Article paru dans le Magyar Nemzet le 8 mai 2021.
« La Hongrie approuve les objectifs que fixe le plan d’action discuté à Porto. Le développement permanent de l’emploi, l’efficacité des formations destinées aux adultes et la lutte contre la pauvreté font partie de nos priorités. Ce sommet nous donne l’occasion de faire remarquer – avec la modestie qui s’impose – que le gouvernement hongrois, ayant commencé à poursuivre ces objectifs il y a déjà un certain temps, peut montrer le bon exemple à ses partenaires européens. D’ici à 2030, notre ambition est de devenir l’un des pays européens où l’on vit le mieux – qu’il s’agisse de travailler ou d’élever des enfants » – affirme Judit Varga dans l’entretien qu’elle a confié à Magyar Nemzet. S’exprimant en marge du sommet social de Porto, le ministre hongrois de la Justice a aussi avancé des chiffres à l’appui des réalisations hongroises :
tandis que, à en croire la déclaration commune finale du sommet, l’ambition de l’Union est d’atteindre d’ici à 2030 un taux d’emploi de 78%, la Hongrie est d’ores et déjà aux alentours de 75%.
« Nous avons donc de bonnes raisons de nous montrer ambitieux. En pratique, l’objectif que nous nous sommes fixé, c’est un taux aux alentours de 85% – en d’autres termes : le plein emploi. Même tendance dans le domaine des formations destinées aux adultes – autre domaine dans lequel nous sommes loin au-dessus de la moyenne de l’Union » – souligne-t-elle, avant de faire remarquer que le modèle de société basée sur le travail, tel qu’il a été adopté en Hongrie à partir de 2010, après avoir d’abord fait l’objet des critiques de la Commission européenne, est aujourd’hui salué d’un bout à l’autre du continent pour ses bons résultats. « Quand la société honore le travail, et que le gouvernement laisse autant d’argent que possible dans la poche des salariés, l’économie est susceptible d’un tel bond en avant qu’elle produit d’elle-même des hausses de salaire. Si le salaire minimum hongrois, au cours des dix dernières années, a doublé, cela n’a pas été la conséquence d’une politique imposée d’en haut, mais celle d’une collaboration extrêmement réussie des acteurs socio-économico-culturels. »
Des prérogatives nationales intouchables
Le ministre a aussi rappelé à ce propos que le dosage adéquat doit être trouvé de façon autonome dans chaque État-membre, et que même les traités de l’Union, au chapitre des questions sociales, mentionnent des prérogatives nationales. « Laissons les États-membres décider des instruments au moyen desquels ils souhaitent atteindre leurs objectifs. Concertons-nous sur l’emplacement des bornes, mais ne laissons pas l’UE nous dicter comment les atteindre. Cette opinion n’est d’ailleurs pas uniquement celle de la Hongrie : on trouve des approches semblables, notamment en Europe du nord. Si le modèle social suédois est excellent, c’est aussi parce qu’il est unique, calibré sur mesure pour correspondre aux potentialités de la Suède » – affirme Judit Varga, qui considère que les efforts en vue de déplacer la politique sociale en direction des prérogatives de l’Union viennent surtout des États-membres de l’Europe du sud. Mais, comme elle nous le rappelle,
le sommet de Porto n’a pas pour objet de modifier les traités ou de s’enfoncer dans des disputes idéologiques, mais de mettre en commun l’expérience accumulée par les divers États-membres, et de s’inspirer des expériences réussies.
« Les concertations ne se limitent pas au niveau des chefs d’Etats et de gouvernements, ni même à celui des ministres : on a pris soin de garantir la présence de toutes les parties prenantes – et notamment des partenaires sociaux. La délégation hongroise, comme les autres, passe de réunion bilatérale en réunion bilatérale. Nous avons rencontré le président de l’organisation européenne des PME, aussi bien que des ministres et des commissaires européens. Le personnel de la présidence portugaise de l’UE est maintenant soulagé, après une longue période de travail en ligne. Je pense qu’ils ont bien mérité de pouvoir enfin organiser un événement comme celui-ci, qui nous fasse vibrer et nous inspire ; il est d’ailleurs évident qu’ils ne ménagent pas leurs efforts. Nous sommes tous très contents de pouvoir enfin nous voir en personne. ».
La presse de gauche libérale est de mauvaise foi
Interrogée à propos des commentaires de la presse hongroise de gauche libérale, qui s’est précipitée sur la nouvelle selon laquelle la Hongrie et la Pologne ont émis des réserves quant à l’emploi du mot « genre » dans le document final du sommet, Judit Varga attire une fois de plus notre attention sur le fait que le sommet de Porto n’est pas une joute idéologique, mais une concertation portant sur la crise du Covid et sur les solutions à apporter aux problèmes quotidiens d’hommes et de femmes en chair et en os.
« L’Union à laquelle la Hongrie a adhéré est fondée sur des traités qui affirment à titre de principe fondamental l’égalité entre hommes et femmes. Si l’on examine la situation du point de vue de l’emploi, on verra que le gouvernement hongrois va très loin pour favoriser la réduction de l’écart des salaires. Mais c’est là une intention que nous ne souhaitons pas diluer dans un bain idéologique.
Que ce soit en hongrois ou en anglais, ou dans n’importe quelle langue officielle de l’Union – elle permettent toutes la formulation d’un texte qui reflète la réalité et appelle à la disparition de toutes les formes de discrimination entre hommes et femmes. La Hongrie a fait de nombreuses propositions de formulation en vue de l’adoption d’une déclaration commune, et il ne fait aucun doute que nous parviendrons à un compromis avec les autres États de l’UE. Ce journalisme de gauche libérale me semble être de mauvaise foi. Comme je le disais : il ne faut pas chercher à imposer à tels ou tels pays des positions idéologiques qu’ils n’approuvent pas. De mon point de vue, il est certain que ce problème ne sera pas en mesure de peser sur le succès de la conférence de Porto. »
Tamara Judi
—
Traduit du hongrois par le Visegrád Post