Tchéquie – Le parlement tchèque a approuvé hier 20 janvier 2021 un projet de loi localiste – présenté par le parti de droite populiste Liberté et Démocratie Directe (Svoboda a přímá demokracie, SPD) de Tomio Okamura – visant à introduire des quotas obligatoires d’aliments tchèques, c’est-à-dire produits en Tchéquie, dans les rayons des supermarchés.
« Soyons un peu nationalistes en ce qui concerne l’alimentation »
Cette mesure localiste a pour but de soutenir l’ensemble de la filière agro-alimentaire nationale tchèque mais aussi rendre le pays moins dépendant des importations de nourriture – ce qui peut se révéler un grave problème en cas de crise internationale, expliquent les soutiens de la mesure. Ce projet de loi présenté par le parti d’opposition Liberté et Démocratie Directe a reçu le soutien des parti de la coalition gouvernementale dirigé le parti ANO de M. Babiš. « Soyons un peu nationalistes en ce qui concerne l’alimentation, l’agriculture tchèque et notre pays », a ainsi déclaré le ministre de l’Agriculture Miroslav Toman devant les parlementaires.
Au moins 50% d’aliments tchèques dans les magasins
Pour entrer en vigueur, ce projet de loi devra certes encore être approuvé par le sénat où l’opposition est majoritaire mais dans le cas contraire, un nouveau vote des députés pourrait passer outre un éventuel veto des sénateurs. Concrètement, il prévoit qu’au moins 50% des produits alimentaires proposés par les magasins soient d’origine tchèque à partir de 2022 et que dans les grandes surfaces de plus de 400 m², cette proportion soit au moins de 55% à partir de 2022 et de 73% à partir de 2028.
Mise en garde de la part de la Commission européenne
Les critiques du projet mettent en exergue que celui-ci pourrait favoriser le groupe alimentaire Agrofert dont le premier ministre Babiš est propriétaire, ce qui pourrait nuire tant aux consommateurs qu’aux entreprises concurrentes plus modestes tout en créant un précédent qui pourrait donner lieu à des « représailles » de la part d’autres pays vis-à-vis des exportations tchèques. Enfin, huit États membres de l’Union européenne ont d’ores et déjà protesté contre ce qu’ils considèrent comme une discrimination, illégale dans l’UE, à l’égard des produits importés et la Commission de Bruxelles a déjà mis en garde les autorités de Prague à ce sujet.