Lituanie – Après avoir autorisé l’entrée sur son territoire de 4000 clandestins en provenance de Biélorussie, le gouvernement de Vilnius, comprenant son erreur, est en train de revenir sur terre.
Jusqu’à présent, tout va bien : la Lituanie a rejeté la totalité (100%) des demandes d’asile politique soumises sur son territoire par des sans-papiers.
Mais il leur reste à relever deux défis de taille :
1. Rejeter des demandes d’asile, c’est relativement facile – de là à obtenir un départ effectif des sans-papiers, c’est une autre paire de manches.
Bien entendu, la stratégie du rapatriement « volontaire » ne conduit pas à grand-chose. Penser que des clandestins vont repartir de leur propre initiative est une absurdité.
Evelina Gudzinskaite, Directrice du Département de l’Immigration au sein du ministère lituanien de l’Intérieur, a déclaré que les sans-papiers se voient proposer la possibilité d’un rapatriement librement consenti – avec, à titre de mesures incitatives, un versement de 300€ en liquide et des billets d’avion payés par le gouvernement lituanien.
Sans grande surprise : l’offre lituanienne n’a jusqu’ici débouché que sur quelques acceptations sporadiques. Le premier « qui a décidé » de monter dans un avion pour rentrer chez lui est un citoyen du Cameroun que la Lituanie a reconduit le 2 août. Un premier irakien sans-papiers a été expulsé quelques jours plus tard – mais c’est une goutte d’eau dans la mer.
4 000 sans-papiers ont déjà pénétré en Lituanie. Depuis quand les reconductions sont-elles censées se faire avec l’assentiment des concernés ?
Récemment, la Lituanie (et non l’UE, comme on essaie de le faire croire à Bruxelles) a réussi à considérablement réduire le flux des entrées, en prenant – certes, un peu tard– la décision de procéder à des refoulements immédiats, avant que des procédures ne puissent être engagées.
La Lituanie, cependant, fait elle aussi preuve de faiblesse en cherchant à obtenir l’approbation de tierces parties avant de procéder à des reconductions. Elle devrait tout au plus prévenir le gouvernement irakien qu’elle s’apprête à lui réexpédier à titre grâcieux un grand nombre de ses citoyens. Les sans-papiers n’ont aucune décision à prendre concernant leur reconduction. Et la Lituanie aura bien le temps, plus tard, de répondre aux questions de Bruxelles et de l’ONU.
2. Jusqu’ici, les chiffres sont insignifiants. Sur quelques 1 500 sans-papiers en tout qui ont déposé une demande d’asile, seules 200 demandes ont jusqu’ici débouché sur une décision définitive – si bien que le récit en circulation induit plutôt en erreur.
Quoi qu’il en soit, le score actuel, de 100% de rejets, est un résultat dont on ne peut que se féliciter. Mais il reste encore des milliers de dossiers à traiter, et nombreux sont ceux qui craignent que l’UE ne s’apprête à soumettre la Lituanie à un regain de pressions pour l’amener à accorder plus facilement l’asile.
La suédoise Ylva (ministre de l’immigration de l’UE) est déjà en train d’envoyer de grosses sommes, prélevées sur le budget de l’UE, pour le financement de « centres de réception » et de l’assistance aux demandeurs d’asile.
De plus, des précédents en provenance des quatre coins de l’UE montrent que le plus souvent, les décisions de rejet ne débouchent pas sur des reconductions.
En réalité, en 2020, le quotient moyen de reconductions sur l’ensemble des dossiers rejetés dans l’UE n’a été que de 18%. Ce qui signifie que 82% de ceux qu’on a prié de bien vouloir quitter l’UE sont toujours sur son territoire.
Les refoulements immédiats sont bien plus efficaces …et tellement moins chers !
Espérons que la Lituanie ne fera pas comme l’Allemagne ou l’Autriche. Quand vous récompensez les migrants pour être entrés clandestinement en leur permettant de rester… il ne faut pas vous étonner d’en voir toujours plus frapper à votre porte par la suite.
Le mieux que puisse faire la Lituanie, c’est de tenir l’UE à distance de cette affaire, tout en faisant ce qu’il convient de faire, dans son propre intérêt – et dans celui de l’Europe.