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Le légendaire syndicat Solidarność au secours de la liberté d’expression en France

Temps de lecture : 4 minutes

France / Pologne – Entretien avec Patrick Édery, rédacteur en chef du nouveau site d’information francophone de l’hebdomadaire de Solidarność : « La voix que Solidarność propose, c’est une voix démocrate, anti-populicide et pas du tout autoritaire. »

Patrick Édery est un entrepreneur français marié à une Polonaise et installé en Pologne depuis 1999. En plus de son activité professionnelle, il écrit dans la presse français et polonaise, dont le site Tysol.pl de l’hebdomadaire Tygodnik Solidarność, et dément régulièrement les bobards sur la Pologne colportés par les médias français depuis son compte Twitter suivi par plus de 29 000 personnes.


Olivier Bault : Depuis dimanche dernier, l’hebdomadaire Tygodnik Solidarność du légendaire syndicat polonais Solidarité a mis en ligne un site d’information en français. En Pologne, le média de Solidarność, premier média libre du bloc de l’Est publié à partir de 1981, est perçu comme plutôt de droite, en tout cas au sens sociétal. Quel est le profil du nouveau site francophone Tysol.fr ? C’est un site conservateur ? Catholique ? De droite ?

Patrick Édery : Je pense que « de droite » ne veut plus rien dire. C’est un site à l’image du syndicat Solidarité qui est à la fois un syndicat d’ouvriers, et donc populaire, et effectivement catholique et anticommuniste, anti-marxiste : anti-léniniste, anti-staliniste, anti-maoïste et anti-trotskiste. Je pense que c’est la meilleure définition, surtout pour la France où l’on voit que le progressisme au pouvoir est l’enfant du marxisme. Chez Tygodnik Solidarność, nous considérons que le progressisme est un néo-marxisme et que, comme le communisme, nous ferons tomber le progressisme.

En revanche je ne dirais pas que nous sommes particulièrement « conservateurs ». Ce que nous voulons conserver, c’est la démocratie. En tant que média appartenant au plus gros syndicat polonais de travailleurs, nous sommes un média par le peuple et pour le peuple. On peut nous appeler « réactionnaires » si l’on veut, mais nous ne sommes pas contre les élites du moment qu’elles servent le peuple. Je dirais plutôt que nous sommes anti-populicides.

Olivier Bault : Vous avez inauguré votre site avec un éditorial de bienvenue intitulé « Soutien à la liberté d’expression des Français » signé par le rédacteur en chef du site polonais de Tygodnik Solidarność. »
Vous voulez donc apporter une voix dissidente en France ?

Patrick Édery : Oui, c’est notre principale motivation. Toute personne qui cherche à s’informer par différents canaux se rend bien compte que la très grosse majorité des médias en France parlent de la même voix. C’est la Pravda qui est déclinée en plusieurs chaînes et plusieurs journaux. Solidarność veut donc apporter une voix dissidente en France, mais comme c’est un syndicat patriote il agit aussi dans l’intérêt de la Pologne.

Les Polonais se rendent en effet bien compte que tout ce qui est dit sur la Pologne dans les médias mainstream occidentaux, ce sont à 90% des fake news. À en croire ces médias, on pourrait presque croire qu’il y a une dictature en Pologne alors que, au contraire, la liberté d’expression y est très développée et il y existe un vrai pluralisme. Un pluralisme qui a presque disparu en France.

Olivier Bault : Quels seront donc les types de contenus sur le média en ligne Tysol.fr ? Sera-ce plutôt un site consacré à l’actualité polonaise pour démentir les bobards médiatiques ou y trouvera-t-on des actualités françaises ?

Patrick Édery : Il y aura bien sûr aussi des actualités polonaises, en particulier pour apporter un démenti aux fake news sur la Pologne. Mais on le fera aussi par exemple pour les États-Unis et la Hongrie. Bien sûr, nous avons une sensibilité polonaise et nous ne pouvons pas ne pas réagir quand on voit ce qui est écrit ou dit dans certains médias français. C’est une guerre de l’information qui est menée contre la Pologne et nous entendons mener ce combat.

Cependant, nous traiterons essentiellement l’actualité française. C’est un site qui est mis à notre disposition par le média de Solidarność mais qui sera dirigé par un Français avec avant tout des contributions de Français pour les Français. Nous voulons être un site d’information généraliste avec des articles que l’on ne trouve pas ailleurs. Nous avons par exemple un article sur l’IVG intitulé « L’IVG en France : la fuite en avant » qui ne reprend pas le point de vue généralement rencontré dans les médias français où l’IVG est présentée comme le plus grand droit humain en toute démocratie.

Olivier Bault : Mais pas en Pologne…

Patrick Édery : Non, et c’est bien pour cela que la Pologne est attaquée.

Olivier Bault : Qui vous paye pour travailler pour le média de Solidarność?

Patrick Édery : Personne. C’est un travail entièrement bénévole. J’ai commencé à travailler avec Tygodnik Solidarność au moment des Gilets Jaunes, quand les rédacteurs de ce journal m’ont demandé de leur expliquer cette révolte que les médias français essayaient de présenter à l’international comme presque fasciste et encouragée par la Russie. Comme je démontais déjà les fake news sur la Pologne, ils m’ont demandé de démonter les fake news sur la France, et ils se sont rendus compte que les Gilets jaunes historiques, ceux du début, étaient finalement proches de Solidarność.

Je gagne ma vie avec mon entreprise. Pour répondre à certaines rumeurs malveillantes, je tiens à préciser que je ne touche pas un centime du gouvernement polonais ou du PiS, directement ou indirectement, de quelque manière que ce soit, ce que je regrette beaucoup (rire). En outre, mon entreprise gagne principalement de l’argent à l’étranger, pas en Pologne.
En ce qui concerne notre nouveau site Tysol.fr, les contributions aussi sont bénévoles.

Nous n’avons pas d’argent et Solidarność nous héberge gratuitement sans aucune contrainte éditoriale. Nous sommes entièrement libres des contenus sauf à dire du bien des Russes (rire). En fait pas des Russes mais de la Russie de Poutine, pour ne pas faire un Sputnik ou un RT France bis, car les Polonais se rendent bien compte que ces médias russes sont assez populaires auprès des conservateurs en France et ils souhaiteraient apporter une autre voix.

Olivier Bault : Pourtant le gouvernement du PiS est souvent comparé dans les médias français à celui de Poutine.

Patrick Édery : C’est parce qu’en France on nous donne l’impression qu’il n’existe qu’un choix entre progressisme et autoritarisme. En Pologne, vous avez un gouvernement conservateur, mais qui n’est pas autoritaire du tout. Il n’y a pas du tout d’autoritarisme en Pologne. Au contraire, on laisse l’opposition faire absolument ce qu’elle veut, parfois un peu trop, même. Il y a des comportements de l’opposition qu’on ne permettrait jamais en France. La voix que Solidarność propose, c’est une voix démocrate, anti-populicide et pas du tout autoritaire.