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L’avenir de la droite européenne

Temps de lecture : 11 minutes

Article paru le 26 avril 2021 sur le site XXI Század Intézet.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la politique européenne végète à l’ombre des grandes puissances rivales. L’Allemagne a (apparemment) renoncé à être la puissance culturelle et militaire conductrice de l’Europe ; par contre, elle a acquis un avantage économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. De temps en temps, on a vu émerger des hommes d’États (comme Charles De Gaulle) souhaitant faire cavalier seul en Europe, mais, en fin de compte, la politique européenne a toujours fini par se plier aux exigences des grandes puissances.

Principales tendances

La dynamique de l’histoire européenne a été déterminée par deux facteurs : les forces de la stabilité et celles du progrès. Les dirigeants des pays européens qui ont réussi sont ceux qui sont parvenus à distinguer les choses dignes de préservation de celles qui avaient besoin d’un renouvellement. L’histoire est pleine de motifs récurrents, mais les problèmes se renouvellent sans cesse, et il faut souvent attendre des décennies avant de réussir à tirer des événements les leçons qui s’imposent : l’opinion publique occidentale s’est longtemps refusé à admettre que le libéralisme et le socialisme soient des idéologies apparentées – les sœurs jumelles ennemies, filles du progrès. Les observateurs superficiels de la politique mondiale interprètent les décennies de la Guerre froide comme un combat entre ces deux idéologies, bien que les évolutions ultérieures aient clairement montré le caractère illusoire d’une telle interprétation.

Le libéralisme classique décline depuis 1914.

Le grand vainqueur des cent dernières années a été le socialisme, dans la mesure où la première moitié du XXe siècle se résume à un combat entre ses diverses variantes. En 1989/90, ce n’est pas le socialisme qui a perdu, mais uniquement sa variante soviétique. Aujourd’hui, c’est la Chine – deuxième puissance mondiale en termes économiques et militaires – qui, dans une forme actualisée, l’a porté à sa perfection, construisant ainsi une véritable société orwellienne. Simultanément, la première puissance mondiale, les États-Unis d’Amérique, s’avancent eux aussi à pas réguliers vers le socialisme : depuis la Seconde Guerre mondiale, l’élargissement des prérogatives du gouvernement fédéral n’a jamais pu être freiné, pas plus que l’augmentation des dépenses de l’État-providence ou celle – parallèle – de la dette publique nominale. Après les attaques terroristes de 2001, le pouvoir des gouvernements fédéraux successifs a dépassé d’un ou plusieurs ordres de grandeur celui des gouvernements d’avant 2001. Ils surveillent la vie de leurs citoyens dans des proportions sans précédent, et prennent le contrôle de domaines toujours plus nombreux de la société civile. En 2016, Bernie Sanders a fait campagne avec des promesses de socialisme de type scandinave, tandis que la présidence de Joe Biden marque le début de la construction d’un gigantesque État-providence.

Au milieu de ces frémissements de la surface, le pouvoir des géants de la technologie s’accroît, lui aussi, de façon irrépressible, menant à la création de centres de pouvoir tels que l’histoire mondiale n’en avait pas encore connus, surveillant au moyen des Big Data l’activité des personnes physiques et morales, et déjà potentiellement capables d’influencer le résultat d’élections.

Aujourd’hui, la mondialisation a dépassé tous les systèmes de pensée politiques. Elle a évidé le libéralisme de tout sauf de l’adoration du libre-échange, et modernisé la gauche : les versions dures du communisme, tout comme ses version molles. Le progressisme a même colonisé une bonne partie des forces qui se considèrent comme conservatrices. C’est dans le cadre de ce processus que s’est produit – à titre de facteur perturbateur – l’éveil d’une conscience de soi de l’Europe centrale dans les années 2010, suivi de la présidence de Donald Trump (2017–2020).

La droite européenne : un diagnostic

La droite européenne s’organise en deux tendances principales : 1) l’aile radicale a pour caractéristiques un discours qui, en posant les problèmes avec trop de franchise, se rend souvent infréquentable, et une politique d’alliances erronées. A l’Ouest, les carrières d’Enoch Powell ou de Jean-Marie Le Pen en ont fourni des exemples typiques, tandis qu’en Hongrie, c’est bien sûr István Csurka qui représentait le mieux cette équipe. Par voie de conséquence, ce radicalisme est toujours soumis à un plafond de verre. En période de crise, ces partis voient leur soutien populaire gonfler, mais leurs tentatives de prise de contrôle du centre politique se soldent par des échecs.

2) Le centre-droit européen, au contraire, est toujours en quête d’unité. Son but est de rendre, dans les limites d’un contexte local donné, la stabilité et le progrès compatibles. Il s’efforce de dominer le centre du jeu politique moyennant des solutions de compromis, tout en préservant autant que possible les valeurs traditionnelles – européennes et nationales. Traditionnellement, le centre-droit européen fonde ses principes directeurs sur l’argumentaire du droit naturel. Aux principes séculaires dérivant du christianisme (protection de la dignité humaine, subsidiarité, solidarité) s’ajoute souvent l’invocation du christianisme lui-même, parfois sous forme de références explicites aux enseignements sociaux des églises historiques. Jusqu’à fort récemment, l’organisation qui chapeautait à titre principal cette tendance était le Parti Populaire Européen (PPE), dont la force tenait à deux facteurs. D’une part, le soutien des masses – de larges couches de la population, les partis-membres étant pour la plupart des partis de centre-droit à large base. D’autre part, les forces économiques qui le favorisent : le pouvoir financier et l’influence économique du grand capital européen. Les partis adhérant au PPE y gagnaient une marge de manœuvre et d’influence au niveau international.

Ce genre de politique – la politique du compromis – impliquait donc des avantages certains – en compensation de certaines pertes acceptables et de certains renoncements assumables. Cependant, plusieurs événements sont venus ébranler le status quo établi dans les années 1990 : la crise financière qui, en 2008, a frappé l’UE, culminant en 2015 avec la crise des migrants, puis, en 2020, le retour d’un fléau naturel qu’on n’avait plus vu depuis longtemps – la pandémie de coronavirus. Face à chacun de ces trois défis, l’Union s’est montrée peu performante, incapable de réagir rapidement, ce qui a, de façon récurrente, conduit à l’ébranlement de l’ordre social et à la baisse du niveau de vie. La politique de l’Union est caractérisée par ses lenteurs bureaucratiques et le fait que personne n’a jamais de comptes à rendre.

Dès après 2008, ces défauts ont eu des conséquences dommageables : la crise frappant les marchés immobiliers et financiers a provoqué des transferts de richesses considérables, dont les citoyens des États membres n’ont pas pu profiter. Quant à la crise des migrants, elle a encore davantage sapé le sentiment de sécurité de l’Europe : dans plusieurs grandes villes, elle a déséquilibré un équilibre ethnique déjà fragile auparavant, déchaîné la violence à l’encontre des femmes, considérablement accru le nombre des crimes affectant les juifs et les gays, après quoi ce sont, de plus en plus, les chrétiens qui ont été pris pour cible. En France, les attaques d’églises sont devenues systématiques, tandis que des meurtres à mobile religieux sont commis.

Pendant la pandémie de coronavirus, la politique bureaucratique a provoqué encore plus de dommages que par le passé.

L’habitude consistant à « laisser les problèmes prendre soin d’eux-mêmes » a jusqu’à présent coûté la vie à des dizaines de milliers de citoyens européens, et l’élite bruxelloise n’en a toujours pas tiré les conséquences qui s’imposent, alors même que les événements, les uns après les autres, confirment les arguments les partis nationaux, de la droite, des souverainistes.

Le progressisme accapare l’Occident

La crise économique qui a éclaté en 2008 s’est avérée fournir une chance historique aux « forces du progrès » : le progressisme est passé à la vitesse supérieure, les processus de transformation s’accélérant. Nous devons tous relever le défi d’une mondialisation dynamique, et, dans le cadre de cette grande restructuration, l’interprétation du monde est, elle aussi, objet de compétition. La mondialisation est, en elle-même, porteuse d’un effet de nivellement du monde : les différences entre continents n’ont de cesse de se réduire – comme cela avait déjà été remarqué au début du siècle dernier (Ortega y Gasset : La révolte des masses, 1929). Le grand capital international a intérêt à l’accélération, mais aussi à la canalisation de ce processus spontané. À ces fins, il renforce continuellement son influence, y compris à travers le système des institutions culturelles et scientifiques. Il définit les tendances dominantes de l’industrie du divertissement (les thématiques des émissions télé, de la cinématographie, des jeux vidéo), et l’ordre du jour des médias. En Occident, il s’est déjà assuré d’un contrôle presque total des recherches et des publications en sciences sociales – opération répondant à plusieurs objectifs : d’une part, la création du répertoire de concepts permettant de décrire les processus en cours d’une façon qui corresponde à ses intérêts. D’autre part, la création d’un mécanisme de défense autorégulateur : d’une langue dans laquelle les problèmes dont il n’aime pas entendre parler ne sont même pas formulables.

Ce processus inclut l’imprégnation de la droite européenne modérée par les idéaux du progressisme.

C’est dans cet esprit qu’est, entre autres, apparue la tendance aujourd’hui dominante de la « démocratie chrétienne sans Christ », prescrite à titre de modèle universel aux États de la sphère culturelle occidentale. On assiste à la construction d’une droite de façade, dans laquelle les accessoires, les slogans et les éléments visuels évoquent l’atmosphère du conservatisme, mais sans mettre en danger aucun des objectifs stratégiques des forces progressistes. Le but de ce processus de grande ampleur est la dilution des différences entre cultures, le mélange de population entre continents et l’affaiblissement de la cohésion interne des sociétés. Au sein de l’un des plus importants des forums décisionnels semi-officiels du monde (le World Economic Forum), on considère que le moment est venu d’assumer au grand jour l’idée que la propriété privée devrait pouvoir être supprimée au cours des dix prochaines années.  Or toutes ces intentions butent sur l’obstacle de l’État-nation souverain européen. C’est ainsi que l’opposition du mondialisme et du souverainisme est aujourd’hui devenue la véritable césure politique de l’Europe.

Le piège géopolitique dans lequel nous tombons

La droite européenne souhaite conserver ce qui a par le passé fait la grandeur de notre culture, et constitue jusqu’à nos jours la source de sa force. Cependant, cet objectif apparemment évident nuit à de nombreux intérêts. La coopération européenne efficace d’États-nations européens forts va à l’encontre des intérêts de centres de pouvoir tels que les Démocrates américains et le capital financier qui les soutient, ou encore des entreprises de type Big Tech. Une Europe forte ne sert pas les intérêts de la Chine communiste, ni ceux de monarchies arabes exportant dans un même élan leur pétrole et l’Islam politique. Il est aussi d’usage de décrire la Russie comme un État qui n’a pas intérêt au succès de l’Europe – ce qui, en réalité, est loin d’aller de soi. Cette UE complètement américanisée, placée au service de l’idéologie de l’exportation de la démocratie, en tout cas, n’est assurément pas un bon voisin pour la Russie.

Dans ce monde globalisé, l’intérêt d’une Europe coincée dans l’étau de l’Amérique, de la Chine et du monde arabe serait de disposer d’une coopération efficace. Mais tel n’est pas le but que sert la direction actuellement prise par cette confédération. L’alourdissement de l’administration bruxelloise a de toute évidence des effets délétères sur la compétitivité et la capacité de défense. La prise de décision politique se bureaucratise, et, en parallèle, cette bureaucratie se gonfle d’idéologie – des fonctionnaires à qui personne n’est en droit de demander des comptes décident de la direction dans laquelle il convient d’orienter la vision du monde de 446 millions d’êtres humains (cancel culture, idéologie du genre, lobby LGBT), alors même que les acquisitions de vaccins piétinent, causant des dizaines de milliers de décès au cours des derniers mois.

Jusqu’à une date récente, les concepts paradigmatiques de la politique européenne étaient la théorie économique néolibérale et la démocratie libérale. En 2008, c’est la première qui a définitivement fait faillite – en 2015, la seconde. La crise économique partie d’Amérique a rendu évident le fait que les marchés financiers devraient être placés sous un contrôle bien plus strict. La crise des migrants et l’argumentation cynique des associations droit-de-l’hommistes favorisant ces grandes invasions a rendu évident le fait que l’aspiration naturelle de l’Europe à la conservation de son identité n’est ni formulable, ni défendable dans le langage du libéralisme.

Le cadre intellectuel de l’ordre mondial qui a régné jusqu’ici est tombé en morceaux, mais aucun nouveau cadre ne s’est encore formé : nous traversons une période de crise paradigmatique.

On assiste à la fusion des forces politiques jadis étiquetées comme « libérales » et comme « socialistes » : le progressisme a créé un nouveau phénomène politique hybride, qui d’une part plaide pour un libertinage total (quasi-libéral) de la sphère privée, mais souhaite placer cet individu dépouillé de tous ses liens naturels dans une situation de dépendance d’un type nouveau, et mondial, encadrée par des structures dont aucun contrôle démocratique n’est possible (quasi-socialistes).

Les défis que doit relever la nouvelle droite européenne

S’inscrire en faux contre les structures mondiales implique un risque énorme. La droite doit donc trouver des idées – en les reprenant même, au besoin, à la gauche internationale, qui continue à se servir préférentiellement des instruments situés en-dehors du système des institutions politiques. L’aggiornamento semble incontournable : dans toute l’Europe, on ressent le besoin d’organiser un mouvement d’esprit conservateur et un soutien professionnel à la construction de communautés (lobbies, groupes d’action, manifestations, performances). Pour y parvenir, il convient d’organiser sur des bases pragmatiques une force économique dont l’exemple pourrait être fourni par le mouvement américain prolife. Cette initiative efficace et couronnée de succès a créé une coalition pour la défense de la vie entre les confessions néo-protestantes, catholique, et orthodoxe.

Autre objectif stratégique, réalisable uniquement à long terme, mais lui aussi incontournable : minimaliser notre dépendance vis-à-vis des technologies de l’information. Nous pourrions, en développant notre propre infrastructure, réduire notre exposition à l’influence des géants de la technologie. Pour ce faire, il est, entre autres, nécessaire de construire des réseaux médiatiques internationaux indépendants – un projet dans lequel les Républicains américains pourraient reconnaître leur intérêt. En raison de la politique médiatique des « deux poids, deux mesures si souvent commentée, nous aurions intérêt à créer nos propres plateformes télévisuelles, radiophoniques, de nouveaux réseaux sociaux et autres plateformes en ligne.

Marge de manœuvre de la droite hongroise

A l’heure actuelle, la droite hongroise est en mesure d’exercer une influence à trois niveaux. 1) Le premier est, pour des raisons évidentes, celui de la politique interne hongroise. 2) Le second est celui du Bassin des Carpates, auquel la gauche hongroise, traditionnellement, renonce, tandis que la droite hongroise en accepte la responsabilité, et l’a d’ailleurs inclus dans son champ d’action à compter de 2010. 3) Le troisième niveau, en revanche, est nouveau : la crise des migrants déclenchée en 2015 a placé la droite hongroise sur la carte de l’Europe. Notre pays est alors redevenu – de concert avec ses alliés du centre et du sud de l’Europe – un bastion avancé de la défense de l’Europe. Ce retour inattendu à un rôle du passé nous a cependant aussi ramené des conflits que nous n’avions plus vécus depuis longtemps : au cours de ces dernières années, des différences historico-culturelles enracinées dans un passé séculaire sont remontées à la surface.

En 1989/90, les peuple d’Europe centrale, en se libérant du communisme, ont regagné la possibilité de redevenir partie intégrante de l’Europe. En Occident, en revanche, la fin du XXe siècle a vu s’accomplir les transformations correspondant au modèle de la sécularisation : cette Europe vers laquelle les Hongrois et les Polonais lorgnaient par les interstices du Rideau de fer – cette Europe-là n’existe plus. Après le début du processus de changement de régime, il a encore fallu à peu près deux décennies à ces peuples d’Europe centrale pour le constater avec stupeur : ce qui fait l’essence de l’Europe, cela, c’est l’Europe centrale elle-même qui le conserve – l’Occident n’étant rien d’autre qu’une promesse de bien-être.

Or, au plus tard au début du XXIe siècle, il est devenu évident que l’Occident ne voit pas son intérêt dans l’amélioration du niveau de vie de l’Europe centrale.

La logique de la colonisation reste inchangée : les grandes puissances se refusent à admettre que notre région pourrait avoir ses propres intérêts, cherchent à s’annexer les pays de la région de façon radiale, et à miner la solidarité qui peut nous unir. Cependant, la Hongrie et la Pologne sont attachées aux traditions ancestrales de l’Europe : à l’encontre de la postmodernité et du transhumanisme, elles défendent l’image de l’homme créée par l’antiquité et le christianisme. Subséquemment, on a vu, au cours de la décennie qui vient de prendre fin, émerger un conservatisme centre-européen autonome, qui place toujours sa foi dans ce que l’Occident a même cessé de professer. C’est ce nouveau conservatisme qui s’institutionnalise à l’heure actuelle, en se dotant de ses propres forums.

Pour qu’une alliance politique soit durable, elle doit être basée sur des intérêts communs, mais aussi défendre un certain nombre de valeurs communes. L’alliance magyaro-polonaise, renforcée par des Italiens, se trouve en phase de planification stratégique. L’objectif numéro un est de parvenir à un texte minimal auquel puissent par la suite adhérer d’autres forces de droite. La droite européenne est souverainiste : elle souhaite mettre fin au déficit démocratique croissant de l’Union européenne. On peut s’attendre à ce qu’elle insiste pour réduire la bureaucratie et pour maintenir la validité du principe de subsidiarité. Et, afin de défendre les intérêts des nations autochtones, on peut aussi s’attendre à ce qu’elle fasse preuve d’une radicalité sans précédent dans son opposition à l’immigration sauvage.

En termes de valeurs, les points de tangence possibles sont les suivants : en Europe de l’ouest, alors même que la religiosité traditionnelle a pour l’essentiel cessé d’exister, le christianisme fait toujours partie des fondements culturels de la société. D’un point de vue spirituel, il est donc probable que la nouvelle droite européenne, même si elle ne se déclare pas officiellement chrétienne, fera sien de façon univoque l’enseignement jusnaturaliste du christianisme. C’est sur une telle base qu’elle pourra fonder son adhésion au principe de tradition, à la légitime défense culturelle et à la défense de la vie. À des fins de légitime défense des nations autochtones, elle consacrera des ressources économiques non-négligeables à l’encouragement d’une natalité autochtone et naturelle. Cela soit s’accompagner de la propagation d’un féminisme à caractère conservateur : les systèmes d’enseignement doivent faire l’objet d’une réforme radicale, de façon à rendre les femmes européennes capables de mener la maternité de front, non seulement avec une carrière professionnelle, mais aussi avec l’obtention d’un premier diplôme. On peut supposer que tout cela sera aussi lié à une exigence de simplification du système fiscal, de fiscalité allégée pour les familles et d’imposition du capital financier.

La formation d’une nouvelle communauté politique deviendra possible lorsqu’une volonté politique se sera, pendant des années d’affilée, manifestée de façon unitaire.

Il convient aussi d’organiser une force économique capable de soutenir la droite européenne, dont la survie, sans une telle force, constitue une perspective illusoire. Pour cela, il faut établir des points de contact avec celles des branches de l’industrie dont l’intérêt – y compris financier – est que les États-nations conservent leurs prérogatives aussi bien en termes de politique fiscale que de réglementation des activités économiques. Nous avons besoin de partenaires susceptibles d’accepter de subir des pertes financières à moyen terme pour s’assurer à long terme d’une représentation politique.

Résumé

Le plus clair des élites politiques européennes ne dispose pas d’une pensée autonome, et n’est pas en mesure de poser les problèmes de façon pertinente. Elles importent des produits politiques inventés par les instituts du progressisme américain, mis au point par le système politique américain en cheville avec les médias internationaux et diffusés à l’aide des instruments du soft-power (coopérations scientifiques, ONG, cinématographie et autres plateformes de la culture de masse). Par souci de brièveté, nommons ce phénomène « dérive à gauche ». Si la droite européenne veut survivre, elle doit se doter d’un horizon bien plus large que son horizon actuel. Son regard doit non seulement dépasser les limites de l’Europe, mais même celles du monde occidental. Elle doit s’inspirer de la gigantesque force de création culturelle de la chrétienté orthodoxe, et prendre aussi en compte la pensée conservatrice en provenance d’Amérique du sud. Et ce, tout en se cherchant aussi des alliés politiques sur d’autres continents.

Miklós Pogrányi Lovas

Traduit du hongrois par le Visegrád Post