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La Lex-TVN adoptée par le Sejm en première lecture

Temps de lecture : 3 minutes

Pologne – Ladite « Lex-TVN » a été adoptée ce mercredi 11 août en première lecture par le Sejm, la chambre basse du parlement polonais. 228 députés ont voté pour tandis que 216 ont voté contre et dix se sont abstenus.

Une « atteinte à la liberté d’expression » selon l’opposition

L’opposition considère que cette loi – qui instituerait que les entreprises ne pourraient désormais obtenir une autorisation d’émission en Pologne que si elles ne dépendent pas d’une entité juridique dont le siège est en dehors de l’Espace économique européen (EEE) et entraînerait notamment le non-renouvellement de la licence de la chaîne TVN24, détenue par des capitaux américains (Discovery Inc.) et proche de l’opposition – est une atteinte à la liberté d’expression et à l’indépendance des médias.

Gowin : « Violation de la liberté de la presse »

Bien que pour obtenir force de loi, ce texte doive encore passer par le Sénat – où l’opposition est majoritaire, mais c’est le Sejm qui aura le dernier mot –, cette adoption en première lecture par le Sejm a provoqué l’ire de l’opposition libérale rejointe pour l’occasion par le président du parti Porozumienie, Jarosław Gowin, dont le parti vient de quitter la coalition gouvernementale suite au limogeage de Gowin de son poste de vice-Premier ministre en raison de profondes divergences au sujet de la mise en œuvre du nouveau programme économique « Ordre polonais », qui a déclaré considérer que ladite Lex-TVN « viole clairement le principe de la liberté de la presse ». Le centriste et candidat malheureux à la dernière présidentielle Szymon Hołownia (Polska 2050) a estimé pour sa part que

« Le PiS et ses collaborateurs ont détruit la liberté d’expression en Pologne, notre sécurité économique et notre sécurité géopolitique ». 

Une petite manifestation de protestation – néanmoins assez agitée – a alors eu lieu devant l’immeuble abritant le Sejm au cours de laquelle certains manifestants ont pris à parti le député Dobromir Sośnierz (Konfederacja) – alors même que les députés de ce groupe n’ont pas soutenu la proposition de loi soutenue par le gouvernement Morawiecki mais se sont abstenus… –, une agression saluée dans un premier temps par le député libéral Marzena Okła-Drewnowicz (PO) :

« La Nation s’est entretenue avec le député Sośnierz », 

rétropédalant cependant peu après en supprimant son Tweet après avoir été interpellée à ce sujet par Radosław Fogiel, vice-président du PiS, tandis que le Premier ministre Mateusz Morawiecki condamnait fermement l’agression dont le député Sośnierz avait fait l’objet :

« Il y a eu une attaque physique contre le député Dobromir Sośnierz. Un tel comportement est scandaleux et extrêmement préjudiciable à la société. Toute la classe politique devrait condamner un tel comportement ».

Les États-Unis très troublés

L’adoption de ce texte par le Sejm a aussi suscité… une réaction officielle des États-Unis. Ainsi, le ministre américain des Affaires étrangères, Antony Blinken, a déclaré être « très troublé » par une loi qui pourrait affecter TVN, « la chaîne d’information indépendante la plus regardée et l’un des plus gros investissements américains dans le pays [et] affaiblirait considérablement l’environnement médiatique que les Polonais ont construit depuis si longtemps […] Des médias libres et indépendants renforcent nos démocraties, rendent l’alliance transatlantique plus résiliente et sont essentiels à nos relations bilatérales […]

Ces actes législatifs vont à l’encontre des principes et valeurs sur lesquels sont bâtis les États modernes et démocratiques. Nous exhortons le gouvernement polonais à démontrer son attachement à ces principes communs non seulement en paroles mais aussi en actes ».

Des conséquences sur les relations bilatérales

De son côté, le chargé d’affaires de l’ambassade américaine en Pologne, Bix Aliu, a également réagi via Twitter :

« Les États-Unis sont déçus de […] la loi affaiblissant la liberté des médias en Pologne. L’alliance transatlantique est fondée sur des valeurs communes, et des valeurs communes signifient une sécurité commune ».

Selon le correspondant à Washington de TVN24, le vote du Sejm « aura des conséquences sur les relations bilatérales » entre les États-Unis et la Pologne.