Hongrie – Alors que l’Europe fait face à une nouvelle vague de propagation du coronavirus et que la plupart des pays, dont la Hongrie et ses voisins, renforcent progressivement leurs mesures sanitaires visant notamment à acculer de nombreux citoyens à la vaccination contre leur gré sans pour autant la rendre officiellement obligatoire, une centaine d’intellectuels hongrois viennent de lancer un appel en faveur d’un « véritable dialogue » au sujet de la gestion de l’épidémie. Cet appel a notamment été signé par la journaliste hongroise Bea Bakó, dont nous avions publié un article en janvier 2021 (« Le confinement a été l’expérimentation à échelle mondiale de 2020 — celle de 2021 sera la vaccination »).
Une épidémie mal gérée peut causer de graves dommages
Cette centaine de personnalités hongroises de différents horizons – chercheurs, médecins, sociologues, juristes, journalistes et artistes – déclarent d’emblée que « la question la plus importante pour 2020-21, et peut-être pour les années et décennies à venir, est de savoir dans quelle mesure les réponses à l’épidémie ont été efficaces, justifiées et appropriées.
Une maladie peut être dangereuse, mais une épidémie mal gérée peut causer des dommages fondamentaux et, dans de nombreux cas, irréversibles à la société dans son ensemble ».
Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils remettent un certain nombre de pendules à l’heure : « Nous ne nions pas l’existence d’une épidémie. Mais la gravité de ce problème et les mesures qu’il requiert ne sont pas seulement une question à débattre – elles devraient faire l’objet d’un débat public permanent. Nous croyons à la discussion, au débat argumenté.
Personne n’est le seul détenteur de la vérité. La révélation, qui ne tolère pas la contradiction, n’est pas non plus la voix de la science, mais celle des cultes.
Des règles imposées sans persuasion
Les mesures prises au cours des 18 derniers mois ont eu un effet infantilisant inquiétant. Elles détournent les gens de la responsabilité individuelle
et de l’action consciente pour les diriger vers une sorte de comportement de mineur : un monde où les règles doivent être respectées sans persuasion ni conviction, où un ‘bon comportement’ est requis, et où on promet – également en infantilisant la population – que ceux qui ‘se comportent bien’ seront en sécurité. Ce n’est pas le monde dans lequel nous voulons vivre.
Un abus de la notion de morale
L’étalage permanent de la moralité individuelle donne l’impression que le débat sur la gestion de l’épidémie de Covid est une bataille entre ‘bons’ et ‘mauvais’, ‘responsables’ et ‘irresponsables’, noyant le discours public dans une moralisation puérile et impétueuse à un moment où nous devrions nous battre pour trouver des réponses complexes à des questions sociales complexes. »
La gestion de l’épidémie fait aussi des victimes
Ils rappellent, à qui l’oublierait ou ne voudrait pas le voir, qu’ « il y a des victimes non seulement de l’épidémie, mais aussi de la gestion de l’épidémie » :
« À de nombreuses reprises, nous avons entendu que toute action est justifiée parce que des vies humaines sont en jeu. Mais c’est ignorer le fait que l’impact de toute mesure restrictive peut également être exprimé en années et en vies humaines.
Au-delà des effets économiques déprimants, les couvre-feux et la fermeture des institutions ont entraîné des problèmes de santé mentale graves et massifs ».
« Arrêtez la guerre civile intellectuelle ! »
En conséquence, ils demandent de mettre fin à ce qu’ils appellent une « guerre civile intellectuelle » :
« Nous sommes à un moment dangereux, où les débats sans fin sur la gestion des maladies menacent de provoquer la désintégration totale de la communauté politique, de la société.
Ceux qui sont d’ ‘un côté’ ne comprennent même pas ce que ‘l’autre’ ne comprend pas. Pourtant, nous ne sommes ni meilleurs ni pires en raison de ce que nous pensons de la gestion des maladies. Ignorer cela crée une situation qui ne convient pas à la coexistence et à la coopération humaines.
Depuis un an et demi, nous avons entendu de nombreuses prédictions, prévisions et mesures prévues qui ne se sont pas concrétisées. Il est bien sûr possible de tirer des conclusions erronées à partir d’informations en temps réel, mais un dialogue honnête et objectif ne peut être facilité que s’il y a un retour d’information, si l’on dit que ces prédictions erronées l’ont été, et si l’on n’alimente pas l’alarmisme. La responsabilité de la presse est particulièrement importante ici.
Nous croyons en la science, mais la science n’est pas infaillible. Avant tout, il ne s’agit pas d’une religion.
[…] Il y a un an, les scientifiques affirmaient que le vaccin à venir résoudrait tout, mais aujourd’hui ils plaident pour une troisième, voire une quatrième, vaccination ».
Ils appellent enfin à « n’adopter que des restrictions nécessaires et proportionnées » :
« Les mesures restrictives doivent être prises dans le cadre de l’État de droit [et] seules les restrictions inévitables et proportionnelles au niveau de risque pour la santé [doivent être] imposées » pour ne pas se résigner « à un monde à jamais figé dans un état de péril ».