Article paru dans le Magyar Nemzet le 10 juin 2021.
La victoire de Reiner Haseloff marque la défaite d’Angela Merkel et le rejet de sa désastreuse politique
Le 6 juin, les citoyens du Land de Saxe-Anhalt ont élu un nouveau parlement. Avec ses deux millions d’habitants en tout et pour tout, ce Land est le cinquième en partant de la fin dans le classement par population des Etats-membre de la République Fédérale d’Allemagne, qui compte au total 83 millions d’habitants. Du point de vue du PIB par habitant, avec ses 29 000 euros, Saxe-Anhalt est le tout dernier Land du classement ; à titre de comparaison : dans le Land de Hambourg, qui occupe la première place, le PIB par habitant est de 67 000 euros.
La victoire revient sans conteste à l’Union chrétienne-démocrate (CDU), que le Premier ministre du Land, Reiner Haseloff, a conduit à un résultat de 37,1%, d’après un décompte final encore officieux, tandis que la deuxième place reviendrait à l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), avec 20,8%. Vient ensuite, à bonne distance, la liste de Die Linke (11%), puis les sociaux-démocrates du SPD (8,4%), les libéraux du FDP (6,4%) et les Verts (5,9%). La victoire du parti de Merkel en Saxe-Anhalt est due à son candidat local, qui a les deux pieds sur terre : Reiner Haseloff, sans jamais chercher à entrer en conflit avec la ligne de la chancelière, n’a cependant jamais fait mystère de sa propre position.
Avec un Haseloff à la tête de la CDU, l’Allemagne n’aurait pas toléré l’afflux de clandestins qui a commencé en 2015, pas plus que n’aurait eu lieu un virage énergétique très dangereux pour l’économie allemande, ou que n’aurait été adoptée une politique sociale fondée sur l’imposition de la théorie du genre, et par conséquent nuisible pour les familles ; et les médias allemands du secteur public (comme les chaînes ARD et ZDF) ne diffuseraient pas non plus de propagande de rééducation multiculturaliste : un mets dont les allemands de Saxe-Anhalt – et, en même temps qu’eux, de nombreux allemands d’autres Länder – ont eu, en janvier, plus que leur part. Reiner Haseloff fut alors le seul Premier ministre de Land à mettre le holà à la hausse automatique des redevances télévisuelles. En Allemagne, la taxe imposée aux ménages fournit actuellement à l’audio-visuel du secteur public un budget de huit milliards d’euros, qui lui sert à la fabrication d’une propagande à faire pâlir celle de l’époque communiste. Trop d’argent corrompt : c’est vrai dans le domaine des médias comme ailleurs.
Dernièrement, Haseloff s’est fait remarquer par sa critique du système dit de « frein d’urgence fédéral » dans le domaine des mesures sanitaires. Il n’a pas accepté que son Land peu densément peuplé soit soumis aux mêmes restrictions que les mégapoles populeuses. D’où le respect dont il jouit dans la population du Land – que reflètent ces résultats électoraux. De nombreux Allemands trouvent que sa victoire est bien méritée. Il semble que la vieille CDU – ou du moins son ombre – soit encore parmi nous. La question qui se pose maintenant est de savoir comment ces résultats d’un petit Land vont impacter la campagne des législatives de cette année, et donc la politique fédérale allemande qui en découlera.
A la veille de ces élections, les observateurs se demandaient encore à quel point l’AfD sortirait renforcée du scrutin. Les hypothèses alarmistes, selon lesquelles elle s’approcherait des 30%, voire les dépasserait, se sont avérées fausses. Tout laisse penser que la base électorale stable de l’AfD dépasse les 20%, mais que la politique de Haseloff l’a privée de toute marge de croissance. Il est difficile d’imaginer ce parti, fondé sur un vote protestataire, se laisser expulser à court terme des parlements des Länder – tout du moins, tant que le gouvernement fédéral poursuivra ses politiques de casse et de rééducation. On peut espérer que ces résultats électoraux de Saxe-Anhalt contribueront à la mise en sourdine de ces politiques.
Les Verts devront, en tout état de cause, quitter le gouvernement du Land, pour éventuellement céder leur place à la FDP. Subséquemment, non seulement les arbres de l’écologie ne pousseront pas jusqu’au ciel de Saxe-Anhalt, mais la prolifération de l’idéologie verte pourrait subir un coup de frein, du fait de la modification des rapports de force au Bundesrat, chambre haute du Parlement fédéral. On en saura plus sur tout cela le 26 septembre, quand fermeront les bureaux de vote au soir des élections appelées à renouveler le Bundestag. Conformément aux prévisions, les citoyens ont manifesté un clair rejet de Die Linke, du SPD et des Verts. Ceux qui applaudissent des politiques hostiles à leur propre peuple ne seront pas élus. Cela fait, à vrai dire, partie du B-A BA de la politique, mais les idéologues de ces partis – victimes de démence politique – semblent l’avoir oublié.
Dans le cadre de la RDA, l’économie du Land de Saxe-Anhalt était caractérisée par l’extraction du lignite et du schiste cuivreux, par l’industrie chimique et mécanique, l’agriculture et toutes les conséquences environnementales catastrophiques de ces activités – un niveau de pollution qui aujourd’hui caractérise souvent les conditions de vie des habitants de certaines parties de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique du sud. Depuis lors, non seulement l’économie et l’environnement du Land se sont redressés sur les ruines de l’économie dirigée de l’époque communiste, mais ils ont même atteint – en même temps que tout le reste de l’Allemagne – une position enviable à l’échelle mondiale. Nous pouvons, en la matière, citer non sans fierté les industries chimique et pétrolière, l’industrie pharmaceutique, la raffinerie Mitteldeutschland, les sous-traitants de l’industrie automobile, l’industrie mécanique et métallurgique, la recherche etc.. Sans compter une possibilité qu’on imaginait même pas à l’époque de la RDA : sur les sites miniers jadis consacrés à l’extraction du lignite, aujourd’hui de nombreux étangs créent des opportunités touristiques. Que ce soit dans le domaine de l’économie ou du tourisme, la Saxe-Anhalt mérite le détour.
Néanmoins, suite à l’effondrement systémique, il y a plus de trente ans, de l’économie de l’Allemagne de l’Est, et à la période de forte incertitude qui a suivi et dure encore, la population du Land est devenue tout particulièrement sensible aux changements les plus récents, dont les conséquences restent encore difficiles à mesurer. Car, si l’effondrement économique de la RDA et la volonté de restructuration à marche forcée sur laquelle il a débouché restaient logiquement compréhensibles pour les gens, ils se sont ensuite trouvés confrontés à un problème absurde : l’économie sociale de marché suffit amplement à garantir à l’Allemagne la possibilité d’une modernisation de l’économie sans transformation brutale, et sa recherche-développement est en mesure de la situer en tête du classement mondial. Or, que constatent ces gens, à qui on a déjà fait le coup une fois ? Que l’État moderne, dans sa démesure, entreprend de s’auto-asphyxier au nom d’un bien-être supposé du climat mondial.
Cette mentalité verte travaille à la ruine de l’industrie automobile, à la paralysie de l’économie, à obliger l’industrie chimique à s’exiler, et à faire de la science et de la recherche les domestiques de la politique : n’obtient de soutien que celui qui confirme leurs thèses idéologiques. En Allemagne, l’indispensable jeu de la thèse et de l’antithèse a été aspiré par le trou noir zéro émissions de l’idéologie verte. L’Allemagne bat en retraite économiquement, scientifiquement – de sa propre initiative. La Hongrie peut se saisir de cette occasion, en bouchant les trous qui apparaissent. En Allemagne, quiconque sait encore compter et reste capable de remettre des thèses en cause est classé comme appartenant à la droite, ce qui fait qu’il sera tôt ou tard exposé à des accusations calomnieuses de négationnisme ou de nazisme.
De nombreux Verts commencent, certes, à soupçonner que le virage énergétique qu’ils réclament – c’est-à-dire le remplacement total du charbon, du pétrole, du gaz et de l’atome par le solaire et l’éolien – ne sera jamais en mesure de garantir même la couverture des besoins les plus élémentaires ; mais le retour à l’énergie atomique n’en reste pas moins un tabou. Ce tabou a d’ailleurs pour conséquence que la recherche nucléaire allemande – et la supériorité scientifique dont jouissait grâce à elle l’Allemagne dans ce domaine – appartient maintenant au passé. À travers le monde, dans les pays où c’étaient jadis des entreprises allemandes qui construisaient des centrales nucléaires, maintenant, ce sont des Russes, des Chinois et des Français qui le font. C’est ainsi que nous arrivons, à notre tour, au ras des pâquerettes. Dans ce domaine comme dans d’autres, on ne peut que recommander aux Hongrois de bien étudier les erreurs à base idéologique que l’Allemagne commet, de façon à se rendre capable de les éviter.
« Conformément aux prévisions, les citoyens ont manifesté un clair rejet de Die Linke, du SPD et des Verts. Ceux qui applaudissent des politiques hostiles à leur propre peuple ne seront pas élus. Cela fait, à vrai dire, partie du B-A BA de la politique, mais les idéologues de ces partis semblent l’avoir oublié. »
La leçon des élections en Saxe-Anhalt, c’est donc que :
- Quiconque aura une action politique au service des intérêt de la population sera en mesure de gagner des élections.
- L’idéologie du gauchisme vert n’est pas en mesure de former des majorités. Même en additionnant les voix des Verts, du SPD et de Die Linke, on reste aux alentours des 25%, et la tendance n’est clairement pas optimiste.
- Le bavarois Markus Söder (CSU) est maintenant définitivement exclu de la course pour devenir le candidat à la chancellerie des partis d’union chrétiens (CDU/CSU). Seule une défaite de la CDU aurait pu lui garantir une tribune susceptible de faire entendre sa voix.
- La victoire de Reiner Haseloff marque la défaite d’Angela Merkel et le rejet de sa désastreuse politique. Au cours de la campagne, Haseloff a prudemment renoncé à l’appui de la chancelière – étant donné que son objectif était de gagner, pas de prendre une raclée.
Que signifie tout cela pour la Hongrie ? À cette question, il ne sera pas possible d’apporter une réponse sur le fond avant les élections au Bundestag. Jusqu’au 26 septembre, tous les partis produiront des interprétations aberrantes et abusives des relations germano-hongroises. Si le nouveau gouvernement fédéral devait être constitué sous la direction d’Armin Laschet, la Hongrie pourrait espérer disposer d’un partenaire plus fiable. Or, même à défaut de mieux, la fiabilité est en soi précieuse.
Gunter Weissgerber
Ancien député du SPD au Parlement de Saxe (1990-2005)
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Traduit du hongrois par le Visegrád Post