Italie – Mario Draghi critique maintenant les États-nations européens qui ne veulent pas accueillir de nouveaux contingents d’afghans. Draghi s’est-il rendu en Autriche ou en Grèce – pays qui ont tous deux fait l’expérience d’un afflux massif d’afghans – pour découvrir les raisons qui poussent ces pays à ne plus en vouloir ?
La Lega de Matteo Salvini, qui fait malheureusement partie de ce gouvernement, a choisi de jouer le rôle de l’opposition contrôlée, tout comme, en Allemagne, la CSU alliée à Merkel.
Quel a été le résultat de l’immigration de masse en Allemagne ?
La Lega devrait avoir honte de continuer à soutenir ce gouvernement, dont le bilan pourrait bien être pire encore que celui du régime précédent.
Comparé aux chiffres de l’année dernière, le nombre d’immigrés arrivés illégalement depuis la Tunisie et la Libye a « doublé » au cours des huit premiers mois de l’année. Pour le seul mois d’août, on dénombre plus de 10 000 arrivées d’immigrés clandestins.
Cet inexcusable laisser-aller aux frontières de l’Italie dure déjà depuis des années – à l’exception de l’année 2019, quand Salvini était ministre de l’Intérieur.
La situation a empiré sous le gouvernement d’unité nationale de Draghi, si bien qu’il est tout à fait ahurissant que la Lega persiste à le soutenir.
Ayant d’abord feint d’ignorer la crise, Salvini s’est finalement mis à protester plus vigoureusement contre la politique démente du gouvernement en matière d’entrée sur le territoire, mais en choisissant de concentrer ses attaques sur le ministre de l’Intérieur, femme de peu de poids comparé au « Boss Draghi », auquel elle doit de toute façon sa nomination. Il s’agit là d’une échappatoire facile (se concentrer uniquement sur la gauche), peu susceptible de changer la donne en Italie.
De plus, les faits étant têtus, Salvini fait bel et bien partie de ce gouvernement de coalition. Depuis le début, il connaît parfaitement le positionnement du ministre de l’Intérieur nommé par Draghi, et rien ne l’empêche de quitter le gouvernement en cas de désaccord en matière de politique migratoire. Au moins dans ce domaine, la Lega ne semble pas peser lourd face à Draghi.
Mais on aurait tort de tirer définitivement un trait sur Salvini ; la droite a besoin de « l’ancien » Salvini. À la décharge du « Salvini de 2019 », son bilan montre clairement qu’il a été le meilleur ministre de l’Intérieur d’Italie… et d’Europe.
Malgré de sérieux désaccords quant à ses choix les plus récents, l’auteur de ces lignes se sent obligé de souligner qu’en 2019, Salvini a été lâché par nombre de leaders soi-disant anti-immigrationnistes (Sebastian Kurz, Andrej Babiš, etc.), trop occupés à faire du pied aux partis de l’establishment et à la Commission Von der Leyen issue des élections de 2019.
En 2019, Salvini a bel et bien pris la décision de fermer les ports, et a dû essuyer des attaques venant de tous côtés… en plus de devoir batailler avec la France, l’Allemagne et l’establishment de l’UE. Que Salvini se soit alors senti affaibli par un manque de soutien dans son propre camp, on ne peut pas l’affirmer avec certitude. Toujours est-il que, de la part des nationaux-conservateurs dans l’ensemble des pays du bloc, ce fut là une erreur colossale et une occasion manquée.
Bien qu’on ne puisse pas changer le passé, le combat doit continuer. Il serait profitable à l’ensemble des forces de droite que Salvini cesse d’écouter les conseils des éminences grises de la Lega (parti qui était inexistant sur la scène politique nationale avant l’adoption d’une attitude intransigeante en matière d’immigration) et qu’il finisse par revenir au poste de ministre de l’Intérieur… mais cette fois, dans un gouvernement dirigé par Giorgia Meloni.
La stratégie de la Lega consistant à calmer le jeu avec l’establishment de l’UE se retourne contre elle, comme le montre sa chute vertigineuse et brutale dans les sondages. Depuis son pic de popularité de 2019 (quand Salvini et la Lega, bousculant l’establishment, ont facilement gagné les élections européennes de 2019) la Lega a chuté de presque 50% dans les sondages.
Quelle stratégie !
Le fils prodigue doit rentrer au bercail. L’Italie et l’Europe ont besoin du Salvini de 2019.