Hongrie – Suite au décès dans un accident de la circulation du député Fidesz Ferenc Koncz, la coalition gouvernementale hongroise Fidesz-KDNP ne dispose plus que de 132 parlementaires sur 199, et n’a donc théoriquement plus sa « super-majorité » des deux tiers au Parlement hongrois. Cette majorité permet notamment de voter des amendements à la Constitution.
Cette perte est à relativiser, étant donné que le député de la minorité allemande Imre Ritter est un proche du Fidesz et vote les propositions du gouvernement, mais aussi que les trois parlementaires du parti nationaliste Mi Hazánk (issus des listes Jobbik de 2018) sont généralement ouverts à la discussion avec la majorité pour voter favorablement leurs textes.
En 2018, Ferenc Koncz avait été réélu largement dans sa circonscription (la 6ème du département Borsod-Abaúj-Zemplén) avec 49,3% des suffrages, devançant les candidats du Jobbik (31,64%) et du MSZP (14,9%).
Pour rappel, le Fidesz a perdu les trois dernières élections législatives partielles :
- en février 2015, dans la circonscription de Veszprém, l’indépendant de gauche Zoltán Kész l’avait largement emporté (42.56%) devant le candidat du Fidesz (33,76%) et la candidate du Jobbik (14,1%) ;
- en avril 2015, dans la circonscription de Tapolca, le candidat du Jobbik Lajos Rig l’avait emporté dans un scrutin serré : 35,49% contre 34,27% pour le candidat du Fidesz et 26,2% pour le candidat de la gauche ;
- en février 2020, dans la circonscription de Dunaújvaros, où le candidat Jobbik (soutenu par l’ensemble des partis d’opposition représentés au Parlement, à l’exception de Mi Hazánk) avait succédé à un député Jobbik (démissionnaire après avoir remporté la mairie de Dunaújvaros) : la victoire avait été sans appel pour Gergely Kálló, avec 56,43% des suffrages, contre 37,6% pour le candidat soutenu par le Fidesz.
Notons qu’en 2018, le Fidesz avait regagné les circonscriptions de Veszprém et Tapolca perdues en 2015.
Le test électoral à venir sera intéressant sous plusieurs aspects :
- c’est le premier scrutin important post-Covid
- il s’agit d’une circonscription où le Fidesz est solidement ancré ; une défaite serait perçue comme un échec très périlleux en vue de 2022 ;
- il s’agit d’un véritable mise à l’essai de la capacité des opposants à se rassembler : l’élection législative partielle de Dunaújvaros n’avait pas soulevé beaucoup de difficultés pour savoir derrière qui les partis d’opposition devaient se ranger, étant donné que le député sortant étant issu du Jobbik, venait de remporter la mairie, et qu’il avait soutenu l’un de ses bras droits pour sa succession à l’Assemblée nationale. En revanche, dans cette circonscription où le député sortant est Fidesz, le débat risque d’être plus important. Les partis d’opposition résoudront-ils cette question avec une élection primaire, comme cela s’est passé lors des élections municipales à Budapest en octobre 2019 ?
Le scrutin législatif partiel, qui doit être organisé sous quelques mois, aura en tout état de cause un retentissement en vue des prochaines élections législatives, prévues pour avril 2022.