sein de l’entreprise.
Le 27 mai dernier, on apprenait par les médias polonais que le parquet de Varsovie-Praga avait mis en examen la responsable « ressources humaines » à l’origine du licenciement. Les commentaires du salarié licencié sous l’article intitulé « L’inclusion des personnes LGBTQ+ est un devoir pour chacun de nous » n’ont pas été considérés comme une incitation à la haine ni comme une attaque contre des personnes concrètes de l’entreprise, tandis que l’attitude de l’employeur constitue pour le parquet polonais une atteinte aux droits du salarié sur la base de son affiliation religieuse. On peut lire dans le communiqué du parquet que celui-ci a décidé d’inculper la responsable RH du magasin Ikea en s’appuyant notamment sur l’article 53 de la Constitution polonaise qui garantit la liberté de conscience et de religion ainsi que sur l’article 54 qui garantit la liberté d’exprimer ses opinions. Pour le parquet polonais, l’employeur, y compris dans le cas présent la multinationale Ikea pour ses activités en Pologne, est tenu de respecter la vie privée des salariés et de s’abstenir à leur égard de toute action à caractère idéologique sans rapport avec la profession.