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Lettre à l’ambassadeur d’Allemagne en Hongrie

Le Magyar Nemzet est le principal quotidien imprimé de Hongrie. Fondé en 1938, le Magyar Nemzet (Nation hongroise) est un journal de référence pour les conservateurs et est sur une ligne proche du gouvernement de Viktor Orbán.

Temps de lecture : 9 minutes

Article paru dans le Magyar Nemzet le 23 août 2020.

Monsieur Johannes Haindl,

Votre Excellence,

Concernant la Hongrie, Michael Roth, ministre d’État des Affaires européennes de l’Allemagne, s’est – entre autres – laissé aller à la déclaration suivante :

« L’antisémitisme qui se répand en Hongrie a été l’une des causes du lancement d’une procédure de l’article 7 contre ce pays. »

Nous sommes déjà habitués aux attaques mesquines, mensongères et malhonnêtes de Michael Roth, que nous nous efforçons de toujours prendre pour ce qu’elles sont : les sorties de route d’un bouffon politique idiot et mal dégrossi. Mais cette accusation d’antisémitisme pose plus d’un problème – parmi lesquels c’est probablement le moindre qu’il nous faille constater que l’affirmation selon laquelle la procédure en question aurait été lancée pour cause d’antisémitisme est un mensonge pur et simple. Tout comme l’accusation d’antisémitisme elle-même, et tout le reste de ce que cette ordure se permet vis-à-vis de la Hongrie comme de la Pologne.

Mais faisons abstraction de tout cela, et commençons par examiner les faits !

Le 25 mai 2019, le portail d’actualités Index a publié un article, ensuite repris par la presse hongroise tout entière. En voici le début :

« Chargé de mission du Gouvernement allemand pour la vie juive et la lutte contre l’antisémitisme, Felix Klein conseille aux juifs vivant en Allemagne de ne plus porter la kippa en public, en raison de l’aggravation de l’antisémitisme […] ».

Peut-être n’est-il, pour vous non plus, pas si surprenant de constater que cette nouvelle a suscité, en Hongrie comme ailleurs, le plus grand étonnement.

Plus loin dans l’article, on lit :

« Le journaliste Michel Friedman, ancien homme politique dans les rangs de l’Union Démocrate-Chrétienne (CDU) et ancien président du Congrès Juif Européen, a réagi aux propos de Klein en déclarant que, par sa voix, le gouvernement reconnaît pratiquement qu’il n’est plus en mesure de protéger ses citoyens juifs. »

Quand un représentant du gouvernement fédéral informe officiellement la communauté juive du fait que ses membres ne sont plus en tout point du territoire à l’abri de l’antisémitisme et de la violence, il délivre un assez triste certificat à l’Allemagne en matière de respect de l’état de droit et quant à sa situation politique la plus générale. – Et Friedman de poursuivre son avertissement : « Je conseille à tous de prendre cette déclaration très au sérieux, car, là où les Juifs ne peuvent plus vivre en toute liberté et en toute sécurité, bientôt, d’autres aussi subiront le même sort. »

Vous pourriez éventuellement me donner raison, si je vous dis que cela, en soi, justifierait déjà le lancement d’une procédure de l’article 7 – tout du moins, si nous nous en tenons aux termes définis par la logique malade et les mensonges effrontés de Michael Roth. Mais cela ne me semble pas recommandable. Poursuivons plutôt l’examen des faits :

Le portail électronique juif hongrois Zsidó.com s’est lui aussi penché sur ce cas, constatant, entre autres, que :

« Face à cette déclaration, même le chef de l’Etat israélien s’est senti obligé de réagir, en déclarant qu’elle l’avait choqué. – ‘Nous reconnaissons et apprécions à sa juste valeur l’attitude morale du gouvernement allemand et sa préoccupation pour la communauté juive d’Allemagne. Cependant, cette crainte que lui inspire la sécurité des juifs allemands équivaut à une capitulation devant l’antisémitisme, et tout cela revient à reconnaître que les Juifs ne sont pas en sécurité sur le sol allemand’ – a déclaré Reuven Rivlin.

D’après une information reprise aujourd’hui par la revue HVG, le gouvernement allemand a modifié sa position. A l’approche d’une manifestation anti-israélienne, le chargé de mission a appelé les citoyens à porter une kippa en signe de solidarité. Felix Klein a en effet déclaré : – ‘J’appelle tous les citoyens allemands et tous les berlinois à porter une kippa samedi prochain, dans le cas où les Juifs et Israël subiraient à nouveau d’intolérables attaques à l’occasion de l’édition berlinoise de la Journée Al-Quds.’

La Journée Al-Quds est une manifestation anti-israélienne organisée chaque année le dernier vendredi du Ramadan.

La revue rappelle le contexte de cette déclaration, à savoir – entre autres – l’incident survenu en avril, lorsque, dans un quartier chic de Berlin, trois jeunes gens – qu’on peut supposer d’origine arabe – ont attaqué deux hommes qui portaient la kippa. Il s’est avéré que l’une des victimes était un arabe israélien, qui portait la kippa par curiosité, pour voir si la capitale allemande est vraiment devenue – comme on le lui avait dit – un endroit dangereux pour les Juifs. »

Al-Quds (parfois aussi écrit : Al-Qods), nous y reviendrons. Examinons d’abord cet incident d’avril.

Dès le 18 avril 2018, la chaîne de télévision hongroise ATV, ainsi que plusieurs portails d’actualités, ont rapporté l’incident survenu à Berlin. Sur le site d’ATV, on lit :

« A Berlin, deux hommes ont été victimes d’une agression parce qu’ils portaient des kippas, couvre-chefs exprimant leur respect des prescriptions de la religion juive. Cet incident a suscité l’indignation de toute l’Allemagne ; mercredi, cette attaque antisémite a été condamnée à la fois par les autorités municipales de la capitale allemande et par le gouvernement fédéral.

Le délit a été commis mardi soir, au crépuscule, sur la voie publique, dans une rue d’un quartier chic de Berlin nommé Prenzlauer Berg. L’une des victimes a d’ailleurs filmé les faits au moyen de son téléphone mobile ; sur la vidéo, on voit que l’un des trois agresseurs fouette l’autre victime de sa ceinture, en hurlant en arabe « juif, juif ! ». Une enquête a été lancée par le département de sécurité d’État de la police de Berlin, qui s’occupe de la criminalité politique. L’enregistrement s’est propagé sur les réseaux sociaux les plus utilisés, si bien que cet incident – d’un genre assez fréquent à Berlin – a cette fois-ci provoqué un scandale national.

D’après des chiffres gouvernementaux, l’année dernière, dans l’ensemble de l’Allemagne, on a relevé 1453 délits à motivations antisémites, dont 32 actes violents. Ce qui signifie qu’en Allemagne, en 2017, il a été commis 4 délits antisémites par jour en moyenne – ou tout du moins, qu’au moins 4 ont officiellement été enregistrés.

L’ONG nommée Centre de Recherche et d’Information sur l’Antisémitisme (RIAS Berlin), qui jouit de financements de la ville à statut de Land de Berlin, a montré que depuis les opérations menées en 2014 par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le nombre des délits et autres incidents (vexations, insultes) à caractère antisémite augmente constamment à Berlin. L’année dernière, il était de 947 cas, ce qui a représenté une augmentation de 60% par rapport à l’année précédente. L’organisation reçoit quotidiennement trois ou quatre signalements. »

Voilà des chiffres étonnants. Mais qui sont loin d’être uniques ou rares dans le domaine des attaques systématiques affectant les juifs d’Allemagne ! Le 1er août 2019, le portail Neokohn.hu rapportait que :

« Vendredi soir, vers 9 heures, le rabbin dirigeant la communauté Chabad de Berlin, Yehuda Teichtal, a été insulté par deux individus parlant arabe, qui lui ont finalement craché dessus, au moment où il sortait de sa synagogue, située dans l’arrondissement de Wilmersdorf. Au moment de l’attaque, il était accompagné de l’un de ses enfants. Il n’a pour l’instant pas été possible d’identifier les agresseurs, mais la police a lancé une enquête.

D’après un rapport du Centre de Recherche et d’Information sur l’Antisémitisme de Berlin, autour du domicile de Teichtal, dans l’arrondissement de Charlottenburg–Wilmersdorf, au cours de l’année dernière, un total de 80 incidents antisémites a été relevé, ce qui place cet arrondissement au deuxième rang dans le classement berlinois.

Au total, ce sont 1800 délits antisémites qui ont été signalés l’année dernière dans la capitale, ce qui représente une augmentation de 20% par rapport à l’année précédente.

Le lendemain de l’incident de Berlin, samedi, à la gare de Potsdam, deux individus que la police soupçonne d’être des citoyens syriens ont insulté un juif de 25 ans, portant kippa et étoile de David.

‘Quand je suis descendu du train, j’ai remarqué des ombres derrière moi’ – se souvient la victime, qui affirme que les deux agresseurs lui ont craché dessus, tout en lui lançant des menaces et des insultes antisémites.

Les incidents de vendredi et de samedi ne sont que les plus récents de la longue série des délits commis à l’encontre de juifs allemands au cours de ces dernières années. D’après des chiffres provenant du renseignement intérieur allemand, dans le courant du mois écoulé, le nombre des attaques antisémites a connu une forte augmentation, de 71,4%. »

Que peut-on retenir des rapports ci-dessus ? « Des hommes hurlant en arabe », « des arabes », « un citoyen syrien ». Pour nous, bien entendu, rien de tout cela n’est surprenant, mais il est important que nous nous attardions quelque-peu sur ce point. Il se trouve en effet que – sur ce point comme sur d’autres – les autorités allemandes mentent.

Dans le premier article cité – celui du portail hongrois Index –, on lisait déjà que :

« D’après les chiffres dont nous disposons, les attaques visant les Juifs sont dues, à 90%, à l’extrême-droite, et, dans une bien plus faible proportion, à des musulmans, téléspectateurs de chaînes arabes dont les émissions mettent en avant ‘une image épouvantable’ du peuple juif.

En 2018, en Allemagne, on a relevé 1646 délits antisémites, soit près de 10% de plus que l’année précédente. L’année dernière, le nombre des attaques antisémites allant jusqu’à des actes de violence est passé de 37 à 62. »

Nul besoin d’être spécialiste de ces questions pour comprendre qu’on a à faire à des mensonges éhontés, destinés uniquement à couvrir, ou du moins à cacher aux yeux de l’opinion publique allemande l’évidence, qui est celle des conséquences épouvantables de la « politique » migratoire erronée de l’Allemagne, dangereuse pour elle comme pour son environnement. (Je mets le mot « politique » entre guillemets, parce qu’il vaudrait mieux parler de la dernière en date des manifestations de la haine de soi dont souffre l’Allemagne depuis la Deuxième Guerre mondiale – c’est-à-dire d’une grave psychose collective, qui risque, hélas, de conduire à la liquidation de la société allemande elle-même…)

Et, pour ceux qui n’auraient pas remarqué que ce mensonge est éventé, je reproduis ici quelques passages d’un autre article publié par ce même portail Neokohn.hu que je citais à l’instant :

« Les autorités allemandes classent dans la catégorie des ‘incidents d’extrême-droite’ des attaques antisémites dues à des musulmans ou à des arabes – explique le rapport de la Jewish Telegraphic Agency (JTA).

Comme nous l’avons nous aussi écrit, au début du mois, on a entendu des slogans antisémites en marge du défilé de la Journée Al-Quds de Berlin, auquel participaient entre autres des représentants de l’organisation terroriste chiite libanaise Hezbollah.

C’est à propos de tels cas que la JTA a écrit un article expliquant que les autorités allemandes comptabilisent souvent comme « dus à l’extrême-droite » des cas d’actes antisémites de ce genre, dus à des musulmans et à des arabes – c’est à ce prix que le ministre allemand de l’Intérieur, Horst Seehofer, a pu récemment prétendre que 90% des 1800 actes antisémites relevés en 2018 avaient été l’œuvre de l’extrême-droite.

‘Parmi ceux qui critiquent ce procédé, beaucoup affirment que les défilés des Journées Al-Quds et autres cas classés erronément promeuvent l’instrumentalisation politique de l’antisémitisme, et créent l’impression que la lutte menée contre cette instrumentalisation est sans espoir.’

Ce site rappelle le cas datant de 2014 en rapport avec lequel un tribunal allemand est parvenu à la conclusion que trois palestiniens coupables d’avoir incendié une synagogue allemande n’ont pas eu de motivations antisémites – sentence par la suite confirmée en 2017 par le tribunal de plus haute instance du Land en question.

Poensgen cite aussi d’autres cas, comme l’incident de 2014 au cours duquel des hommes participant au défilé de l’édition berlinoise de la Journée Al-Quds de cette année-là ont crié ‘Heil Hitler !’. L’incident a là encore été comptabilisé comme dû à l’extrême-droite – catégorisation contestable, dans la mesure où presque tous les participants à ces défilés sont arabes.

Le gouvernement allemand a récemment émis un communiqué sur l’antisémitisme islamiste, mais les gestes de ce genre ne constituent pas un remède à ses erreurs systémiques – ajoute la JTA.

Cette dernière donne aussi la parole au rédacteur en chef adjoint de notre site, László Bernát Veszprémy, qui, dans une étude publiée par l’Institut de Recherche sur les Migrations, examine les attaques antisémites commises par des immigrés.

Veszprémy considère que ‘le problème [posé par le système de comptabilisation des auteurs d’attaques antisémites employé par le gouvernement allemand], c’est que l’Islam n’est mentionné nulle part, ce qui fait qu’un délinquant islamiste, musulman ou arabe adepte de préceptes ‘propalestiniens’ peut se retrouver dans au moins trois catégories : de droite [nationaliste], étranger [séculaire] ou religieux.’

En conséquence de quoi, ‘à l’heure actuelle, on peut dire qu’en Allemagne, n’importe quelle attaque antisémite sera automatiquement attribuée à l’extrême-droite’, en premier lieu du fait du système de classification appliqué.

Son rapport se clôt sur un cas belge récent : la justice vient d’acquitter un propriétaire de magasin d’origine turque qui avait affiché devant ses locaux de Liège que l’entrée est permise aux chiens, mais pas aux Juifs.

Dans l’article de la JTA, ce cas a été décrit comme ‘surréaliste’ par l’activiste belge Joel Rubinfeld, spécialisé dans la lutte contre l’antisémitisme. » (« L’Allemagne cache les attaques antisémites commises par des musulmans », Neokohn.hu, 16 juin 2019)

Et tiens, voici qu’on voit réapparaître ces fameux défilés des Journées Al-Quds – et, avec eux, la vérité nue : les attaques contre les Juifs, de plus en plus nombreuses et de plus en plus violentes, auxquelles on assiste en Allemagne ne sont pas dues à l’extrême-droite, mais à des migrants musulmans radicalisés. Chose que votre gouvernement nie, occulte, et à propos de laquelle il ment comme il respire, tout comme il ment sur les autres conséquences épouvantables – menaçant d’accélérer l’autodestruction de la société allemande – de sa « politique » migratoire.

Or – et, en ma qualité de membre d’une minorité d’origine allemande sur le sol hongrois, je le dis avec beaucoup de tristesse – tout cela est votre problème.

Ce qui, en revanche, est bel et bien notre problème à nous autant que le vôtre, ce sont les mensonges que profère à tort et à travers sur la Hongrie ce menteur mesquin et malhonnête qui vous sert de ministre d’Etat. Nous n’allons plus jamais supporter cela sans rien dire, d’où que cela vienne. Et même si ça vient de vous. L’époque à laquelle nous nous laissions traiter de tous les noms par tout un chacun est maintenant révolue, et cela, vous feriez bien de le comprendre et de le respecter. Quant à Michael Roth, nous lui conseillerions d’enfin s’occuper de tout ce qui arrive aux Juifs d’Allemagne. Et, s’il est vraiment incapable de se sevrer de cette mauvaise habitude d’offenser la Hongrie et la Pologne, si la situation des Juifs de Hongrie lui inspire tant d’inquiétudes, alors, nous lui recommanderions de demander à l’opposition hongroise : comment justifie-t-elle donc son soutien unanime à des candidats auteurs de déclarations antisémites et nazies ? Roth pourrait poser la question aux députés de la Coalition Démocratique, du Parti Socialiste Hongrois et de tous les autres partis : à quoi seront-ils encore prêts au nom de l’espoir de réussir à faire tomber le gouvernement actuel d’une façon ou d’une autre ? Et si les fins justifient vraiment les moyens. Et quand il en aura fini avec eux, il pourra commencer à poser ses questions à la nouvelle gauche « progressiste » et « égalitariste » des Etats-Unis d’Amérique, à mademoiselle Cortez et compagnie, et bien sûr avant tout aux noirs du mouvement BLM – dont l’antisémitisme dépasse toutes les bornes : pourquoi diable procèdent-ils quotidiennement à des déclarations d’un antisémitisme effrayant ? Ou peut-être une telle mission dépasse-t-elle déjà les limites du courage et de la sincérité (portée disparue) du camarade Roth ?

Excellence,

Au cours du XXe siècle, vous avez cherché à nous prescrire avec qui nous ne devions PAS coexister. Tout le monde sait comment ça a fini.

A présent, vous cherchez à nous prescrire avec qui nous DEVONS coexister.

Merci, mais nous nous en passerons tout aussi bien.

Le moment est maintenant arrivé pour nous autres, Hongrois, de décider par nous-mêmes de notre destin, et – par voie de conséquence – de ceux avec qui nous voulons coexister.

Comparé à cela, toutes les autres questions sont de deuxième ordre. Et la question « Michael Roth », de vingtième ordre. Mais ses mensonges à répétition ne seront pas tolérés.

Bien cordialement,

Zsolt Bayer

Traduit du hongrois par le Visegrád Post