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L’épiscopat polonais, la CEDH, l’ONU et la Grève des femmes volent au secours des migrants

Temps de lecture : 3 minutes

Pologne – Tandis que les gardes-frontières biélorusses rabattent sur les frontières polonaise et lettone les migrants – essentiellement irakiens mais aussi afghans – que la Lituanie n’est désormais plus disposée à laisser passer sur son territoire et que le gouvernement de Mateusz Morawiecki, soutenu par l’opinion publique polonaise, emboîte le pas aux Lituaniens, une coalition hétéroclite alliant l’Église catholique, la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH), l’ONU et même les extrémistes féministes de la « Grève des femmes » plaident pour ouvrir la frontière polonaise aux migrants bloqués dans le no man’s land.

« L’hospitalité envers les étrangers est l’un des déterminants de notre foi »

Ce lundi 23 août, la Conférence épiscopale polonaise a en effet pris position au sujet des migrants proche-orientaux venant de Biélorussie en critiquant la fermeture de la frontière : « L’hospitalité envers les étrangers est l’un des déterminants de notre foi », explique ainsi Mgr. Krzysztof Zadarko, évêque auxiliaire de Koszalin-Kołobrzeg (Poméranie) et président du Conseil de la Conférence épiscopale polonaise pour les Migrations, le Tourisme et les Pèlerinages – à contre-courant de l’opinion publique polonaise – à contre-courant de l’opinion publique polonaise –, « alimenter le ressentiment et l’hostilité envers les nouveaux arrivants qui se retrouvent dans une situation dramatique est un acte indigne» tout en reconnaissant cependant une « préoccupation compréhensible pour nos propres citoyens ».

« L’indifférence n’est pas une attitude authentiquement chrétienne […il faut] aider ceux qui sont dans le besoin, en assumant la mission du Bon Samaritain […] nous sommes certains que les personnes chargées de faire respecter la loi respecteront pleinement les obligations internationales envers les personnes en quête de protection

[…] Induire la peur des autres est inhumain et antichrétien. Nos ancêtres étaient des émigrés et des réfugiés pendant les partitions, pendant la Seconde Guerre mondiale et à l’époque du communisme. Ils ont bénéficié de l’aide de personnes d’autres cultures et religions. Refuser aux nouveaux arrivants leurs droits fondamentaux, c’est se détourner de sa propre histoire et renier notre héritage chrétien ».

Pour la CEDH, la Pologne doit porter secours aux migrants – or Minsk refuse

Deux jours plus tard, le mercredi 25 août, la Cour européenne des Droits de l’Homme siégeant à Strasbourg, a très officiellement appelé la Pologne et la Lettonie à fournir

« de la nourriture, de l’eau, des vêtements, des soins médicaux adéquats et, si possible, un abri temporaire »

à ces migrants bloqués depuis plus de deux semaines en territoire biélorusse entre gardes-frontières polonais ou lettons d’un côté et biélorusses de l’autre, tout en reconnaissant cependant que rien n’oblige « la Pologne ou la Lettonie à laisser les requérants entrer sur leur territoire ». De ce point de vue, les autorités polonaises se sont déclarées prêtes à apporter de l’aide à un groupe de 32 migrants sur le territoire biélorusse près du village polonais d’Usnarz Gorny (voïvodie de Podlachie – nord-ouest de la Pologne), mais arguent, comme le vice-ministre de l’Intérieur, Maciej Wąsik l’a déclaré sur Twitter, que ce sont les autorités biélorusses qui s’y refusent. Or, la Biélorussie n’étant pas signataire de la Convention européenne des Droits de l’Homme, les recommandations de la CEDH ne la concernent pas.

« Les États doivent respecter le droit de demander l’asile » 

Ce jeudi, la représentante en Pologne de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Christine Goyer, a de son côté appelé « les autorités polonaises à

fournir un accès au territoire, une assistance médicale immédiate, des conseils juridiques et un soutien psychologique à ces personnes […] Les États ont le droit légitime de gérer leurs frontières conformément au droit international [mais] ils doivent également respecter les droits de l’homme, y compris le droit de demander l’asile ».

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a sur ce dernier point répondu que lesdits réfugiés pouvaient très bien, au besoin, demander l’asile auprès de la Biélorussie.

Marta Lempart dénonce « la cruauté du système polonais »

Ce faisant, les migrants afghans et irakiens ont également obtenu le soutien de l’extrême-gauche polonaise, dont en l’occurrence le fameux mouvement féministe radical « Grève des femmes » de l’activiste Marta Lempart qui s’est rendue sur place, dénonçant que le

« gouvernement du PiS maintienne [les migrants] dans un état d’épuisement extrême, les coupant du moindre secours ».

L’opinion soutient l’action du gouvernement 

Selon un récent sondage réalisé par l’institut IBRiS pour Polsat News et cité par le portail Notes from Poland, 55% des Polonais se déclarent opposés à ce que la Pologne accueille ces groupes de migrants, contre 38% qui sont d’un avis contraire. De même 47% (contre 44%) approuvent le projet du gouvernement polonais de construire une clôture anti-migrants de 2,50 mètres de hauteur sur la frontière biélorusse, comme la Lituanie a déjà entrepris de le faire de son côté et semblable à ce que la Hongrie a mis en place il y a quelques années à sa frontière sud.